À Montréal, OpenAirlines affine ses ambitions nord-américaines sous l’impulsion d’Olivier Paillot, directeur des comptes Amériques. Grâce à sa plateforme SkyBreathe®, l’entreprise française aide les compagnies aériennes à réduire leur consommation de carburant tout en améliorant leurs performances. Lauréate du Prix Impact Positif de la CCI française au Canada, elle incarne une aviation nouvelle génération, où technologie, sobriété et transformation opérationnelle vont de pair. Olivier Paillot nous explique comment son équipe contribue, au quotidien, à faire évoluer les pratiques du secteur.


L'aviation éco-intelligente : du rêve au logiciel
Née à Toulouse, OpenAirlines développe depuis 2013 SkyBreathe®, une plateforme d’analyse des vols qui aide les compagnies aériennes à réduire leur consommation de kérosène. Le secret ? L’exploitation poussée des données issues des enregistreurs de vol — l’équivalent des boîtes noires —, collectées chaque seconde tout au long du trajet.
« On récupère des centaines de paramètres pour chaque vol, ce qui nous permet d’identifier les bonnes pratiques à encourager : couper un moteur au roulage, alléger les appareils, descendre sans paliers... », explique Olivier Paillot. Résultat : jusqu’à 5 % d’économie de carburant, soit des millions d’euros épargnés et des tonnes de CO₂ évitées. À l’heure où les pressions économiques rejoignent les impératifs climatiques, l’intérêt est évident.

SkyBreathe®, la donnée comme levier de transformation
SkyBreathe® ne se contente pas de produire des rapports : elle agit comme un révélateur d’inefficacités et un outil de changement. « L’une de nos premières compagnies clientes pensait appliquer à 80 % une bonne pratique carburant… nos analyses ont montré qu’elle ne l’était qu’à 30 %. Un an plus tard, elle atteignait 93 % grâce à un meilleur suivi. »
La force du système repose sur sa modularité : application mobile pour les pilotes, tableaux de bord pour les opérations, suivi des performances moteur ou recommandations en direct dans le cockpit.
« Plus on implique de services dans la compagnie, plus les résultats sont solides. Ce n’est pas un outil pour les pilotes, c’est un projet pour toute l’organisation. »
Aujourd’hui, SkyBreathe® est utilisé par 71 compagnies aériennes dans le monde, dont Transavia, easyJet, Air France ou encore des acteurs en Asie et aux Amériques. « Sur un millier de compagnies pertinentes dans le monde, il reste une immense marge de progression. » fait remarquer Olivier.
La création de la filiale canadienne en 2022 a marqué une étape stratégique. « Il fallait être sur place pour comprendre les besoins locaux et accompagner les clients existants, tout en ouvrant de nouveaux marchés. »
Le marché nord-américain est moins mature sur les enjeux d’éco-efficacité, mais les mentalités évoluent : « Beaucoup de compagnies commencent à voir que ce n’est pas seulement un sujet environnemental, c’est un enjeu de rentabilité. » enchérit Olivier.

Un prix, une reconnaissance, et un réseau
L’attribution du Prix Impact Positif par la CCI française au Canada est venue confirmer la pertinence du modèle. « La CCI a été essentielle dans notre implantation ici. Elle nous a mis en relation avec les bonnes personnes, conseillé sur la création de la filiale, et aujourd’hui encore, elle joue un rôle structurant dans notre visibilité. »
L’événement du Gala a aussi été l’occasion de tisser des liens concrets avec l’écosystème local. « J’y ai rencontré des acteurs du transport aérien québécois, certains sont déjà clients, d’autres seront peut-être partenaires demain. » explique Olivier.
Une ambition globale, enracinée localement
Installé à Montréal avec sa famille, Olivier Paillot incarne cette double identité franco-québécoise tournée vers l’avenir.

Son équipe, en partie recrutée localement, assure à la fois le développement commercial et le soutien opérationnel aux clients du continent. « Notre rôle ne s’arrête pas à la vente. Il s’agit d’un accompagnement complet dans la durée, avec des enjeux forts de conduite du changement. »
Car déployer SkyBreathe®, c’est aussi faire évoluer les mentalités : « On ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas. Il faut convaincre, former, sensibiliser, parfois même aider les compagnies à dialoguer avec le contrôle aérien. C’est un travail de fond. »
Voler mieux, ensemble
En filigrane, une conviction : la performance environnementale passera par la transparence et la collaboration. « SkyBreathe® fournit aux pilotes un débriefing de chaque vol, directement sur leur tablette ou leur téléphone. Ils savent où ils ont performé, et où ils peuvent progresser. »
À terme, le grand public aussi pourrait être sensibilisé. « Certaines pratiques, comme le "tankering" — embarquer trop de carburant pour éviter d’en acheter ailleurs — sont absurdes écologiquement. Il faut en parler. » De même, SkyBreathe® pourrait servir à documenter l’impact du contrôle aérien, et pousser à des pratiques plus sobres, notamment en matière de descentes et de trajectoires.
Vers une aviation plus juste, portée par les données
À la croisée des données, du climat et de l’économie, SkyBreathe® incarne un tournant pour l’aérien. Et Montréal, plateforme de plus en plus stratégique, pourrait bien devenir le centre de gravité de cette aviation du futur. Une aviation qui ne vise pas seulement plus haut, mais surtout plus juste. Reste à savoir : quelles compagnies seront prêtes à embarquer ?
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