Dimanche 15 septembre, France 5 diffusera Royaume-Uni : du Brexit au Bregret, un documentaire signé Thomas Johnson. Quatre ans après son film sur les coulisses du Brexit, il nous livre cette fois une vision amère d'un pays qui semble perdu, trahi par les promesses non tenues d'un projet politique qui a divisé la société britannique en profondeur.
Le Brexit ou le rêve brisé des lendemains meilleurs
Il est impossible de regarder Royaume-Uni : du Brexit au Bregret sans ressentir une forme d'amertume, voire d'incompréhension. Thomas Johnson, réalisateur franco-britannique, avait déjà filmé le tumulte du Brexit en 2019. Cette fois, il revient avec un recul qui fait mal. Le constat est brutal : les promesses de reprendre le contrôle, d'améliorer le sort des pêcheurs, de sauver le NHS, se sont évaporées. Ce film est un miroir tendu à une société qui, comme le dit Johnson lui-même, "ne sait plus qui croire".
À travers des témoignages bouleversants, on voit bien à quel point le Brexit a fait des ravages. Les pêcheurs d'Hastings, jadis si fiers d'avoir soutenu le "Leave", se sentent aujourd'hui trahis. Un d’eux raconte qu'il n'y a presque plus de poissons à pêcher, et que Michael Gove, ministre de l’Environnement de l'époque, n'a jamais tenu ses promesses. “On a été trahis. Une promesse est une promesse” ajoute t-il, affligé. Thomas Johnson n'a pas besoin d'en faire des tonnes : les images parlent d'elles-mêmes, et la douleur des habitants est palpable.
Le réalisateur ne se contente pas de compiler des faits ; il met en lumière les contradictions d'un projet qui, dès le départ, s'est fondé sur des slogans vides. "Take Back Control", résonne encore dans les esprits, mais qu'en reste-t-il ? Le NHS, censé recevoir 350 millions de livres par semaine, est au bord de l'effondrement, les grèves se multiplient, les infrastructures s'effondrent. La physicienne Jane Anderson lance alors cette phrase simple mais déchirante : "Dans quel type de société vivons-nous si nous ne prenons pas soin les uns des autres comme on estime qu’il faudrait le faire ?"
Les illusions perdues d’une nation en quête d’elle-même
Le documentaire montre aussi une société fracturée. Thomas Johnson parle ouvertement de sa propre expérience en tant que franco-britannique, expliquant que le Brexit a divisé les familles, parfois de manière invisible. "On passe tout ça sous silence lors des réunions familiales," confie-t-il avec une certaine mélancolie. Cette fracture est palpable tout au long du film, des côtes de Hastings aux rues de Londres, où les citoyens expriment leur désillusion face à un projet qui leur promettait tant et qui, au final, n’a apporté que plus d’incertitudes.
"Il faut répondre à la colère populaire sans tomber dans le piège du populisme."
Une scène marquante est celle où Michel Barnier et Stanley Johnson (le père de Boris) marchent côte à côte. Leur discussion, filmée avec simplicité, incarne toute l’ironie de cette situation : un europhile convaincu aux côtés de l’homme, aujourd’hui citoyen français, dont le fils a mené le Royaume-Uni à la rupture. Barnier, aujourd’hui Premier ministre français, résume bien l'enjeu du film en affirmant : "Il faut répondre à la colère populaire sans tomber dans le piège du populisme."
Quatre ans après, Royaume-Uni : du Brexit au Bregret ne cherche pas à tout expliquer, mais plutôt à nous montrer ce qui reste. Ce film, bien que dense et factuel, est avant tout un constat de tristesse, de colère et d'un sentiment général de trahison. Thomas Johnson l’avoue : "Les Britanniques ne savent plus vers qui se tourner." Et c'est bien là que réside toute la tragédie de cette histoire.