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Italie : le gouvernement établit un plan pour renouer avec l’énergie nucléaire

Le gouvernement de Giorgia Meloni veut renouer avec le nucléaire, et a adopté vendredi, un projet de loi qui pourrait rouvrir la voie au retour de la production en Italie, 40 ans après son abandon.

Tours de béton centrales nucléaires UnsplashTours de béton centrales nucléaires Unsplash
Photo de Lukáš Lehotský sur Unsplash
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 2 mars 2025, mis à jour le 3 mars 2025

L’Italie prépare le terrain pour une relance de l’énergie nucléaire dans le pays, des décennies après que les référendums de 1987 et 2011 aient conduit à son abandon progressif. Le Conseil des ministres italien a adopté le 28 février, un projet de loi d’habilitation établissant un cadre réglementaire complet sur un nouveau nucléaire durable.

La loi d'habilitation prévoit que « le gouvernement adoptera une série de décrets législatifs dans les 12 mois suivant l'adoption de la loi par le Parlement ».

Aussi, le texte couvre plus aspects : une production durable d’énergie nucléaire, le déclassement et le démantèlement des centrales existantes, la gestion des déchets radioactifs et du combustible usé, la recherche et le développement de l’énergie de fusion, ainsi que la réorganisation des compétences et des responsabilités dans le secteur.

L’objectif du gouvernement, réaffirmé dans un communiqué, est d’accroître la sécurité énergétique, de réduire les coûts de l’énergie et de contribuer aux objectifs de décarbonation, tels qu'ils sont définis dans le Plan national intégré pour l'énergie et le climat. Selon ce plan, l’énergie nucléaire devrait fournir entre 11 % et 22 % de l’électricité du pays d’ici 2050.

"Avec le nucléaire de dernière génération, combiné aux renouvelables, nous serons en mesure d'atteindre les objectifs de décarbonation, et de garantir ainsi la pleine et entière sécurité énergétique du pays", a affirmé le ministre de l'Energie, Gilberto Pichetto Fratin.

 

Technologies nouvelles

Le gouvernement entend dépasser la longue saison anti-nucléaire en rappelant l’avancée technologique des réacteurs de troisième et quatrième générations, qui « assurent un bon de de qualité en termes de sécurité et d’efficacité » ainsi que les technologies nouvelles, telles que les petits réacteurs modulaires (SMR) et les réacteurs modulaires avancés (AMR) qui devraient être commercialisés à l’horizon 2030.

 

Un programme vers le nucléaire d’ici 2030 en Italie

Sur le plan opérationnel, le programme nucléaire italien devrait voir la création d’une nouvelle société soutenue par l'État, et fondée par le groupe énergétique Enel, la société d'ingénierie Ansaldo et le groupe de défense Leonardo, qui aura pour mission la recherche et le développement de technologies nucléaires de troisième et quatrième générations.
Cette nouvelle entité, fortement souhaitée par l'exécutif, rassemble une grande partie de l'expertise italienne dans le domaine. Également active dans la Péninsule, à Turin, Newcleo : une multinationale européenne, mais avec une forte présence italienne, qui prévoit de mettre sur le marché de nouveaux réacteurs refroidis au plomb liquide au début des années 2030.

Les discussions interviennent dans un contexte de crise des prix de l’énergie en Italie.
L’Italie a actuellement l’un des prix de l’électricité les plus élevés d’Europe - 40 % plus élevés qu’en France - du fait, notamment, de sa dépendance au gaz naturel et à un manque général d’indépendance énergétique.

 

1986 et 2011 : deux référendums ayant mis fin au nucléaire en Italie

Si l'Italie a été un pionnier de l'énergie nucléaire, les Italiens ont, à deux reprises, voté massivement contre, entraînant son abandon progressif.
* En 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, le Italiens ont voté à 80% contre le nucléaire, entraînant la fermeture progressive des centrales. Le pays a compté quatre réacteurs nucléaires, en cours de démantèlement. Les dernières centrales ont fermé en 1990.
* En 2011, après l'accident de Fukushima, les Italiens ont voté à 94% pour « l’abrogation des nouvelles normes qui permettent ma production sur le territoire d’énergie électrique nucléaire », contrecarrant la tentative de relance du nucléaire, voulue par Silvio Berlusconi.

 

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