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Hanami à Madrid : où admirer les cerisiers en fleurs dans la capitale ?

Chaque printemps, le Japon se pare de rose et de blanc à l’occasion du hanami, l’art de contempler les cerisiers en fleurs. Si l’archipel nippon en est la référence absolue, Madrid offre, elle aussi, quelques coins de poésie printanière. Voici où aller pour savourer cette parenthèse fleurie, sans quitter la capitale.

cerisiers en fleurs au printempscerisiers en fleurs au printemps
Ramon Karolan, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 23 avril 2025, mis à jour le 25 avril 2025

Sous les fleurs de cerisiers personne n’est un parfait étranger. 

—Issa Kobayashi

Quinta de los Molinos : le temple du hanami madrilène

Qui a dit qu’il fallait sauter dans un avion pour goûter à la poésie d’un printemps japonais ? À deux stations de métro de la ligne 5, dans le quartier d’El Salvador, la Quinta de los Molinos se transforme chaque année en petit Kyoto ibérique. Dès la mi-février, les amandiers laissent apparaître leurs premiers bourgeons, suivis par les cerisiers, dans une chorégraphie florale digne d’un jardin zen.

Avec plus de 6.000 arbres fruitiers, le parc ne fait pas les choses à moitié : ses allées se parent d’un rose cotonneux, les pétales voltigent comme dans un film de Miyazaki, et l’air se gorge d’un parfum sucré à faire fondre les plus pressés des Madrilènes. 

Très instagrammable — et donc très fréquenté le week-end — le lieu retrouve son âme contemplative en semaine, ou aux premières lueurs du jour. Petit conseil : venez tôt, et laissez-vous charmer par ce doux parfum printanier.

Le hanami, une tradition millénaire : né au Japon à l’époque Nara (VIIIe siècle), le hanami (花見) – littéralement “regarder les fleurs” – était à l’origine réservé à l’élite impériale qui contemplait la floraison des pruniers. Ce n’est qu’à partir de l’époque Heian (794-1185) que les cerisiers (sakura) deviennent le symbole principal de cette tradition, associée à la beauté éphémère et à la poésie de l’instant. Symbole du cycle de la vie et de l’impermanence (mono no aware), le hanami reste un rituel ancré dans la culture japonaise. Aujourd’hui encore, des millions de Japonais se réunissent chaque printemps dans les parcs pour pique-niquer sous les arbres en fleurs, dans une ambiance conviviale et festive. 

 

 

El Retiro : l’élégance discrète des cerisiers en fleurs

Moins spectaculaire, le parc du Retiro joue la carte du charme discret. Quelques cerisiers japonais — près de la roseraie ou du Palais de Cristal — s’intègrent harmonieusement aux sculptures, aux fontaines et aux larges pelouses du parc.

 

 

lac dans le parc du retiro à madrid
Karabo Photo, Pexels.

 

 

Pas de forêt rose bonbon, mais des touches de fleurs délicatement disséminées, comme un clin d’œil botanique entre deux statues. L’ambiance ? Romantique à souhait, surtout au coucher du soleil, quand la lumière dorée fait danser les pétales et que l’on se surprend à ralentir le pas, pour le plaisir des yeux. 

 

 

 

Les lieux les plus instagrammables de Madrid

 


 

Le Real jardín Botánico : silence, ça fleurit !

À deux battements d’ailes du Prado, un autre musée s’épanouit au rythme des saisons : le Real Jardín Botánico. Ce jardin historique cultive plusieurs variétés de sakura, accompagnées de petits panneaux explicatifs qui raviront les curieux. 

 

 

Un hanami qui se vit en silence, entre deux haies taillées au cordeau. Point de foule ni de fête, juste un jardin tiré à quatre épingles où le printemps prend des allures de confidence. Quatre euros l’entrée, pour tutoyer l’éphémère avec élégance : qui dit mieux ?


 

 

Madrid Río et Arganzuela : une touche printanière au fil de l’eau

Cap vers l’ouest. Là où Madrid s’ouvre, s’aère, et laisse le fleuve Manzanares redessiner son paysage. Le hanami s’égrène au fil des pas, comme une récompense pour ceux qui prennent le temps de regarder. 

 

 

À Madrid Río, le béton dialogue avec la verdure, les enfants slaloment entre les jets d’eau, et au détour d’un virage, un cerisier — ou deux, parfois plus — se révèle en une épiphanie urbaine. Et si vous arrivez jusqu’à l’Invernadero de Arganzuela, n’oubliez pas de lever les yeux : la poésie pousse là où on ne l’attend pas.

 


 

En dehors des sentiers battus : campus et jardins secrets

À Madrid, il y a des cerisiers que personne ne photographie. Les campus universitaires de la Complutense ou de la Polytechnique abritent quelques-uns de ces trésors silencieux. Des allées bordées d’amandiers, des pelouses où s’invitent, dès mars, quelques branches poudrées de rose. Aucun panneau, aucun attroupement. Juste des étudiants pressés, des bancs solitaires, et parfois, un cerisier qui fleurit pour lui-même. Le genre de moment qui ne se répertorie pas dans les guides mais se grave, pour toujours, dans nos mémoires.



 

Nos conseils pour un hanami réussi à Madrid

 

  • Quand y aller ? La floraison varie d’une année à l’autre, mais elle atteint généralement son apogée vers la mi-avril. À noter que certaines variétés, comme les amandiers, fleurissent dès février.
     
  • Évitez les heures de pointe : privilégiez les matinées en semaine pour profiter du calme et de la lumière douce.
     
  • Préparez un pique-nique printanier : emportez une nappe, quelques douceurs sucrées ou salées, une thermos de thé vert… et votre appareil photo.
     
  • Respectez la nature : ne cueillez pas les fleurs, ne grimpez pas aux arbres, et laissez les lieux aussi propres que vous les avez trouvés.
     

 

Envie de prolonger l’expérience ?

Le hanami ne se limite pas aux parcs, et la culture japonaise est très présente à Madrid.

Pour les esprits contemplatifs, la Casa Asia propose expositions, projections et ateliers qui sentent bon le raffinement japonais : calligraphie, ikebana, cérémonies du thé… Côté papilles, plusieurs restaurants japonais s’amusent à faire danser les saisons dans vos assiettes : chez Kappo, Umiko ou Miyama, on revisite les classiques avec des touches fleuries — mochi au parfum de cerisier, wagashi délicats, et menus qui chantent le printemps ! Pour les passionnés, le Japan Weekend Madrid (généralement en février ou septembre) est aussi l’occasion d’approfondir sa découverte de l’archipel.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez un cerisier en fleurs à Madrid, laissez derrière vous la to-do list, les messages non lus, les pensées en boucle. Le hanami n’est pas une activité, c’est une mue silencieuse. Une invitation à déposer hier sur le bas-côté, et à renaître, juste là, sous les premières fleurs de l’instant.

けふまでの日はけふ捨てて初桜
Kefumadeno / Kefuhasutete / Hatsuzakura
“Le jour où aujourd’hui est abandonné, et où la première fleur de cerisier s’épanouit.”
— Kagano Chiyojo

Un haïku pour se souvenir que chaque printemps mérite une page blanche — et qu’il suffit parfois d’une fleur pour changer d’état d’âme.