Le marché immobilier continue de battre tous les records en Espagne : avec une augmentation de 8,7% au troisième trimestre 2024, le prix moyen du mètre carré atteint désormais 2.182 euros, selon la plateforme de location et vente de biens Idealista. Une tendance qui inquiète les nouveaux acheteurs. Décryptage.
À Malaga, les affiches "à vendre" ne tiennent jamais bien longtemps. À peine accrochées, elles disparaissent aussi vite que les opportunités d’achat. Comme dans tant d’autres villes d’Espagne, les prix de l’immobilier flambent, et la demande dépasse largement l’offre. Ici, le mètre carré se monnaie cher : chaque nouvel acheteur doit rivaliser d’audace (et de budget) pour décrocher une parcelle de sol andalou. Les propriétaires, eux, surfent sur la vague, tandis que les acheteurs potentiels voient leur rêve de maison s'éloigner un peu plus chaque jour.
Flambée immobilière : les Canaries et les Baléares s’embrasent
Au cours des 12 derniers mois, toutes les communautés autonomes espagnoles ont vu leurs prix immobiliers bondir, à quelques exceptions près, comme Huesca, où les tarifs restent stables. Parmi les régions où l'immobilier s'est emballé, les Canaries affichent la plus forte progression avec une envolée de 16,4%. D’autres régions connaissent aussi des hausses à deux chiffres, notamment Madrid (+14,1%), les Baléares (+13,1%), ou la Communauté valencienne et la région de Murcie (+12,7% chacune).
Les Baléares conservent d’ailleurs leur titre de “championne toutes catégories”. Avec un prix moyen de 4.561 euros par mètre carré, cette région - qui est la plus chère d'Espagne - atteint un sommet historique. Madrid n’est pas loin derrière avec un nouveau record (3.569 euros/m²), et le Pays basque se place en troisième position avec ses 2.992 euros/m².
À l’inverse, les régions les plus accessibles restent la Castille-La Manche (936 euros/m²), l’Estrémadure (973 euros/m²), et la Castille-et-León (1 195 euros/m²). Ces zones offrent encore des opportunités pour les acheteurs à la recherche de biens qui ne fassent pas fondre leur portefeuille.
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Malaga bat tous les records
Après les régions, les villes. Certaines ont atteint des hausses sans précédent ! Pas moins de 16 capitales, dont Málaga, Madrid, Valencia, Alicante et Barcelone, ont enregistré les valeurs les plus élevées depuis que Idealista compile ces données. Une flambée tout aussi remarquée dans des villes comme Grenade (+15%) et Soria (+13,5%), où le parc immobilier a fortement augmenté.
Mais c’est Málaga qui décroche la médaille d'or avec une augmentation spectaculaire de 17,9% en un an. Madrid (+17,8%) et Valencia (+17,6%) ne sont pas en reste, confirmant l’attrait des grandes métropoles pour les acheteurs et investisseurs immobiliers.
Saint-Sébastien, la ville la plus chère d’Espagne
La ville de Saint-Sébastien, elle, conserve son titre de capitale la plus chère d'Espagne, avec un prix moyen atteignant les 5.570 euros/m². Madrid suit de près avec ses 4 756 euros/m², et Barcelone avec 4.561 euros/m². Quant à Palma de Majorque (4 308 euros/m²) et Bilbao (3 384 euros/m²), elles ne sont pas loin de ces moyennes et continuent leur ascension.
À l’autre extrémité du tableau, on trouve certaines villes qui affichent des prix plus abordables. Ainsi, Zamora se positionne comme la capitale la plus économique d’Espagne, avec un prix moyen de 1.175 euros/m². Et pour ceux qui préfèrent des prix encore plus bas, Ciudad Real, Jaén et Cuenca maintiennent des tarifs sous la barre des 900 euros/m².
Les acheteurs espagnols étranglés par leurs prêts
Malgré une dynamique qui fait le bonheur des vendeurs et des investisseurs, l'envolée des prix immobiliers inquiète de plus en plus les nouveaux acheteurs. Comme le souligne Francisco Iñareta, porte-parole d'Idealista, dans les principaux marchés immobiliers, les nouveaux acheteurs doivent désormais consacrer plus de 30% de leurs revenus à rembourser leur prêt. En clair, devenir propriétaire devient un rêve de plus en plus lointain pour de nombreux ménages.
Les raisons de cette flambée ? Selon lui, une pénurie de logements neufs, les lourdeurs administratives, une main-d'œuvre insuffisante dans le secteur de la construction et une demande toujours plus forte, surtout dans les zones touristiques et les grandes villes.
Pour sortir de cette impasse, les experts du secteur appellent les pouvoirs publics à passer à l’action. Au programme : accélérer la construction de logements neufs là où c'est nécessaire et soutenir les grands projets de développement pour relâcher la pression sur les marchés les plus tendus. Si aucune solution n’est apportée, l’Espagne pourrait bien voir ses villes devenir des citadelles inaccessibles, où seuls quelques-uns rêveraient encore d’un chez-soi.