C'est dans une des salles feutrées du Sénat que s'est tenu le colloque Français du monde – ADFE, le 27 septembre dernier, sur la thématique « Se former, travailler, entreprendre à l'étranger ». Le colloque, présidé par Claudine Lepage, sénatrice représentant les Français établis hors de France, portait sur les réalités et les enjeux de l'expatriation professionnelle de nos jours.
« Face à l'internationalisation des entreprises, la réponse des différents acteurs n'est pas forcément à la hauteur », a déclaré Claudine Lepage lors de son intervention en ouverture du colloque. Le ton est donné, tout le bénéfice de cette rencontre porte sur la bonne préparation de l'expatriation.
Avec une communauté française à l'étranger qui a pratiquement doublé en vingt ans, actuellement estimée à 3 millions de personnes, et face à une internationalisation croissante des entreprises, le profil type de l'expatrié est en perpétuelle mutation.
Qui sont ces nouveaux expatriés ?
Même s'il est difficile de dresser un profil type du nouvel expatrié, les jeunes qui partent en ERASMUS ou qui postulent au programme V.I.E (Volontariat International en Entreprise), ont la part belle, même s'ils ne représentent pas la majorité des profils expatriés. L'expatrié « classique » qui est envoyé par son entreprise, tous frais payés avec les enfants au Lycée français est en voie de disparition.
Une enquête Expat-communication démontre que l'expatriation est vécue d'abord comme une aventure humaine et culturelle. Évidemment, les expatriés partent aussi pour dynamiser leur carrière. Pour 60% d'entre eux c'est une opportunité pour améliorer leur niveau de vie.
La plupart des Français qui décident de s'expatrier le font à deux ou en famille. Généralement, le conjoint qui accompagne est globalement moins satisfait que le conjoint missionné. D'ailleurs, 40% des conjoints estiment qu'ils se sacrifient lors d'une expatriation, et autant craignent que leur couple ne tienne pas le coup lors de cette nouvelle aventure.
Pas facile d’être expat !
Cela dit, cela ne se fait pas toujours sans embûches. Ainsi, pour 76% d'entre eux il est aussi difficile de partir que de revenir, pour de multiples raisons. D'abord, la difficulté de s'intégrer dans un nouvel environnement, barrière de la langue, adaptation à la culture locale et surtout les conditions de travail n'ont rien à voir avec celles que le salarié peut expérimenter en France.
Si les expatriés attendent beaucoup de leurs carrières à l'international, il y a toute une logique d'adaptation et d'inter-culturel à intégrer. Il est capital de comprendre la culture et la langue du pays d'accueil pour être un bon manager proche de ses équipes. Il paraît évident qu'on ne manage pas un Singapourien et un Américain de la même façon.
En ce qui concerne les conjoints d' expatriés souhaitant se réorienter, entreprendre ou tout simplement trouver du travail, l’État français met à la disposition des citoyens bon nombre d'outils pas assez connus et pas assez exploités. Près de 60% des conseillers consulaires interrogés ne savent pas orienter le citoyen.
Un retour compliqué
Après une expérience à l'étranger, il faut se demander quel genre de professionnel l'expatrié est devenu. Parmi les angoisses liées au retour, figure également la peur de ne pas être assez valorisé par les entreprises françaises, qui ne savent pas forcément quoi faire des profils atypiques. Selon Alix Carnot, Directrice pôle Expat Intelligence , et fondatrice de la coach académie, « c'est à chacun de nous de montrer quel genre de professionnel nous sommes ».
En plus de la peur de ne pas être apprécié à sa juste valeur dans le monde de l'entreprise en France, d'autres appréhensions freinent le retour telles que la méconnaissance des expatriés pour préparer leur retraite.
C'est un point qui revient souvent et ils sont nombreux à déclarer que c'est une source d'angoisse pour eux. En cause ? Le manque d'interlocuteurs à l'étranger. Il est vrai que d'importants efforts sont concentrés sur la dématérialisation, et que la France est le pays qui offre le plus de services à ses citoyens, mais tout le monde n'est pas égal face à cette dématérialisation, d'où la nécessité de sauvegarder le service public de proximité et de maintenir certains guichets ouverts.