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CONFUCIUS – Le retour du grand maître

Le 23 mai dernier, c'est dans le magnifique temple de Confucius que le Cercle Francophone de Shanghai, en partenariat avec le Lycée français organisait une conférence sur la vie et la réhabilitation de la pensée confucéenne dans l'éducation et la politique chinoises

Statue à l'entrée du temple de Shanghai (Crédits photos : MD)

Si une heure et demie ne fût pas de trop pour appréhender en douceur les grands principes de Confucius, l'exercice d'en rendre compte à travers un article n'est pas chose aisée. C'est que le grand sage, s'il n'a rien écrit, a laissé derrière lui une ?uvre riche et intense, qu'il faut prendre le temps de comprendre. Essayons toutefois de retenir les grandes lignes évoquées par Paul-Vincent Fontaine, Alain Piélin et Arnaud Becuwe, professeurs au Lycée français de Shanghai.

Les grands principes confucianistes
On considère généralement Confucius comme le premier grand éducateur de la Chine. Le contexte historique de l'époque, la période des Printemps et Automnes marquée par des troubles de pouvoir et plusieurs guerres, explique la volonté de l'homme de changer le monde dans lequel il vit. Alors qu'il est précepteur, il rassemble une partie de ses disciples et part sur les routes avec eux afin de diffuser sa pensée. On estime au total que le Grand Maître aurait eu 72 disciples et aurait instruit près de 3000 élèves.

Le premier principe fondamental du confucianisme est le retour du respect des rites anciens, rites datant de la dynastie Zhou. Il commence par faire table rase et souhaite "ré-ecrire" les noms, leur rendre leur sens initial. Selon lui, les troubles naissent quand une personne s'exprime mal. Si on ne connaît pas le sens d'un mot, on ne peut pas comprendre la réalité des choses. Le second grand principe de Confucius est donc l'importance de l'éducation. Étudier les grands classiques permet non seulement de mieux comprendre le monde qui nous entoure mais aussi de se connaître soi-même afin d'être capable de suivre la Voie, le Dao.

Les conférenciers le 23 mai 2013

Le respect des rites, le culte des ancêtres et l'éducation permettent à l'homme de développer une éthique, une morale personnelle. Cette vertu est indispensable selon Confucius pour gouverner sa vie et pour gouverner celle des autres. Ainsi pas de pouvoir sans morale ! Le penseur croyait sincèrement que l'homme était naturellement bon, que l'éducation et la morale lui permettaient de se différencier des autres. Si le dirigeant est vertueux, son peuple le sera aussi ou le fameux fondement du "n'inflige pas à autrui ce que tu ne veux pas que l'on te fasse". Gouverner, c'est suivre la voie du ciel en appliquant sa vertu.

De plus, l'homme devrait toujours chercher à s'améliorer et s'imposer des règles sévères. Pour Confucius, il faut tout le temps se corriger et ne pas se corriger après une erreur, telle est la véritable faute ! Le Grand Maître pensait que l'on ne devait pas s'attarder sur le passé des hommes et en ça, il a complètement révolutionné l'éducation chinoise. Riches ou pauvres, tous étaient admis en qualité d'élève s'ils avaient le désir pur d'améliorer leurs connaissances et leur morale. L'homme attachait également une grande importance aux arts et pour lui, on ne peut être épanoui sans la pratique d'un art.

Une architecture qui répond à des règles rituelles très précises

Le grand retour du Confucianisme dans la Chine du 21ème siècle
Depuis quelques années, les autorités chinoises montrent une volonté de réhabiliter les grands enseignements de Confucius. Le 28 septembre 2010 par exemple, on célébra pour la première fois depuis 1949 la naissance du Maître, avec des défilés populaires dans les grandes villes ainsi qu'à Qufu, sa ville d'origine. Les "entretiens de Confucius avec ses disciples" sont de nouveau appris dans les écoles et des statues à l'effigie du philosophe font leur apparition un peu partout. Dans cette Chine qui change si rapidement et si radicalement, il est sans doute bon de rappeler à la jeunesse les valeurs ancestrales qui ont fait la grandeur de leur civilisation.

A Shanghai, le superbe temple de Confucius, situé au 215 Wenmiao Lu, est un véritable havre de paix, à quelques rues de Yu Garden. Comme d'autres lieux de représentation du Maître (à Pékin notamment), il est divisé en deux parties : la première permet de déposer prières et offrandes, la seconde est consacrée à l'étude des vieux textes. Ne manquez pas de vous y rendre en journée pour admirer une véritable leçon d'architecture et attendez la nuit tombée pour succomber au charme de ses pagodes délicatement éclairées?

Les plus curieux pousseront leur découverte jusqu'à Qufu, dans la province du Shandong. Bien préservés des effets du temps, on y trouve le temple, la demeure et le cimetière de Confucius, tous les trois classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Escapade des plus spirituelles, instructive non seulement  sur la vie et l'enseignement du philosophe mais aussi sur tout un pan de la culture chinoise, profondément influencée par Confucius dans son mode de pensée.

Morgane Delaisse, www.lepetitjournal.com/shanghai, Vendredi 31 mai 2013

Plus d'infos
Confucius: Entretiens de Confucius et de ses disciples Paris/Leiden, Cathasia/Brill, ca 1951 (Les Humanites d'Extreme-Orient.) traduit du chinois en français et en latin par Séraphin COUVREUR
Le Monde chinois, J. GERNET, Paris, A. Colin, [réimpr. 1980, 1990 ; rééd. poche en 3 tomes chez Pocket, 2006
La pensée chinoise, M. GRANET, Paris, Broché, 1934

 

 

 

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 30 mai 2013, mis à jour le 6 mars 2025

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