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Karine Rivoallan, graphopédagogue à Madrid: "L’écriture ça s’apprend et se réapprend"

Karine Rivoallan, fondatrice à Madrid du cabinet de graphopédagogie "Boli-Grapho", n'est pas du genre à rester les deux pieds dans le même sabot. C'est en donnant libre cours à sa curiosité et son envie d'entreprendre qu'elle aura plus d'une fois su sortir de sa zone de confort, pour découvrir de nouveaux horizons. Et c'est comme enseignante en Maternelle au Lycée Français de Conde de Orgaz, que cette Parisienne de naissance et Bretonne d'adoption aura ainsi observé les mécanismes d'acquisition de l'écriture, mais aussi les travers liés à une mauvaise pratique.

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Karine Rivoallan, fondatrice à Madrid du cabinet de graphopédagogie "Boli-Grapho" / DR
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 10 mars 2025, mis à jour le 11 mars 2025

Passionnée depuis longtemps par ce sujet, elle décide en 2023 de se former à la rééducation de l'écriture manuscrite et tient, depuis septembre 2024 et en parallèle de son activité scolaire, une consultation à son domicile. Son regard sur l'acte d'écrire, à l'époque du tout numérique, est particulièrement éclairant. "L'écriture à la main active et stimule plusieurs zones du cerveau ce qui présente un intérêt réel dans les mécanismes de mémorisation, mais aussi en termes de créativité" rappelle-t-elle.

 

J'ai toujours souhaité vivre à l'étranger

En 2009, alors en congé parental, elle arrive en Espagne pour suivre son conjoint détaché à Madrid. Professeure des écoles à Rennes, après 15 ans dans la finance, elle avait quelques années plus tôt réalisé une reconversion réussie, "qui donnait du sens" à son activité professionnelle. Sa quête de sens était d'ailleurs aussi à l'origine d'un autre projet, celui de monter une boulangerie artisanale, qu'elle avait longuement mûri, avant de tourner la page. "J'ai toujours eu envie d'entreprendre et aussi toujours souhaité vivre à l'étranger", reconnaît-elle, "mais à ce moment-là, l'expatriation m'est tombée dessus un peu à contre-temps". Elle aura donc dû faire preuve de résilience et d'une certaine dose d’imagination pour s'adapter d'abord et retrouver sa place dans la vie active ensuite. "J'ai mis du temps à me trouver, mais aujourd’hui je suis hyper alignée avec ce que je fais", déclare-t-elle encore. Concernant son rôle d'enseignante en Maternelle, "on a une énorme responsabilité, celle de donner envie à nos jeunes élèves" d'aller à l'école estime-t-elle. "C’est également en Maternelle que sont enseignées les bases essentielles de l’apprentissage de l’écriture faisant de cette étape un moment clé pour développer les compétences graphiques, motrices et cognitives nécessaires au geste graphique". 

Quand écrire génère des douleurs, de la lenteur ou des problèmes d’illisibilité

C'est donc auprès des plus petits, au Lycée Français, qu'elle dispose depuis plusieurs années d'une position privilégiée pour observer comment les enfants s'initient à l'écriture. "Ils sont eux-mêmes impressionnés par leur propre capacité à écrire", sourit-elle à cet égard, "et c'est merveilleux de voir leurs progrès et de pouvoir les accompagner dans leur apprentissage". Mais mal écrire, est-ce vraiment un problème ? Surtout à une époque où le clavier remplace toujours plus la plume ? Pas forcément répond la spécialiste. On peut « mal » écrire et très bien vivre avec. "On ne va rééduquer l'écriture que lorsque cela pose problème", explique-t-elle, "notamment quand écrire génère des douleurs, de la lenteur ou des problèmes d’illisibilité". Dans ces cas précis, la rééducation est primordiale, d'autant que "dans le système scolaire l'écriture est quotidienne".

 

Illustration de ce que permet la mémoire procédurale

Travailler la mémoire procédurale

 

Si elle s'adresse aux enfants à partir de la moyenne section (4 ans), Karine Rivoallan est aussi amenée à suivre des élèves de tout âge scolaire mais également des étudiants ou des adultes, "des élèves qui préparent des examens notamment", principalement parce que leur rythme de production s'avère trop lent ou parce que, autre sérieux problème, leur écriture s'avère illisible. "On travaille sur une capacité motrice très complexe qui doit être automatisée. On parle aussi de mémoire procédurale", observe la graphopédagogue. Si à défaut d'avoir automatisé l'écriture, l'élève se concentre sur l'acte d'écrire plutôt que sur le sens de ce qu'il doit ou veut écrire, "cela peut être très pénalisant pour ses apprentissages". "L'estime de soi qui résulte d'une écriture efficace, fluide et confortable est très gratifiante à rétablir", développe Karine Rivoallan : "Quand l'enfant n'est plus le dernier à finir à l'école, quand il ne perd plus de points parce qu'il n'a pas pu être lu par le professeur, il gagne en confiance et en estime de soi".

 

karine rivoallan boli-grapho
La graphopédagogue travaille par famille de gestes en privilégiant une approche ludique / DR


"J'ai deux catégories d'élèves", poursuit-elle : "Ceux qui ont pris de mauvaises habitudes et ceux pour lesquels la difficulté d'écriture est associée à un trouble comme la dysgraphie". Dans tous les cas, on va avoir pour objectif l’automatisation du geste d'écriture autant que faire se peut. Les séances ont lieu toutes les 3 semaines "car c’est le temps nécessaire au cerveau pour intégrer de nouvelles habitudes" et généralement entre 6 et 8 séances d'1 heure environ pour atteindre des résultats probants, avec des petits exercices quotidiens de 10 minutes par jour à la maison, entre chaque rendez-vous. "L'implication est primordiale", estime Karine Rivoallan. Les premières séances seront dédiées à muscler et délier les doigts, les suivantes à travailler certains gestes importants (pliés, dépliés et rotations), pour donner du mouvement et de la mobilité aux doigts. "Pour bien écrire, il est essentiel de bien tenir son crayon, d’avoir une bonne posture et d’avoir intégré les gestes de base", résume-t-elle. Boucles, étrécies, ponts et rouleaux… la graphopédagogue travaille par famille de gestes en privilégiant une approche ludique. "Je ne suis ni thérapeute, ni magicienne", aime-t-elle à répéter, "et je n'ai pas des patients, mais des élèves", précise-t-elle. Bref, on parle bien de rééducation. "Alors quand l’élève parvient à écrire sans plus penser au comment, c'est gagné", conclut Karine Rivoallan.

 

karine rivoallan boli-grapho

 

 

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Pour plus d’informations, contacter :

Karine Rivoallan
TLF : +34 625 026 168
Email : contact@boli-grapho.com