Édition internationale

Dans les rues de Barcelone, la guerre aux déchets est déclarée

Poubelles autocompactantes, contrôles renforcés et sanctions exemplaires : la capitale catalane lance une vaste offensive pour restaurer la propreté urbaine et réguler l’impact du tourisme de masse, alors que débute la haute saison.

tas de déchets en pile à coté d'un mur blanc à barcelonetas de déchets en pile à coté d'un mur blanc à barcelone
Markus Spiske, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 24 avril 2025, mis à jour le 25 avril 2025

Barcelone ne veut plus être débordée par les déchets. Confrontée à une forte densité touristique et à des comportements inciviques persistants, la mairie passe à l’action avec une stratégie musclée. Au programme : technologie, pédagogie et répression. Avec un seul objectif en ligne de mire : redonner de l’ordre à l’espace public sans compromettre l’accueil des visiteurs.

 

Jusqu’à 600 € d’amende pour un sac mal jeté près de la Sagrada Familia

Première mesure visible : l’installation de dix poubelles autocompactantes autour de la Sagrada Familia. Ces équipements intelligents, capables de stocker davantage de déchets et de signaler leur niveau de remplissage, visent à fluidifier la gestion des ordures dans les zones à forte affluence.

Mais elles ont aussi une mission dissuasive. Tout dépôt hors conteneur ou non-respect des consignes sera sanctionné d’une amende allant jusqu’à 600 euros. Une nouveauté qui marque un tournant dans la politique municipale.

Ces dispositifs font partie du Plan Endreça, feuille de route de la mairie pour la période 2024-2027, dotée de 15,4 millions d’euros, et du Plan EGA (Espaces à Grande Affluence), destiné à mieux gérer les zones saturées de la ville.

 

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Tolérance zéro contre les incivilités à Barcelone

La Guardia Urbana est désormais autorisée à verbaliser immédiatement les infractions : sacs posés à côté des poubelles, dépôts d’encombrants sans autorisation ou en dehors des horaires prévus, etc. Et la tâche est immense : selon des données fournies à CatalunyaPress, plus de 133.000 comportements inciviques ont déjà été signalés depuis le début de l’année.

Barcelone entend ainsi envoyer un signal clair : l’espace public n’est pas un lieu sans règles. Et cette fois, le non-respect aura un coût.

 

Raval, Gòtic, Ciutat Vella en première ligne

La campagne s’intensifie dans les quartiers les plus touchés : Raval, Gòtic, Sant Pere, Santa Caterina i la Ribera. Des agents de sensibilisation circuleront dans les rues pour informer habitants et commerçants. Mais au-delà des avertissements, les sanctions s’appliqueront rapidement. Les déchets mal jetés seront marqués d’un autocollant indiquant le montant de l’amende encourue, une manière de responsabiliser les contrevenants.

Dans certains quartiers comme le Raval, la situation est devenue explosive. Des habitants ont accroché des banderoles appelant au civisme sur leurs façades et organisé des rondes citoyennes pour surveiller les incivilités nocturnes.  Albert Batlle, adjoint à la sécurité et responsable de Ciutat Vella, assure que la mairie prend ces revendications au sérieux : “Pendant deux semaines, la priorité sera la pédagogie. Mais les agents sont déjà habilités à sanctionner les comportements les plus graves.”

Au-delà de la seule propreté, la mairie affirme vouloir rééquilibrer les usages de l’espace public entre touristes et habitants. Avec 37 mesures prévues dans les zones à forte pression urbaine, le Plan EGA se veut un modèle de gestion durable de la ville. “Nous devons garantir la qualité de vie des Barcelonais sans renoncer à l’attractivité de la ville”, souligne une porte-parole municipale. Autrement dit : Barcelone veut continuer d’accueillir, mais avec des règles claires, et appliquées.