Sandra Sydow a tout quitté, y compris une carrière en marketing, pour aligner ses valeurs personnelles et professionnelles à son engagement environnemental. Co-fondatrice de l’association Planet On Stage, elle a contribué au développement de conférences dynamiques pour sensibiliser à l’urgence climatique. De son déclic aux solutions qu’elle propose, voici son histoire et sa vision des enjeux environnementaux majeurs de notre époque.


Du monde publicitaire et médiatique à un engagement pour la transition écologique
Alors qu’elle occupe un poste-clé dans le marketing international, Sandra Sydow ressent un profond malaise. Son travail consiste à créer des besoins artificiels pour inciter à la consommation, une approche qui entre en conflit avec sa conscience écologique : “Je participais à la construction d’un monde dans lequel je ne voulais pas voir vivre mes enfants”.
Le 15 mars 2019, alors qu’elle accompagne son fils de 16 ans à une marche des Fridays For Future, elle a un véritable déclic : “J’ai fondu en larmes. Mon fils devait se concentrer sur son avenir, et c’était à moi de mener ce combat”. Dès lors, elle prend une décision radicale : quitter l’industrie publicitaire et aligner pleinement ses valeurs professionnelles et personnelles avec son engagement pour la transition écologique : “J’ai changé de cap et me suis réinventée”.
Le développement d’une approche innovante pour sensibiliser à la transition écologique
Sandra Sydow commence par s’impliquer dans le bénévolat, notamment avec La Fresque du Climat, mettant à profit son expérience en communication. Très vite, elle perçoit le besoin de formats complémentaires pour toucher un public plus large et accélérer la transition écologique : “J’ai fait de l’analyse d’audience toute ma vie. Pour capter l’attention et encourager le passage à l’action, il fallait également des formats plus courts et engageants. La publicité m’a appris que nous avons très peu de temps pour convaincre”.
Elle s’associe alors à Frédéric Aubert, qui partage ses objectifs et convictions, et ensemble, ils conçoivent un nouveau format de sensibilisation au réchauffement climatique. Leur concept : des prises de paroles courtes sous forme de conférences dynamiques, entre 60 et 90 minutes, accessibles, interactives et motivantes, destinées à toucher une audience la plus large possible.
En 2020, ils lancent leur première conférence : Le “Pitch Climat”, qui rencontre un succès immédiat. Des entreprises françaises, comme la SNCF ou Leroy Merlin s’y intéressent rapidement. Face à cet engouement, Sandra Sydow et Frédéric Aubert forment de nouveaux intervenants pour déployer leur format à l’international, dans les entreprises, les universités et les écoles.

La naissance de Planet On Stage : former et sensibiliser à grande échelle
Fort de ce succès, le duo fonde leur propre association : Planet On Stage, avec pour ambition de développer d’autres conférences sur des enjeux environnementaux et sociétaux, comme le “Pitch Impact Numérique”, qui explore l’impact de l’intelligence artificielle et du numérique sur l’environnement.
Sandra Sydow résume ainsi leur mission : “Nous rendons accessibles et compréhensibles des sujets complexes comme le réchauffement climatique et formons ceux qui porteront ce message, en France et à l’international. Ils ne doivent jamais manquer une occasion de parler avec impact et conviction. Pour accélérer la transition écologique, nous devons convaincre aussi bien les universitaires que les entreprises, les collectivités, les mairies et le grand public”.
Aujourd’hui Planet On Stage c’est :
- 20000 participants dans le monde
- 330 conférences traduites en 6 langues
- 148 conférenciers présents dans plus de 15 pays et sur 5 continents

