L'attentat a fait 26 morts, des touristes Indiens et un touriste Népalais. Si le Pakistan nie toute responsabilité, l'Inde accuse le pays de soutenir le terrorisme transfrontalier.


L'Attentat de Pahalgam au Jammu-Cachemire
Ce 15 avril 2025, une attaque terroriste a visé un convoi de touristes à Pahalgam, dans la région de Jammu-et-Cachemire, en Inde. Des hommes armés ont ouvert le feu sur un minibus transportant des civils, faisant 26 morts et plus de vingt blessés. L’attaque a eu lieu dans une zone montagneuse prisée des visiteurs.
L’attaque de Pahalgam a été revendiquée par The Resistance Front (TRF), également connu sous le nom de Kashmir Resistance. Ce groupe est largement considéré par les autorités indiennes comme un proxy du groupe terroriste pakistanais Lashkar-e-Taiba (LeT).
The Resistance Front est apparu en 2019, à la suite de la révocation du statut spécial du Jammu-et-Cachemire par l’Inde, et a depuis été impliqué dans plusieurs actions militantes dans la région.
La réponse de l'Inde face à cette attaque
Le premier ministre Indien Narendra Modi, qui se trouvait en visite en Arabie saoudite a très vite déclaré sur la plateforme sociale X anciennement twitter : "Les auteurs de cet acte odieux seront traduits en justice... ils ne seront pas épargnés! Leur plan diabolique ne réussira jamais. Notre détermination à lutter contre le terrorisme est inébranlable et elle sera encore plus forte."
Réuni en urgence, le Cabinet de sécurité indien (Cabinet Committee on Security) présidé par le Premier ministre Narendra Modi a décidé de suspendre unilatéralement plusieurs accords bilatéraux clés. La décision la plus retentissante est la suspension du Traité des eaux de l’Indus, un accord historique signé en 1960 sous l’égide de la Banque mondiale, qui répartit l’usage des fleuves de l’Indus entre les deux pays. Pour New Delhi, ce traité n’est plus tenable tant que le Pakistan « tolère ou soutient activement le terrorisme transfrontalier ».
Parallèlement, l’Inde a :
- expulsé les attachés militaires pakistanais de son territoire,
- réduit drastiquement le personnel diplomatique pakistanais à New Delhi,
- fermé le poste frontalier d’Attari, principal point de passage terrestre,
- annulé tous les visas délivrés aux Pakistanais, hors motifs médicaux urgents
- et appelé ses ressortissants à quitter le Pakistan sans délai.
Ces mesures visent à « réévaluer intégralement » la relation avec le Pakistan, qualifiée par plusieurs membres du gouvernement indien d’« insoutenable tant que l’État pakistanais continue de jouer un double jeu ».
Le Pakistan dément toute implication et réciproque diplomatiquement
Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a nié toute implication du Pakistan, affirmant que l'attaque avait été menée par des insurgés « d’origine locale » en Inde. Il a déclaré que plusieurs régions indiennes, y compris le Cachemire, connaissaient des révoltes internes contre le gouvernement indien.
Islamabad a également mis en garde contre toute tentative indienne de non-respect du traité de l'Indus, affirmant qu’un tel acte serait interprété comme une déclaration de guerre. Il faut savoir que le respect de ce traité est indispensable pour le développement et même la survie du Pakistan et de ses citoyens : 80 % de ses terres cultivées dépendent directement des eaux des rivières de l’Indus, à sa consommation d’eau et à sa stabilité économique. Étant un pays aride, il n’a pas d’alternative majeure à ces ressources.
Le Pakistan accuse l’Inde d’instrumentaliser le terrorisme pour « détourner l’attention de sa politique de répression au Cachemire » et critique une récente loi sur la gestion des propriétés musulmanes (Waqf), qu’il qualifie de discriminatoire. Son conseil de sécurité, dirigé par le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, a donc lui aussi réciproqué avec :
- fermeture de l’espace aérien aux compagnies indiennes,
- suspension de tout commerce bilatéral,
- expulsion des diplomates indiens,
- fermeture du poste frontalier de Wagah,
- l'annulation des visas SAARC pour les Indiens, à l’exception des pèlerins sikhs.
Vers un conflit ouvert ?
La suspension du Traité des eaux de l’Indus marque un tournant stratégique. En s’affranchissant de ses obligations, l’Inde pourrait contrôler davantage le débit des rivières alimentant les plaines pakistanaises, en particulier pendant la saison des semailles. Des analystes évoquent un « levier hydrique » susceptible de déséquilibrer l’économie agricole du Pakistan.
Sur le plan diplomatique, cette rupture semble annoncer une ère de gel prolongé, voire de détérioration irréversible des relations bilatérales. Alors que les États-Unis et les pays du Golfe appellent à la retenue, peu d’observateurs voient une désescalade rapide. Les deux puissances nucléaires s’accusent mutuellement d’attiser les flammes, tandis que les populations civiles, des deux côtés de la frontière, redoutent un nouveau cycle de violence.
Le président français Emmanuel Macron, qui s'est entretenu dans la soirée (24 avril) avec le premier ministre Narendra Modi a déclaré sur X : "Je viens de m’entretenir avec le Premier ministre Narendra Modi suite à l’infâme attentat commis mardi dernier, au cours duquel des dizaines de personnes innocentes ont perdu la vie. Le peuple indien peut compter sur la solidarité et l'amitié de la France au moment où il traverse une telle épreuve. Nous avons toujours été et serons toujours unis dans notre combat contre le terrorisme, sous toutes ses formes".
Je viens de m’entretenir avec le Premier ministre @narendramodi suite à l’infâme attentat commis mardi dernier, au cours duquel des dizaines de personnes innocentes ont perdu la vie.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 24, 2025
Le peuple indien peut compter sur la solidarité et l'amitié de la France…
Sur le même sujet
