Édition internationale

Nationalité française des Québécois : une réhabilitation juridique en marche ?

Lors d’une conférence en ligne organisée par le Réseau Québec-France/Francophonie, l’historien Édouard Baratton a exploré les enjeux de la nationalité des Canadiens d’origine française et les débats juridiques qui en découlent. Une réflexion qui questionne les liens historiques et contemporains entre la France et le Québec.

Édouard Baratton lors de la visioconférence du Réseau Québec France / Francophonie Édouard Baratton lors de la visioconférence du Réseau Québec France / Francophonie
Édouard Baratton lors de la visioconférence du Réseau Québec France / Francophonie - Illustration LPJ
Écrit par Lepetitjournal Montréal
Publié le 23 février 2025, mis à jour le 27 février 2025

 

 

Une histoire franco-québécoise encore vivante

Dès les premiers instants de son intervention, Édouard Baratton a rappelé l’importance des réseaux francophones dans la transmission d’une mémoire commune. Historien spécialisé dans les relations franco-québécoises après 1763, il a mis en lumière les évolutions du droit français et ses implications sur les citoyens du Québec.

« Pour les autorités françaises, il existait des Français du Canada bien après la perte du territoire en 1763 », a-t-il expliqué, remettant en question l’idée d’une rupture nette entre la France et ses anciens sujets d’Amérique du Nord.

Son travail de recherche approfondi, appuyé sur des archives historiques et juridiques, a démontré avec rigueur et précision que le sujet mérite une attention particulière. Le Réseau Québec-France/Francophonie est à saluer pour avoir organisé cette séance d’information qui a apporté un éclairage technique précis sur ces enjeux fondamentaux.

 

 

Une nationalité française jamais totalement perdue ?

L’une des révélations marquantes de la conférence fut l’existence de brèches juridiques dans l’interprétation du droit de la nationalité. En revenant aux sources du Code civil, Édouard Baratton a démontré que les Canadiens n’avaient pas forcément perdu leur statut de Français par le traité de Paris, mais bien par un processus d’oubli et d’assimilation progressive.

« La naturalité française des Canadiens a subsisté bien au-delà du XVIIIe siècle », a-t-il affirmé, s’appuyant sur des textes juridiques, des décisions administratives et même des jurisprudences qui démontrent la continuité d’un statut particulier.

Cette découverte repose sur une analyse fine de la législation française et de son évolution, montrant que certains principes en vigueur au XVIIIe siècle pourraient toujours s’appliquer aux descendants de Français du Canada.

 

 

Un combat juridique toujours d’actualité

Cette relecture de l’histoire n’est pas qu’un exercice académique. Elle a aujourd’hui des implications concrètes pour les descendants des Français du Canada qui souhaitent retrouver leur nationalité. Un premier cas de réintégration a été récemment étudié, ouvrant la voie à d’autres démarches.

« La question n’est plus théorique. Nous avons désormais une procédure permettant aux Canadiens de revendiquer leur héritage français », a annoncé l’historien, évoquant un dossier en cours qui pourrait faire jurisprudence.

En mettant en lumière des précédents légaux, Édouard Baratton a montré que la réintégration des Canadiens d’origine française n’était pas une simple revendication identitaire, mais une démarche appuyée par des bases juridiques solides.

Il a précisé que la procédure qui se dessine ne passe pas par les consulats, mais par une reconnaissance de la perte de la citoyenneté par un tribunal, suivie d’une réintégration en fonction des autres textes de loi en vigueur.

 

 

Revoir la conférence

 

 

Des démarches individuelles plutôt qu’une reconnaissance collective

La conférence s’est conclue sur une réflexion plus pragmatique : la France doit-elle reconnaître officiellement ces anciens Français d’Amérique ? Plus que d’attendre une reconnaissance généralisée par l’État français, il apparaît que la voie la plus réaliste repose sur des démarches individuelles.

Loin d’un processus collectif ou d’un décret généralisé, chaque descendant devra entreprendre une demande auprès des tribunaux, prouvant son ascendance et s’appuyant sur les brèches juridiques mises en évidence par la recherche historique.

Le travail méticuleux d’Édouard Baratton aura permis d’éclairer ces enjeux avec une clarté impressionnante. Toutefois, l’historien a précisé que son rôle dans cette démarche est désormais terminé. « Mon travail est fait, c’est maintenant aux avocats de s’en saisir et de défendre ces cas devant les tribunaux », a-t-il conclu tout en expliquant que la meilleure manière de comprendre les détails de sa démarche est de suivre sa page le site de l'UQAM où tous les résultats de ses travaux sont archivés. La qualité de cette conférence souligne l’importance d’une meilleure diffusion de ces connaissances auprès du grand public et des décideurs politiques.

 

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