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S’expatrier en famille : comment offrir des racines à ses enfants ?

S’expatrier en famille permet de vivre une expérience unique, ensemble. Cependant l’expatriation a également plusieurs inconvénients comme le sentiment d’isolement, l’impression de perdre ses repères et le mal du pays. Pour l’enfant, cela peut être particulièrement vrai et on peut se demander comment créer des racines pour son enfant en étant expatrié.

une famille qui part en expatriation, ou sont ses racines ?une famille qui part en expatriation, ou sont ses racines ?
Écrit par Expat Pro
Publié le 28 février 2025, mis à jour le 5 mars 2025

Ecrit pour Expat Pro par Isa LISE, experte auprès des familles sans école, spécialiste d’apprentissages alternatifs et des profils particuliers, créatrice du Monde de Mei et Noé, un univers pour apprendre.  


 

 

Expatriation en famille : les racines de nos enfants, c’est nous

En réalité, les premières racines de nos enfants sont créées en famille. Ce sont elles qui permettent à l’enfant de grandir en confiance et en se sentant aimé. Bonne nouvelle : c’est une expatriation en famille donc l’enfant dispose de ses racines principales. 

 


 

offrez-vous des moments « bonheur en famille » et plus particulièrement des moments que vous ne pouvez vivre qu’ici 

 

 

Les moments de doute liés à l’expatriation à partager

Après la période « lune de miel » où tout semble merveilleux dans le pays d’expatriation vient la phase « rejet » ou « crise ». A ce moment là, on peut remettre en question le choix d’expatriation. Les amis d’avant, la famille vous manquent. Vous craignez de ne pas pouvoir vous adapter. Et si les enfants n’étaient pas particulièrement partants au début, l’aventure peut devenir difficile à vivre. 

Partager ensemble ses doutes, exprimer ses émotions peut permettre de mieux vivre cette étape. Puis, listez ce qui vous plait où vous êtes. Rappelez-vous de ce qui vous a attiré dans ce pays.  Expliquez également aux enfants que vous avez lu que cette période d’incertitude était naturelle, partagée par les autres expats et surtout qu’elle est généralement transitoire. Ensuite arrive la période d’ajustement et d’adaptation.  En attendant, offrez-vous des moments « bonheur en famille » et plus particulièrement des moments que vous ne pouvez vivre qu’ici : par exemple les grands pique-niques à la plage partagés avec d’autres locaux.
 

Des lectures sur l’expatriation à partager

Pour échanger sur l’expatriation, rire de ses travers d’expat, identifier sa double culture (expat et Français), vous pouvez aussi proposer et partager des lectures. Sélection :  

  • Ulysse, petit expat de Mathilde Paterson et Laëtitia Zink
     
  • Nouveau pays, nouveau départ : livre pour les enfants sur les défis et les joies d’un déménagement à l’étranger par Melissa Garin
     
  • Elise, 7 ans, expatriée de Corinne Feuillet Luca et Virginie Houet
     
  • Top départ : les premiers pas vers l’expatriation des 7/12 ans de Cécile Gylbert
     
  • La petite fille au kimono rouge de Kay Haugaard
     
  • Journal d’une ado expatriée de Véronique Martin-Place
     
  • Les Expats, une BD juste et drôle sur la vie à l’étranger et les clichés français de Clémentine Latron
     

 

 

un enfant en expatriation cherche son chemin

 

 

Des moments privilégiés à partager dans sa famille d’expats

Hors période de crise, partager des moments privilégiés permet de renforcer les liens et de fortifier encore ces racines. La quantité n’est pas ce qui importe le plus, rien ne remplace la qualité. Mieux vaut de vrais moments ponctuels ensemble que de nombreux moments où en fait, personne ne regarde vraiment personne. 

On peut ainsi réserver des « rendez-vous » pour des temps partagés et pendant ce temps, les écrans sont mis de côté par tous. Difficile de demander à l’enfant de lâcher son écran si nous-mêmes, nous sursautons à chaque notification. On peut ainsi instaurer des heures sans écran pour être mieux ensemble (si famille avec ados, possible de le réserver à plusieurs heures une journée par semaine). Seule dérogation possible : les moments des reportages photos. 

 

 

Au final, l’expatriation est seulement un éloignement plus lointain et on peut créer un lien à distance. 

 

 

Expatriation : comment gérer d’être loin de sa famille et comment connaître son pays d’origine ?

Dans un autre pays, nos propres racines peuvent nous manquer et nous pouvons craindre le manque de racines plus lointaines pour nos enfants. Nous vous proposons donc quelques pistes pour maintenir ces liens à distance et permettre à l’enfant de savoir d’où il vient. 
 

 

Des échanges « ordinaires » avec sa famille restée en France ou dans un autre pays. 

Des gestes simples peuvent permettre de créer des liens forts. Parfois nous vivons dans un même pays, parfois à moins de 100 km les uns des autres et nos relations se distendent pourtant faute de créer des échanges ordinaires. Au final, l’expatriation est seulement un éloignement plus lointain et on peut créer un lien à distance. 

