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Hélène Conway-Mouret : “nos ressortissants ne doivent pas être oubliés”

Ancienne ministre déléguée chargée des Français de l'étranger et vice-présidente du Sénat, Hélène Conway-Mouret occupe depuis plus de dix ans le poste de sénatrice pour la circonscription des Français de l'étranger. Dans un entretien pour lepetitjournal.com, Hélène Conway-Mouret revient sur la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, son déplacement en Asie, sa feuille de route pour la suite de son mandat, en particulier sur les relations entre les élus et l'administration.

Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l'étranger Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l'étranger
Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l'étranger
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 20 septembre 2024, mis à jour le 30 septembre 2024

 

 

- NDLR :  L'entretien a eu lieu avant la nomination du nouveau gouvernement - 

 

Michel Barnier a été nommé Premier ministre. Comment voyez-vous cette nomination et qu’attendez-vous du nouveau gouvernement, notamment pour les Français de l'étranger ?

Je me réjouis d'avoir enfin un Premier ministre et un gouvernement, ce qui nous permettra de voter le budget pour 2025. Nous avons besoin de stabilité. Michel Barnier n'est pas de ma famille politique mais il a prouvé lors des négociations sur le Brexit qu'il est capable de trouver un consensus pour l'intérêt général. J'espère que ce sera de nouveau le cas. Il est également courageux d'occuper cette fonction. Au vu de l'état des finances publiques, sa tâche ne sera pas facile. Les Français de l'étranger méritent d'avoir un ministère qui s'occupe exclusivement d'eux comme ce fut mon cas. Cela m'a permis de porter des réformes importantes : la représentation politique avec la création des conseillers des Français de l'étranger, la consolidation de l'AEFE et la professionnalisation du centre de crise et de soutien (CDCS) du Quai d'Orsay.

 

 

Nous avons de belles équipes diplomatiques. Ils font un travail dans des contextes compliqués, des pays plutôt fermés.

 

 

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Vous rentrez d'un déplacement en Asie, à Séoul, Pékin, Tokyo et Kyoto. Quels enseignements vous en avez tiré ?

Tous mes déplacements comportent deux volets : le volet « Français de l'étranger » en compagnie de leurs élus locaux et le volet « bilatéral » pour rencontrer les autorités locales. Cela me permet de soutenir nos équipes diplomatiques et consulaires, culturelles, éducatives et économiques qui réalisent de beaux projets et renforcent nos relations bilatérales au quotidien dans des contextes parfois compliqués. Chaque rencontre apporte une pièce à un immense puzzle ce qui me permet de quitter le pays avec une image la plus complète possible.

Ce déplacement en Asie a démontré que cette région du monde attire de plus en plus de Français, en particulier en Corée du Sud qui jouit d'un soft power très attractif pour les jeunes générations. Ces derniers sont capables de porter des projets ambitieux alors que ces trois pays sont traditionnellement difficiles d'accès pour les étrangers. La France a fait de cette région une priorité en matière de géopolitique et de sécurité mais qu'elle ne connait pas suffisamment pour apprécier les changements massifs d'équilibres politiques qui sont à l'œuvre. Les rencontres de haut niveau sont absolument nécessaires pour les apprécier.

 

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Déplacements au Japon, Chine et Corée du Sud de Mme Conway-Mouray - septembre 2024 - source : site
Déplacements au Japon, Chine et Corée du Sud de Mme Conway-Mouray - septembre 2024 - source : site 

 

Quelle est votre feuille de route 2024 et les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

En tant que rapporteure du budget de l'équipement des forces armées françaises, je consacre une grande partie de mon temps aux auditions et à la préparation du projet de loi de finances. Par ailleurs, à chaque retour de déplacement, je saisis les administrations et les ministères pour faire progresser un certain nombre de dossiers et apporter des solutions aux problèmes évoqués lors de mes rencontres.

 

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Quant à la feuille de route, je vais continuer à aller au contact de nos compatriotes à l'étranger, des personnels en poste ainsi que mes interlocuteurs bilatéraux, notamment au Moyen-Orient et au Canada. Je souhaite également m'assurer que dans tous les textes de loi présentés au Parlement, les Français de l'étranger y trouvent leur place par le biais d'amendements que je présenterais s'ils sont oubliés. Enfin, je souhaite clarifier la relation entre les élus et l'administration dans l'application de la loi de 2013 pour qu'elle soit fidèle à sa philosophie et sa genèse.

 

*La Loi du 22 juillet 2013 sur la représentation des Français établis hors de France a notamment établi les conseils consulaires, chargés de formuler des avis sur les questions consulaires ou d'intérêt général, culturel, économique et social, concernant les Français établis dans la circonscription. Il définit le régime électoral, les conditions d'éligibilité et d'exercice des conseillers consulaires. La loi prévoit notamment de compléter les compétences de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE). Elle peut être consultée sur la situation des Français établis hors de France et sur toute question consulaire ou d'intérêt général les concernant et peut réaliser des études, émettre des avis et motions.

 

 

Nos ressortissants ne doivent pas être oubliés, surtout lorsqu’il y a des avancées dans la loi française.

 

Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs lepetitjournal.com ?

Les parlementaires ainsi que les élus locaux sont très attentifs aux problématiques de l'ensemble de nos compatriotes vivant à l'étranger et mobilisés pour apporter des réponses à leurs attentes. Je suis pour ma part particulièrement attentive et vigilante à la mobilité et à leur retour en France. Par exemple, lors du retour en France, il y a des dispositions qui n'ont pas été prévues pour eux car, même s’ils sont considérés comme Français, ils sont des étrangers pour l'administration en l'absence de compte bancaire ou fiche de paie. J’y suis particulièrement vigilante. 

 

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