Échange universitaire : un pont francophone entre l'Ontario et le Québec

Pour moi, l’Ontario était un choix stratégique

Lorsqu'il a dû choisir une destination pour ses études, Steve Kawe a opté pour l'Ontario, attiré par les programmes innovants et la possibilité de perfectionner son anglais tout en préservant sa francophonie. « Je voulais apprendre l'anglais, mais sans perdre ma langue et ma culture francophone », explique-t-il. Un choix judicieux qui lui a permis de naviguer entre deux mondes linguistiques.

L'expérience d'un échange enrichissant

Durant l'été 2023, Steve Kawe a participé à un programme d’échange entre l’Université de l’Ontario français et l’Université de Montréal. « C’était une belle expérience, surtout dans un contexte où la francophonie est parfois en minorité, comme en Ontario. Aller à Montréal m’a permis de faire le lien entre la bataille des francophones en Ontario et celle au Québec », confie-t-il. Au-delà des cours, cet échange lui a ouvert les portes de stages enrichissants.

Une francophonie menacée, mais résistante

Dans un contexte minoritaire, la défense de la langue française prend une dimension particulière notamment en Ontario. Steve décrit une « menace de l'anglais qui essaie de s'imposer au Québec, particulièrement à Montréal d’après mon expérience, où il gagne du terrain de manière marquée. Cette dynamique n’est pas sans rappeler la situation en Ontario, où l’anglais tend également à invisibiliser progressivement le français, représentant ainsi une menace pour la présence et l'utilisation de la langue française dans ces deux provinces. » Toutefois, il perçoit cette lutte comme un « processus de consolidation et de solidarité entre les francophonies d’ici et d’ailleurs ».

Le programme d’échange entre l’Université de l’Ontario français (UOF) et l’Université de Montréal (UdeM), qui s’est déroulé en 2023, s’inscrit dans un effort pour renforcer les liens entre les différentes communautés francophones au Canada. Ce projet pilote, d’une durée de deux mois, a permis à neuf étudiants de découvrir la diversité des francophonies canadiennes à travers un échange interprovincial. Quatre étudiants de l’UOF ont ainsi rejoint Montréal, tandis que cinq étudiants de l’UdeM se sont rendus à Toronto.
Ce programme marque un tournant dans les efforts pour favoriser la mobilité étudiante au sein de la francophonie canadienne. À une époque où la mobilité internationale des étudiants est relativement faible au Canada, avec seulement 11 % des étudiants de premier cycle participant à des échanges à l’étranger, cette initiative visait à pallier ce manque en offrant une opportunité de mobilité au sein même du pays.

Technologie et culture : des intérêts croisés

Passionné par les nouvelles technologies et la culture, Steve envisage une carrière dans la communication stratégique responsable. « Je prévois de me concentrer sur l’élaboration d’une stratégie de communications responsables en contexte numérique. Toutefois, je m'intéresse également à la mise en place de politiques publiques visant à encadrer le déploiement technologique tout en préservant notre culture », affirme-t-il. Une vision qui montre bien l'importance de concilier modernité et tradition.

La Francophonie, un espace de préservation culturelle

Pour Steve Kawe, la Francophonie va bien au-delà d'une simple appartenance linguistique. « La Francophonie, c'est un espace de conservation de notre identité culturelle, qu'on soit francophone de naissance ou par expérience », explique-t-il. Cet espace lui permet de préserver et célébrer une partie essentielle de son héritage, tout en évoluant dans un contexte de mondialisation où l’uniformisation culturelle peut parfois menacer cette diversité.

Quel avenir pour la mobilité francophone ?

Cet échange s'inscrit dans un mouvement plus large pour encourager la mobilité étudiante francophone. À travers cette expérience, des questions se posent : comment renforcer les échanges entre les régions francophones ? Comment préserver une identité francophone face à l'anglais ? Ces enjeux deviennent cruciaux alors que la francophonie mondiale cherche des solutions pour un avenir inclusif et diversifié.

Quelle place la francophonie occupera-t-elle à l’avenir, face aux défis linguistiques et culturels ? Le concept d’un Erasmus francophone pourrait-il permettre de rapprocher davantage les jeunes francophones des quatre coins du monde ?