Édition internationale

Roger Barrette, l’historien qui murmure à l’oreille du général de Gaulle

À l’occasion d’une conférence et d’une séance de signature cette semaine à Québec dans le cadre du SILQ (salon international du livre de Québec), Roger Barrette partagera avec le public les découvertes qui l’ont conduit, depuis une enfance marquée par le passage du général de Gaulle, jusqu’à la publication de deux ouvrages de référence sur les liens franco-québécois. Entre archives oubliées et anecdotes saisissantes, l’historien invite à reconsidérer le rôle crucial joué par le Québec dans la pensée gaullienne.

Visite du Général de Gaulle - Roger Barrette en médaillon. Visite du Général de Gaulle - Roger Barrette en médaillon.
En médaillon, Roger Barrette - Photos courtoisie

 

 

Un choc fondateur, au bord du Chemin du Roy

C’est un souvenir vivace, un instant suspendu. En 1967, le jeune Roger Barrette quitte Joliette avec sa famille pour voir passer le général de Gaulle à Berthierville. L’image est restée. « L’ambiance, la foule, les regards… C’était plus qu’une visite officielle. C’était une effusion », se remémore-t-il. Mais l’intérêt de Barrette pour le général précède ce moment : adolescent, il note déjà dans son journal l’ouverture de la première délégation québécoise à Paris. « Les relations France-Québec m’ont toujours fasciné. »

 

 

L’appel de l’Histoire, des bancs de l’université aux rayonnages d’archives

Historien de formation, enseignant devenu gestionnaire, Barrette n’a jamais tourné le dos à sa passion première. À la retraite, il replonge dans les archives. Une commande d’un éditeur français via les Rendez-vous de l’Histoire de Blois lui donne l’occasion de creuser un fil rouge : la place du Québec dans la vision politique et culturelle de de Gaulle.

 

 

« Il ne s’agissait pas d’un simple intérêt diplomatique. De Gaulle avait un attachement intellectuel, presque affectif, pour le fait français en Amérique. »

 

 

 

Dans l’intimité du général : quinze livres québécois, reliés de cuir

C’est à Colombey-les-Deux-Églises, dans le bureau resté intact du général, que Roger Barrette fait une découverte troublante : une quinzaine d’ouvrages québécois, dont certains rarissimes, soigneusement disposés autour de sa table de travail. « C’est la seule collection à laquelle il ait fait refaire les reliures. Cuir rigide, facture identique, titres gaufrés. C’est un geste fort. » Parmi eux, une biographie de Montcalm publiée à Québec en 1911. « Il l’a lue alors qu’il était encore à Saint-Cyr. Deux ans plus tard, il en parlait dans une conférence sur le patriotisme. »

 

 

 

Québec, terre d’écho pour la France libre

Dès 1940, le général de Gaulle lance un appel direct au Canada français. Trois semaines plus tard, 80 comités de soutien sont créés, d’abord au Québec, puis ailleurs. « Les Canadiens français ont envoyé argent, médicaments, vêtements. Il y avait une mobilisation populaire, concrète », insiste Barrette. Il raconte aussi l’envoi, en toute discrétion, d’Élisabeth de Miribel – rédactrice de l’Appel du 18 juin – au Québec pour assurer la liaison. « Cette relation n’était pas formelle. Elle était vivante, réciproque, humaine. »



 



 

 

Le fait français en Amérique, selon de Gaulle

La vision de de Gaulle ne s’arrêtait pas aux frontières du Québec. « Il avait reçu les chefs acadiens, suivi la situation au Manitoba, mais il le disait clairement : l’avenir du français en Amérique se joue au Québec. » Pour lui, la vitalité linguistique du Québec était un indicateur de la santé globale de la Francophonie. « Un peuple sur une pointe, encerclé d’anglais. S’il tient, la langue française tiendra ailleurs aussi », résume Barrette.

 

 

 

Une mémoire à écouter, en direct

Mercredi 9 avril à 14h, au Salon international du livre de Québec, Roger Barrette prendra la parole pour partager ses découvertes, ses anecdotes, ses analyses. Ce sera l’occasion unique d’entendre un historien qui ne se contente pas de raconter l’Histoire, mais qui la fait parler à travers les objets, les gestes et les mots d’un grand homme. Une conférence comme une traversée du temps, où le Québec, vu par de Gaulle, prend une place centrale. À tous les curieux de la mémoire francophone, l’invitation est lancée : « Ce que j’ai trouvé dans le bureau du général change notre lecture de ses relations avec le Québec. Et ça mérite d’être partagé. »


 

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