Le député Vincent Caure, représentant la 3e circonscription des Français établis hors de France, s’est rendu en Suède du 15 au 17 avril, marquant une étape importante dans le renforcement des liens entre la communauté française et les acteurs locaux. Il s’agit de sa deuxième visite en Suède depuis son mandat et de son premier déplacement à Göteborg. Le Petitjournal Stockholm a échangé avec lui. Quelles sont les priorités de son mandat ? Les objectifs de cette visite, sa perception des Français de Suède ? On vous en dit plus dans cette interview.
Lepetitjournal Stockholm : Pourriez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas ?
Vincent Caure : Je suis député des Français établis en Europe du Nord, c’est-à-dire les Français installés dans dix pays, de l’Islande aux Pays baltes, dont la Suède. Avant d’être élu, j’ai travaillé à l’Élysée et au ministère des Affaires étrangères, au service des Français, qu’ils vivent en France ou à l’étranger. Je suis fier d’être engagé depuis sept ans aux côtés d’Emmanuel Macron car je crois profondément dans sa vision renouvelée de l’Europe et de notre besoin d’autonomie au niveau européen.
Depuis mon élection le 7 juillet dernier, je poursuis mon mandat sur le terrain, au contact quotidien des Français, pour faire remonter leurs attentes et améliorer concrètement leur quotidien.
Quels sont les objectifs de votre déplacement en Suède ?
C’est pour moi le deuxième déplacement en Suède depuis mon élection, l’occasion d’aller à nouveau à la rencontre des Français de Stockholm mais aussi de rencontrer ceux installés à Göteborg. Je tenais notamment à me rendre à Göteborg pour apporter mon soutien et travailler sur le projet d’école française. C’est dans cette ville que réside la deuxième plus grande communauté française de Suède et le projet d’école répond à une vraie demande de nos concitoyens.
Quelle perception avez-vous de la communauté française en Suède ?
Les Français de Suède partagent beaucoup de points communs avec l’ensemble de nos compatriotes établis en Europe du Nord, mais il est vrai que la Suède occupe une place particulière : avec plus de 9000 Français, c’est la première communauté française de Scandinavie.
Au fil de mes échanges, je perçois aussi une vraie influence du mode de vie suédois. Beaucoup de Français ont adopté la philosophie "lagom", cet art de vivre fait d’équilibre, de simplicité et de mesure qui enrichit leur façon d’être Français à l’étranger.
Comment maintenez-vous le contact avec les Français de l'étranger ? Quels sont les outils et les canaux de communication que vous utilisez pour les informer et recueillir leurs préoccupations ?
Le lien est permanent. Il passe d’abord et avant tout par des rencontres et des échanges quand je me rends dans les différents pays d’Europe du Nord. Petit-déjeuners, cafés, déjeuners, réunions citoyennes, j’essaye au travers de ces formats d’organiser des rencontres avec les Français installés hors de nos frontières.
Ensuite, mon mandat de député est aujourd’hui pleinement connecté, que cela passe par des permanences en visioconférence où chaque Français peut s’inscrire ou bien au travers des réseaux sociaux. Mon équipe et moi, nous récoltons les sollicitations et répondons à un maximum de demandes.
J’ai aussi lancé un channel d’information WhatsApp à destination des Français d’Europe du Nord. Un autre moyen de rester connecté malgré l’éloignement. Enfin, je n’oublie pas le rôle fondamental que jouent les conseillers des Français de l’étranger avec qui j’échange quotidiennement, je pense notamment à Noémie Green ou Nadine Pripp en Suède, ou bien à Hugo Plagnol pour les pays Baltes et la Finlande.
Lien pour s’inscrire à un créneau de visioconférence
Quelles sont les priorités de votre mandat ?
La première de mes priorités, c’est de faire entendre la voix des Français d’Europe du Nord à l’Assemblée nationale et de simplifier leur quotidien. J’y travaille avec le ministre chargé des Français de l'étranger Laurent Saint-Martin, en priorité pour améliorer l’accès aux services publics, rendre les démarches plus fluides, et renforcer le lien qui unit nos concitoyens à la France.
Les Français de Suède partagent plusieurs préoccupations avec l’ensemble des Français établis en Europe du Nord : le besoin de simplifier les démarches administratives à distance, la nécessité de renforcer les tournées consulaires, ou encore l’accès à une information claire et pratique sur leurs droits, notamment en matière de retraite, de santé ou de retour en France.
Quelles avancées pour les Français de Suède souhaitez-vous apporter ?
Je tiens à rappeler l’importance du partenariat franco-suédois signé par la France et la Suède en janvier 2024 à l’occasion du dernier déplacement d’Emmanuel Macron et qui réaffirme trois priorités stratégiques : la poursuite du soutien à l’Ukraine, l’adhésion de la Suède à l’Otan, et la nécessité de renforcer l’Europe de la défense. À l’échelle du quotidien, je me réjouis aussi des annonces récentes du ministre des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin : une expérimentation pour le renouvellement dématérialisé des passeports, la numérisation de la propagande électorale ou encore le renforcement de l’identité numérique.
Enfin, le projet en cours d’école française à Göteborg est pour moi central. Il participe à rendre la ville plus attractive pour nombre de nos concitoyens qui hésitent à s’expatrier. La réalisation de ce projet participera à la fois de l’attractivité de la ville et du dynanisme de la communauté française. Nous devons tous être mobilisés pour que ce projet se réalise. Je salue notamment le travail fait par la Maison des Français de Göteborg.
Quels sont les sujets sur lesquels vous travaillez actuellement à l’Assemblée nationale ?
Ces dernières semaines ont été consacrées pour ma part à la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le narcotrafic, un fléau qui mine notre pays comme beaucoup en Europe et qui alimente trafics et règlements de compte. Ce texte, largement soutenu et attendu, s’attaque au haut du spectre de la criminalité organisée avec des outils judiciaires et pénitentiaires nouveaux.
Je suis également très mobilisé sur les textes relatifs aux soins palliatifs et à la fin de vie, sujet auxquels les Français d’Europe du Nord sont attentifs. Dans le sondage de ma dernière newsletter, ils sont en effet plus de 80% à s’être déclarés favorables à ce que chaque personne puisse décider des conditions de sa propre fin de vie. Le texte actuellement débattu à l’Assemblée nationale ouvre un droit strictement encadré à l’aide à mourir, tout en renforçant massivement les soins palliatifs.
Quel a été votre plus gros défi depuis votre début de mandat ? Et votre plus grande fierté ?
Trop souvent, la réalité des Français de l’étranger est mal connue à Paris. Je m’efforce de faire remonter leurs préoccupations, de porter leurs problématiques spécifiques, et de mieux faire comprendre ce que signifie vivre, travailler ou élever une famille hors de France.
Quant à ma plus grande fierté, je dirais celle d’avoir été nommé rapporteur d’une proposition de loi visant à lutter contre le narcotrafic et les violences entre bandes, et d’avoir réussi à construire des compromis avec mes collègues notamment socialistes et écologistes. En travaillant ensemble, nous avons fait évoluer le texte de sorte à ce qu’il soit aussi soutenu par la gauche.
C’est également dans cet esprit transpartisan que nous avons déposé, avec mon collègue écologiste Damien Girard, une proposition de résolution européenne cosignée par 120 députés visant à soutenir le Danemark face aux attaques du président Donald Trump envers le Groenland.
Quel est l’agenda de vos prochaines visites en Europe du Nord ?
Les deux prochaines semaines seront assez chargées en déplacements. Après la Suède, à Stockholm et à Göteborg, je me rendrai en Irlande puis au Royaume-Uni, à Bristol et Londres.
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