  • On peut ainsi s’appeler pour les petits et grands évènements : les premiers pas, un diplôme obtenu, mais aussi la réussite à un exposé qui tenait à cœur, une fête avec de nouveaux copains, une dent perdue, un animal qui a fait quelque chose d’amusant, etc. 
     
  • Pour celles et ceux qui n’aiment pas les échanges audios ou bien ceux qui veulent encore plus d’échanges, on peut aussi créer un groupe (WhatsApp, Signal, Messenger, etc.) sur lequel on ajoute des images, des smileys, des petits mots lorsqu’on en a envie. 
     
  • On peut aussi créer un blog public ou privé et le partager avec ses proches pour partager son aventure. 
     
  • On peut partager des « reportages photos » : lors de visites particulières, on prend des photos et on s’arrête régulièrement pour que nos proches vivent « en temps réel » notre visite, un peu comme s’ils étaient avec nous. 
     
  • Une fois par semaine ou tous les 15 jours, on se fixe un rendez-vous visio à heure fixe (zoom, skype, etc.) où on se retrouve et où on parle de ce qu’on souhaite. 
     
  • On note aussi les grands évènements : anniversaires, dates particulières pour s’envoyer un petit mot et montrer son attention à l’autre. 
     
  • On peut également créer un journal « à la Freinet » où les membres de la famille qui le souhaitent partagent une expérience, une blague, une visite, une histoire inventée, un coloriage à partir d’un de ses dessins. Ensuite, on envoie ce journal sous format PDF ou par la poste. L’idéal est l’échange de journal où d’autres proches envoient aussi leur petit journal. La fréquence est à déterminer pour une meilleure régularité, elle peut être mensuelle ou bi-mensuelle.
     

 

 

vivre en expatriation quand on est un enfant

 

 

Des échanges « extraordinaires » avec sa famille et ses amis restés en France lorsqu’on s’expatrie

En plus des propositions ci-dessus, on peut aussi pratiquer des échanges « extraordinaires » avec :

  • L’envoi de colis surprises où on partage quelques trouvailles alimentaires ou quelques particularités du pays où on est.
  • La réception de colis français : nos proches nous envoient des produits locaux. 

Dans les deux cas, optez pour des produits qui résistent à un voyage parfois long et vérifiez qu’ils peuvent voyager. Tous les pays n’ont pas les mêmes normes et il serait dommage que le colis ne puisse pas partir. 

  • Les retrouvailles annuelles où soit on revient en France, soit on accueille dans le pays d’expatriation. 

Deux remarques toutefois : pour un coût moins conséquent en « une fois », on peut prévoir une cagnotte mensuelle destinée à être cumulée dans cet objectif. 

De plus, si on revient en France, il peut être important de prévoir un temps assez long et/ou de faire des choix si on a prévu plusieurs visites au risque sinon de s’épuiser à courir partout, de ne profiter de personne et de rentrer épuisés.
 

Connaître sa culture d’origine lorsqu’on est expatrié

Même si on finit par s’installer dans le pays choisi, la double culture est très fréquente. Or, on peut se demander comment transmettre sa culture française hors de France. Pour cela, on peut :

  • Suivre certaines traditions françaises,
  • Proposer aux proches de raconter leur histoire et ce qu’ils vivent, 
  • Inciter les enfants à prendre conscience des différences culturelles et leur faire réaliser qu’il n’y a pas de supériorité culturelle, mais des cultures différentes, 
  • Lire des livres en français,
  • Regarder des dessins-animés et des films français,
  • Proposer des supports pédagogiques visant à mieux connaitre et comprendre la France.

 

 

Connaître quelques codes locaux pour bien s’intégrer peut également être un plus.

 

 

un enfant en expatriation cherche son chemin

 

 

Etre expatrié et se créer de nouvelles racines

En plus des racines familiales et élargies, il apparait utile de se créer de nouveaux repères, de nouvelles racines. Parfois, l’enfant peine à s’intégrer ; parfois il peut même être dans le refus, il peut vouloir retourner en France et ne pas vouloir construire de relations car « c’est seulement pour un an ». 

Par l’exemple, nous pouvons lui montrer que ça vaut la peine de s’investir tout de même dans de nouvelles relations. Après tout, il parvient encore à échanger avec mamie et papy, pourquoi ne le pourrait-il pas avec ses nouveaux amis ? Sans parler du fait que chaque nouvelle expérience nous enrichit et ouvre notre regard. Il va finalement construire un incroyable réseau multi-culturel et international. Pour l’aider à s’intégrer, on peut se tourner vers les réseaux d’expats ainsi que les associations sportives et culturelles locales ; mais aussi toutes sortes d’activités qui vont permettre de nouvelles rencontres. 

Connaître quelques codes locaux pour bien s’intégrer peut également être un plus. Entre les pays où on prend le temps de s’observer et les pays où on se serre directement dans les bras, les écarts sont parfois conséquents. Quelques notions de base sur le pays d’accueil sont donc un plus pour s’intégrer plus rapidement.