Lancée en 2022, la jeune pousse CIVISION propose une plateforme innovante d’aide à la décision pour les municipalités et les entreprises, fondée sur l’intelligence artificielle et les données publiques. Portée par un duo franco-français installé au Québec, l’entreprise séduit de plus en plus d’acteurs territoriaux désireux d’appuyer leurs choix politiques sur des données concrètes. Couronnée d’un prix d’excellence lors du dernier gala de la Chambre de commerce et d'industrie française au Canada, CIVISION confirme son ancrage et son potentiel.
Une ville, des données, une simulation
CIVISION, c’est un peu le SimCity des décideurs publics. À partir d’un tableau de bord géolocalisé et d’une série de données croisées – démographie, zonage, entreprises locales, indicateurs socio-économiques – les utilisateurs peuvent simuler l’impact de futurs projets urbains. « L’idée, c’est de fournir aux municipalités un outil qui les aide à anticiper, à mesurer et à comparer les effets de leurs décisions », explique Elisa Groslier. Aujourd’hui, CIVISION compte une trentaine de MRC parmi ses clients, de la grande ville à la ruralité profonde.
SimCity est un jeu vidéo de simulation urbaine lancé en 1989, dans lequel le joueur incarne un maire chargé de construire et de gérer une ville. Il doit y équilibrer développement résidentiel, infrastructures, budget et qualité de vie des citoyens, tout en anticipant les crises.
Une MRC, ou municipalité régionale de comté, est une structure administrative propre au Québec qui regroupe généralement une dizaine de municipalités d'un même territoire. Elle coordonne des services régionaux tels que l’aménagement du territoire, la gestion des matières résiduelles ou encore le développement économique. Le Québec compte 104 MRC.
De Montpellier à Montréal : un rêve devenu projet
C’est à Montpellier qu’Elisa Groslier rencontre Nicolas Iglesias, son partenaire dans la vie et aux affaires. Ensemble, ils décident de traverser l’Atlantique pour fonder une entreprise à leur image. « À 26 ans, on s’est dit que c’était maintenant ou jamais. On voulait créer quelque chose d’utile, dans un pays francophone. Le Québec nous semblait être le bon terrain d’expérimentation », raconte-t-elle. Hébergée dès ses débuts à la base entrepreneuriale du HEC Montréal, CIVISION bénéficie d’un écosystème d’accompagnement précieux.
L’intelligence artificielle au service des territoires
Au cœur de la technologie CIVISION : l’intelligence artificielle. Elle est utilisée de deux manières. « D’abord pour automatiser la collecte et le croisement de données. Ensuite, via l’IA générative, pour que l’utilisateur puisse poser directement une question – comme Puis-je construire cinq logements à Blainville ? – et recevoir une analyse complète du zonage, des risques environnementaux ou des profils démographiques », détaille la cofondatrice. Une approche qui allie accessibilité, rigueur et puissance d’analyse.
Une reconnaissance qui accélère la croissance
La reconnaissance ne s’est pas fait attendre : CIVISION a reçu un prix d’excellence lors du dernier Gala annuel de la Chambre de commerce France-Canada. Une distinction saluée par les partenaires et les clients. « Ce prix, c’est un signal fort. Il confirme que ce que nous faisons a du sens ici, et peut-être demain ailleurs », se réjouit Elisa Groslier. La plateforme s’ouvre aussi peu à peu à d'autres usages, du marketing territorial à l'évaluation de l’acceptabilité sociale de projets controversés.
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Un frein majeur : l'accès aux données fédérales
Malgré son succès, l’entreprise bute encore sur un obstacle de taille : l’accès restreint aux données gouvernementales, en particulier à l’échelle fédérale. « Contrairement au Québec, où l’ouverture des données publiques progresse, le gouvernement fédéral considère encore trop souvent les données comme des marchandises, et non comme des biens communs. Cela ralentit notre développement et empêche certaines analyses plus fines », déplore Elisa Groslier. Un paradoxe à l’heure où l’on exige des villes qu’elles innovent et planifient mieux.
Une passerelle naturelle vers la France
Forte de ses racines françaises, CIVISION explore désormais le marché européen. « Nous avons noué un partenariat avec un distributeur local en France, un ancien collègue du développement économique. L’objectif est de tester nos hypothèses, de valider l’intérêt des collectivités locales et d’adapter l’outil aux réalités françaises », précise Elisa Groslier. Un défi d’envergure : « Il y a 36 000 communes en France, contre un millier ici. Pour nos développeurs, c’est un autre monde ! » Le déploiement est progressif, mais le potentiel est immense.
Une vision partagée, un avenir à bâtir
Alors que les villes cherchent à mieux planifier leur avenir, CIVISION offre un exemple inspirant d’innovation ancrée dans le réel. Portée par une jeune génération d’entrepreneurs engagés, l’initiative ouvre la voie à une urbanisation plus responsable. Reste à savoir si cette vision d’une « civilisation intelligente » saura conquérir d’autres territoires, en France comme ailleurs. Et si demain, toutes les villes du monde avaient leur SimCity, mais version citoyenne ?
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