Arriver au Canada ne se résume pas à un simple changement de pays. Entre adaptation culturelle, défis professionnels et complexité administrative, Anne-Lise Thoorens a su transformer son parcours en une force pour aider d’autres expatriés. De son intégration à son engagement dans Montréal Accueil, elle partage son expérience avec humilité et détermination.


Un nouveau départ semé d’incertitudes
S’expatrier, c’est souvent sauter dans l’inconnu. Pour Anne-Lise Thoorens, ce fut avant tout un choix familial motivé par l’opportunité professionnelle de son conjoint. « Nous avons été séduits par la proposition à Montréal car elle correspondait à notre idéal d'environnement cosmopolite pour nos filles et de grands espaces.», explique-t-elle. Mais derrière ce projet porteur d'espoirs, elle a dû faire face à une réalité parfois brutale : la mise entre parenthèse de sa carrière en France et l’incertitude d'un avenir professionnel au Québec.
L'adaptation scolaire et familiale : un enjeu clé
L'expatriation ne concernait pas que les adultes. Pour ses deux filles, alors âgées de 10 et 13 ans, l'intégration dans un nouveau système scolaire n'a pas été simple. « La plus jeune s’est adaptée sans difficultés, mais pour l'aînée, ce fut un véritable défi », confie Anne-Lise. Le passage d'un collège public français à l'excellence de Stanislas a exigé des efforts, mais l'esprit d'entraide des élèves a joué un rôle déterminant. Aujourd'hui, toutes deux poursuivent des études universitaires au Québec, signe d'une adaptation réussie.

Trouver sa place dans le monde professionnel québécois
Reprendre le fil de sa carrière, sans réseau et avec des codes professionnels différents, s'est avéré être un véritable parcours du combattant. « J'ai mis neuf mois à retrouver un emploi, et ce n’était pas faute d’efforts », se souvient-elle. En multipliant les 5@7, le réseautage et les missions de consultation, elle finit par obtenir un premier poste temporaire dans la transformation numérique chez Desjardins. « Ce premier emploi a été une porte d’entrée décisive et j’ai pu évoluer rapidement par la suite», ajoute-t-elle. Depuis, son parcours l'a menée à la Banque Nationale, où elle est aujourd'hui chargée de l'expérience numérique des utilisateurs.
Pendant ces mois de recherche, Anne-Lise n'est pas restée inactive. «Au Canada, le bénévolat étant considéré comme une expérience professionnelle, j'ai participé à de nombreuses missions de bénévolat.», explique-t-elle « J'avais semé plein de petites graines en travaillant mon réseau sans relâche ». Ce n’est qu’après des mois de persévérance qu'une de ses premières rencontres au Québec, grâce à son réseau international, l'a rappelée pour lui suggérer d’appliquer sur un poste. Une leçon de résilience qu’elle transmet aujourd’hui à ceux qu’elle accompagne.
Montréal Accueil : de bénéficiaire à actrice de l’intégration
Dès son arrivée, Anne-Lise Thoorens a trouvé du soutien au sein de l'association Montréal Accueil. « C’est en participant aux ateliers d’intégration que j’ai pris conscience des difficultés auxquelles font face les nouveaux arrivants, et que j’ai voulu à mon tour aider », raconte-t-elle. D'abord impliquée dans l'organisation des activités, elle est rapidement devenue une figure essentielle du conseil en intégration professionnelle. Aujourd'hui, elle accompagne chaque année des expatriés en quête d'emploi, en leur prodiguant conseils et formations : CV adapté aux standards québécois, stratégies de réseautage et maîtrise de LinkedIn.
Une expatriation réussie, mais des défis toujours présents
Si aujourd’hui, la famille Thoorens est solidement installée à Montréal et a obtenu la citoyenneté canadienne, le chemin a été semé d'embûches, notamment en raison des complexités administratives liées à l’immigration.
Entre aléas professionnels, processus de sélection rigoureux et adaptations culturelles, rien n'était acquis. Contrairement à ce que beaucoup de Français imaginent, s’installer au Canada ne relève pas d’un simple changement de pays comme au sein de l’Union européenne : le Canada choisit et sélectionne ses immigrants, ce qui implique un parcours administratif exigeant.
« Il faut du temps, de la patience et une grande capacité d'adaptation », résume Anne-Lise. Et d'ajouter un conseil à ceux qui voudraient tenter l’aventure : « Le Canada a encore des opportunités, mais il faut être prêt à se battre, à faire preuve d’humilité et à réapprendre ». Un message clair pour ceux qui, comme elle, rêvent d'un nouveau départ.
Sur le même sujet
