Que l’on soit lecteur passionné, ou simple curieux, la rentrée littéraire est un événement incontournable du mois de septembre. Véritable marathon pour les libraires, des centaines de livres investissent leurs rayons en quelques semaines et attendent d’être lus. En 2021, ce sont 521 ouvrages qui sont en compétition pour la rentrée littéraire. Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de libraires parisiens pour connaître leur coups de cœur de la saison. 8 titres qui donnent la place à des auteurs et autrices aguerris autant qu’à de nouveaux talents.
Une histoire intime de l’Italie avec Bellissima de Simonetta Greggio
Florence, de la librairie franco-italienne de Paris, La Libreria, conseille Bellissima de Simonetta Greggio. « L’autrice retrace quarante années de l’histoire italienne à travers le récit intime de son histoire familiale, depuis son enfance dans l’Italie fasciste ». Un roman fort qui permet une plongée remarquable dans l’histoire du pays à travers son autobiographie.
Un immersion dans le conflit syrien avec Furies de Julie Ruocco
Le roman plonge le lecteur dans les combats en Syrie et l’emmène à la suite de Bérénice, une archéologue française devenue trafiquante. Celle-ci est envoyée en Turquie dans l’intention de sauver les œuvres d’art volées à Palmyre. Malgré ses bonnes intentions, elle est prise dans ce trafic d’art et rencontre Asim, un pompier syrien devenu fossoyeur. « Ce roman poignant mêle leurs deux histoires, dans une très belle langue. Il s’agit du premier roman de Julie Ruocco », raconte Florence de la Libreria. Un talent à suivre de près.
Un fait divers glaçant avec Le Printemps des monstres de Philippe Jaenada
S’il est des auteurs qui semblent faire l’unanimité en cette rentrée littéraire, c’est bien Philippe Jaenada et son Printemps des monstres. L’auteur revient sur un fait divers sordide lié à l’assassinat d’un jeune garçon, Luc Taron, en 1964, revendiqué par un corbeau. Une affaire qui a fait la une des journaux et déchaîné les passions. Jaenada signe une enquête « hors normes, où il se saisit du fait divers pour brosser un portrait de la France des années 60, autant que pour raconter son travail d’écrivain dans des digressions pleines d’humour », s’enthousiasme Élodie, à Ici Librairie. Même son de cloche à la Libreria qui adore la façon dont l’auteur se met en scène tel un « roi de l’incise ». L’occasion de donner la parole aux oubliés de cette affaire, c’est le cas de la femme du corbeau : « une figure féminine lumineuse dans l’atmosphère sombre du roman », souligne la libraire d’Ici.
Une passion moderne avec Feu de Maria Pourchet
« Excessivement drôle », « cinglant », et « désespéré » : voilà les trois qualificatifs qui surgissent lorsque Delphine, libraire d’Ici, nous décrit Feu. Le roman relate la passion amoureuse de Laure, prof de fac et mère de deux enfants, et Clément, un quinquagénaire célibataire, à travers leurs deux points de vue. Dans leurs monologues, à sa mère pour Laure, et à son chien pour Clément, se glisse le regard vif et moderne de la sociologue, véritable « alter ego de Michel Houellebecq », affirme Delphine.
Une correspondance pleine de surprise avec Le créateur de poupées de Nina Hallan
Andrew est passionné par les poupées depuis son enfance, à tel point qu’il est devenu artisan de poupées. Amber vit dans les Cornouailles, et elle aussi est amatrice de poupées, mais à la différence d’Andrew, elle les collectionne. Pas étonnant donc si ces deux-là entament une correspondance suite à une petite annonce d’Amber sur un site de passionnés. « Mais la suite, elle, est pleine de surprises, et sidère complètement le lecteur », glisse Delphine. « C’est une petite pièce d’orfèvrerie, on peut la relire en y découvrant à chaque fois de nouveaux détails. Si vous aimez être emmené loin dans l’extraordinaire, vous ne pourrez qu’aimer ce livre ! ».
Un récit poignant et acéré avec Et d’un seul bras, la soeur balaie sa maison de Cherie Jones
La Barbade, un coin paradisiaque des Caraïbes, aux plages de sable fin, à la mer turquoise et aux hôtels de luxe. Un lieu que connaît bien l’autrice, native de l’île. Pourtant, derrière ce décor idyllique, l’histoire que conte Cherie Jones dans ce premier roman est moins tendre. Lala vit modestement dans un cabanon de plage avec Adan, son mari, un voyou cambrioleur. Jusqu’au jour où l’un de ses cambriolages dans une villa dérape : Adan tue un riche homme blanc pour s’en sortir. Le destin de deux femmes est bouleversé, celui de la femme de l’homme assassiné, et celui de Lala, victime collatérale de ce meurtre. Ce roman raconte ainsi la rencontre de deux mondes opposés, à travers ces deux femmes meurtries par la violence qui tentent de se reconstruire. « C’est un récit incroyable, je l’ai lu d’une traite », souffle Gaëlle, libraire de Page 189.
Une dystopie satirique avec Quality Land de Marc-Uwe Kling
« Bienvenue dans le meilleurissime des mondes » peut-on lire sur le bandeau publicitaire du roman. Et pour cause : « on dirait un épisode de Black Mirror mais écrit par Alain Chabat » s’amusent les libraires de Page 189. Quality Land, c’est Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, mais inversé. Marc-Uwe Kling fait la satire d’un monde dans lequel les robots s’humanisent et les humains se robotisent…ce qui donne lieu à « une fabuleuse gourmandise, hilarante et glaçante en même temps. Un vrai plaisir ! ».
Une histoire gothique préoccupante avec Seule en sa demeure de Cécile Coulon
Aimée épouse Candre Marchère, riche propriétaire d’une vaste demeure dans le Jura. Un mariage arrangé, comme c’est souvent le cas au XIXème siècle. Pourtant, des éléments ne tardent pas à inquiéter Aimée… « Dans ce récit d’ambiance gothique, se dessine peu à peu un huis-clos malaisant qui prend par surprise » raconte Gaëlle, à Page 189. Pour les lecteurs qui aiment les atmosphères inquiétantes.
Nothomb, Angot, les incontournables de la rentrée littéraire
Amélie Nothomb et Christine Angot font partie des figures emblématiques de la rentrée littéraire en France depuis plusieurs années. Elles signent chacune un roman en cette édition 2021. Dans Premier Sang, Amélie Nothomb rend hommage à son père, décédé en 2020, à travers un conte dans lequel elle le fait parler à la première personne. Christine Angot, quant à elle, revient sur l’horreur de l’inceste que son père lui a fait subir avec Voyage dans l’Est, un roman plein de force.