Édition internationale

Journée mondiale de la radio : “C’est la voix qui s'invite n'importe où avec vous”

À l’occasion de la Journée mondiale de la radio, le 13 février, lepetitjournal.com met en lumière des Français qui entretiennent un rapport particulier avec la radio francophone à l’étranger, par différents moyens. Aline Bavister, Younes Boumehdi, Gauthier Seys et Arthur Asseraf nous expliquent comment la radio est devenue, pour eux, bien plus qu’un simple média d’écoute. 

radios de différentes couleurs exposées sur un mur en boisradios de différentes couleurs exposées sur un mur en bois
Écrit par Mélanie Pierre
Publié le 12 février 2025, mis à jour le 18 février 2025

 

Originaire de Paris, Aline Bavister est partie vivre au Royaume-Uni pour ses études, et n’y est jamais revenue. Seule voix francophone sur la radio britannique, elle anime aux côtés d’Élise Lines l’émission Bouche à Oreille. Aline reconnaît l’importance de la radio des expatriés Français à l’étranger par “le renforcement des liens au sein de notre communauté d'expats en mettant en avant des profils de leur nouvelle communauté”

 

Selon Younes Boumehdi, entrepreneur franco-marocain à la tête de Hit Radio, “la France est le pays de la radio”, un lieu où les Français sont naturellement attachés à ce média. “Pour un expatrié, la radio reste un lien avec ses racines : elle représente un repère culturel et affectif, une manière de rester connecté à son pays d'origine tout en s'intégrant dans un nouvel environnement”, exprime-t-il. Hit Radio, première radio privée du continent, est animée depuis plus de 30 ans par le désir d’investir dans la culture. 

 

 "Ce que la radio a de plus que les autres médias, c'est qu'elle n'a pas d'image", confie Gauthier.

 

Le caractère global et intemporel de la radio a séduit Gauthier. La radio permet de toucher des auditeurs aux quatre coins du monde à tout moment, transcendant les limites du jour et de la nuit. C'est un média qui ne connaît ni horaires ni frontières géographiques. Gauthier Seys crée en septembre 2020 une radio dédiée à la mobilité internationale : La radio des Français dans le monde. “Au début du confinement, j’ai lancé une émission sur une radio que j’avais à l’époque, Stéréo Chic. Beaucoup de Français de l’étranger m’ont contacté et j’ai pris conscience des 3 millions de Français expatriés”, nous explique-t-il. 

 

Gauthier Seys chez La radio des Français dans le monde
Gauthier Seys - La radio des Français dans le monde

 

Pour Gauthier, “ce que la radio a de plus que les autres médias, c'est qu'elle n'a pas d'image”. Elle permet une immersion unique, laissant les auditeurs imaginer librement ce qu'ils entendent. Avec une diversité de sujets abordés, il réalise depuis quatre ans 2.500 interviews de Français à travers le monde : “Chaque histoire est différente, mais le dénominateur commun reste la vie à l’étranger”. D’après l’ACPM (Audience et dénombrement des médias), elle est en décembre 2024 la 22ᵉ radio web française la plus écoutée dans le monde. Chaque jour, elle réunit en moyenne 120.000 auditeurs.

 

La radio des Français dans le monde dans le TOP 25 des webradios les plus écoutées

 

 

radios de différentes générations exposées

 

 

Plus qu’un moyen d’information, la radio est un outil politique

“Avec la radio, on entre à la fois dans le quotidien et dans de la grande histoire”, témoigne Arthur Asseraf sur France Culture. Il est historien et spécialiste de l'Algérie. Au Maghreb, la radio est le premier média de masse accessible à une majorité de la population. Dans les années 1920, une part majeure de la population maghrébine ne sait pas lire : ce nouvel accès au monde transforme donc la vie des gens. La radio, à cette époque, est perçue d'abord comme un symbole de statut, puis, au milieu du XXᵉ siècle, elle devient un symbole de partage. Les propriétaires des cafés, lieux très politiques, commencent à investir dans des postes de radio. 

 

"On arrive à créer des nations à partir de gens qui ont été très divisés par le colonialisme et où les conditions pour se réunir étaient très difficiles", explique Arthur Asseraf.

 

Avec le développement croissant de la radio, se dégage l'impression d'un public national unifié, capable de s'organiser collectivement autour d'une voix et d'un émetteur. Les mouvements nationalistes et les régimes indépendants défendent cette conception de la radio : s’adresser à tous, partout et en même temps. “On observe comment des nations ont été créées à partir de populations profondément divisées par le colonialisme, dans des conditions où il était difficile de se réunir”, témoigne Arthur Asseraf. C'est un moment clé dans l'histoire politique : la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Algérie, les luttes pour les indépendances et les coups d'État sont des moments radiophoniques. Les individus se souviennent de ces instants grâce aux émissions, aux interruptions et aux discours. 

 

Dans certains pays, la radio est qualifiée de “radio suivie”, dans le but de contourner la censure. Younes considère également ce média comme un moyen d’offrir la possibilité aux jeunes de s’exprimer librement. “Donner la parole à la jeunesse, c'est reconnaître son rôle dans la société, l'encourager à être force de proposition et valoriser ses talents. Cela permet de refléter les réalités d'une génération qui façonne déjà l'avenir, en brisant les barrières et en cultivant une culture d'ouverture et de diversité”.

 

Younes Boumehdi à l'antenne sur sa radio Hit radio
Younes Boumehdi - Hit Radio



 

La radio se réinvente avec le podcast

Parfois perçue comme dépassée, la radio se réinvente. Grâce aux podcasts, aux applications médias et aux plateformes de musiques, elle devient plus accessible. Pour Younes, la diversification des accès de la radio enrichit l'expérience radiophonique. “Elle permet aux auditeurs d'écouter ce qu'ils veulent, quand ils le veulent, et d'accéder à un contenu plus varié”, explique-t-il. Les podcasts notamment, traitent de sujets plus diversifiés. “La radio évolue et permet à un public plus large d'y accéder. Je pense notamment aux jeunes”, explique Aline Bavister. Ces nouvelles formes d'écoute permettent aux jeunes, qui se détournent peu à peu de ce média, de choisir des contenus plus personnalisés, qui résonnent avec leurs préoccupations et leurs intérêts.


Le fondateur de Hit radio ajoute : “Cette diversification impose aussi un nouveau défi aux radios traditionnelles : celui de se réinventer sans perdre leur identité et leur spontanéité”.