Ancien policier reconverti en entrepreneur, Alain Phaneuf s’attaque à un problème méconnu, mais essentiel : la gestion de la neige et de la glace dans les arénas. Sa solution, un fondeur à neige écoresponsable en circuit fermé, pourrait transformer l’entretien des patinoires tout en réduisant leur empreinte écologique. En mars 2025, il présentera son innovation à Americana, le plus grand forum environnemental multisectoriel francophone d’Amérique du Nord, qui se tiendra les 12 et 13 mars à Montréal. Il bénéficie également du soutien d’AquaAction, une organisation qui soutient les solutions innovantes pour préserver les ressources en eau.


“La consommation d’eau potable des patinoires est un angle mort dans la réflexion sur l’éco-responsabilité.” - Alain Phaneuf
Alain Phaneuf n’était pas destiné à devenir inventeur. Ancien policier, il a longtemps servi à la Sûreté du Québec avant de se reconvertir dans l’industrie des arénas, un univers qu’il connaît bien pour y avoir passé des années en tant que parent d’athlètes de haut niveau. « On a passé des milliers d’heures dans les patinoires avec mes enfants, et c’est là que j’ai vu les problèmes d’entretien qui revenaient sans cesse », explique-t-il.
Ce constat l’a poussé à innover. Chaque jour, dans les arénas, des centaines de milliers de litres d’eau potable sont utilisées pour resurfacer la glace. Une fois la neige grattée, elle est simplement évacuée vers les égouts, un gaspillage qu’Alain Phaneuf ne pouvait plus ignorer. « On parle beaucoup d’efficacité énergétique, mais la consommation d’eau potable des patinoires est un angle mort dans la réflexion sur l’éco-responsabilité. C’est une aberration que nous pouvons corriger. »

Un fondeur à neige écoresponsable et adaptable
Son idée ? Une machine capable de faire fondre la neige récupérée par les surfaceuses et de réutiliser l’eau ainsi produite. « C’est comme un immense lave-vaisselle, mais pour la neige », résume-t-il. Concrètement, la neige est déposée dans un caisson où elle est arrosée d’eau chaude. Plutôt que d’être évacuée, cette eau est filtrée et stockée pour être réutilisée lors des prochains resurfaçages.
L’un des atouts majeurs de cette innovation est son adaptabilité aux infrastructures existantes. « Les arénas n’ont pas besoin d’engager des travaux coûteux. Le fondeur s’intègre facilement aux installations actuelles et fonctionne avec les équipements déjà en place », souligne-t-il. Cette flexibilité facilite son adoption et en fait une solution concrète et rapidement déployable.

Le potentiel est énorme. Une patinoire moyenne utilise environ 1,5 million de litres d’eau par an uniquement pour l’entretien de la glace. « Imaginez si l’on pouvait recycler cette eau au lieu de la gaspiller. On parle d’économies d’eau, mais aussi d’énergie, car chauffer de l’eau en continu est une dépense considérable. »

Un enjeu environnemental, mais aussi économique
L’innovation d’Alain Phaneuf ne se limite pas à une question de développement durable. Il y a aussi une réalité économique pressante : gérer la neige et la glace coûte cher aux municipalités. « À Sainte-Julie, on dépense près de 80 000 dollars par an juste pour enlever et stocker la neige. On pourrait réduire ces coûts drastiquement avec une solution comme la nôtre. »
L’ancien policier a déjà convaincu plusieurs villes, dont Sainte-Julie et Rivière-du-Loup, qui testent son prototype. « Les arénas sont des infrastructures essentielles pour nos communautés, mais elles doivent évoluer. On ne peut plus fonctionner comme il y a 50 ans. »
Americana 2025 : un tremplin pour une expansion internationale
Conscient de l’impact potentiel de son invention, Alain Phaneuf présentera son fondeur à neige les 12 et 13 mars lors d’Americana 2025, le plus grand forum environnemental francophone d’Amérique du Nord, qui rassemble des décideurs, des investisseurs et des experts en environnement. Cet événement est une opportunité clé pour faire connaître son innovation et convaincre de nouveaux partenaires.
Par ailleurs, il bénéficie du soutien d’AquaAction, Grand Partenaire du salon, qui appuie des innovations en gestion de l’eau. « Être accompagné par AquaAction, c’est une reconnaissance de la valeur de notre projet. Ils nous aident à structurer notre approche et à accéder à des ressources précieuses. »
Son ambition est claire : faire de son fondeur à neige une référence mondiale. « Il y a pratiquement 8000 patinoires et glaces d’arénas intérieures dans le monde. Imaginez si chacune d’entre elles utilisait cette technologie. On pourrait économiser des milliards de litres d’eau et des millions de dollars en coûts d’entretien. »
Vers un changement de paradigme dans les arénas
L’innovation d’Alain Phaneuf arrive à un moment clé où les infrastructures sportives doivent repenser leur empreinte écologique. Son défi est de convaincre un secteur encore conservateur d’adopter sa solution. « Le monde des arénas est un monde de dinosaures, plaisante-t-il. Ça fait plus de 75 ans ans qu’on utilise les mêmes machines sans se poser de questions. Il est temps de moderniser nos pratiques. »
Mais l’entrepreneur est confiant. « Ce n’est pas qu’une question d’environnement, c’est une question de bon sens. L’eau est une ressource précieuse, et chaque goutte économisée compte. Si nous sommes capables d’apporter une solution efficace, rentable et écoresponsable, les arénas n’auront plus de raison de ne pas l’adopter. »
Reste à voir si cette révolution sera au rendez-vous. Après tout, et si demain, chaque patinoire recyclait son eau ?
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