Un public plus concerné par le changement climatique ?
Sandra Sydow constate de grandes disparités selon les territoires. En France, elle souligne l’impact croissant des associations engagées pour la transition écologique, comme La Fresque du Climat, qui a déjà réuni deux millions de participants dans le monde, dont 1,6 million en France. Elle salue aussi les efforts des journalistes dans la sensibilisation au réchauffement climatique, citant le Journal Météo Climat lancé par France Télévisions en 2023.
Elle insiste par ailleurs sur le fait que la prise de conscience écologique est plus marquée lorsque les populations vivent directement les conséquences du réchauffement climatique : “En Californie, par exemple, le réchauffement climatique est à leur porte, la sensibilisation devient alors une évidence”.
Enfin, Sandra Sydow aborde le cas du Nigéria, où la problématique est bien différente. “Les inondations et les sécheresses y sont récurrentes, et les habitants en sont les premières victimes. Alors la question n’est pas : ‘Comment réduire nos émissions de CO2 ?´, mais : ´Comment se préparer à un monde en transition et assurer la sécurité alimentaire de la population ?´”.
Sensibiliser en temps de crise économique et sociale ?
Sandra Sydow reconnaît que, même dans les pays occidentaux, de nombreux ménages subissent de plein fouet la crise, rendant délicate toute discussion sur leur rôle dans la transition écologique : “Il y a ceux qui ne peuvent plus payer leurs factures ou qui peinent à nourrir leur famille. Quelle posture adopter face à eux ? Qui sommes-nous pour leur demander d’être acteurs dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Il est essentiel d’adapter notre discours à ces réalités”.
La cofondatrice de Planet On Stage insiste sur la nécessité de repenser la sensibilisation : “Nous sommes à un point de bascule. Ce n’est pas l’action individuelle seule qui fera la différence, mais les changements structurels que nous réussirons à mener collectivement”.
Sandra Sydow met aussi en avant les initiatives qui s’adaptent à ces enjeux, comme celle de Féris Barkat, fondateur de l’association Banlieues Climat, qui encourage les jeunes issus de quartiers défavorisés à s’intéresser aux questions écologiques et à s’engager.
Inspirer la jeunesse par un discours moins anxiogène
Pour Sandra Sydow, il est crucial de réintroduire l’émerveillement dans le récit de la lutte contre le réchauffement climatique : “Ces dernières années, le discours sur le futur a été extrêmement brutal et négatif. Or, ce n’est pas juste. Nous avons encore une page blanche à écrire. Le futur est entre nos mains et peut être bien meilleur que le présent que nous vivons aujourd'hui. C’est cette vision que nous devons remettre au centre de nos échanges”.
“Ces dernières années, le discours sur le futur a été extrêmement brutal et négatif. Or, ce n’est pas juste. Nous avons encore une page blanche à écrire. Le futur est entre nos mains et peut être bien meilleur que le présent que nous vivons aujourd'hui. C’est cette vision que nous devons remettre au centre de nos échanges”
Dans cette optique, son équipe travaille ses interventions afin de mettre en lumière les solutions et les initiatives locales, qui, bien que nombreuses, restent trop peu visibles. “Comment les répertorier ? Comment leur donner une voix ? Il faut les médiatiser pour qu’elles surpassent le flot d’annonces catastrophiques et qu’elles inspirent à leur tour de nouvelles initiatives”.
Elle insiste sur l’importance de transmettre aux jeunes de la volonté et de la force : “Quand je vais dans les universités, mon objectif est simple : leur donner envie d’agir, leur montrer que des opportunités extraordinaires les attendent, que des projets ambitieux se construisent déjà et qu’ils peuvent y prendre part. La vie peut être bien meilleure que celle que nous avons connue”.
Peut-on encore inverser la tendance ?
Pour répondre à cette question, Sandra Sydow s’appuie sur le mouvement mené par Christiana Figueres et Tom Rivett-Carnac : Outrage + Optimism, qui propose une vision à la fois réaliste et optimiste de la situation. Ils insistent sur la nécessité de rester des stubborn optimists, conscients des défis mais convaincus que des solutions existent et doivent être mises en œuvre. "Leur approche est inspirante : ils montrent que nous devons accepter la réalité tout en cultivant un optimisme déterminé, une posture essentielle pour agir et transformer l’avenir”.
Elle cite également What if we get it right ? d’Ayana Elizabeth Johnson, qui souligne l’importance d’un optimisme actif pour avancer : “C’est intéressant car nous utilisons souvent le “si” pour exprimer des craintes, alors qu’il pourrait être un moteur d’espoir et de transformation”.
Sara Sydow rappelle que l’histoire de l’humanité regorge de défis qui semblaient insurmontables, et qui ont pourtant été relevés : “Nous pouvons proposer une vision optimiste et motivante qui nous pousse à agir pour changer le cours des choses et bâtir un avenir meilleur”.
“Nous pouvons proposer une vision optimiste et motivante qui nous pousse à agir pour changer le cours des choses et bâtir un avenir meilleur”
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