Découvrez les 4 finalistes du Trophée Humanitaire des Trophées des Français de l'étranger, parrainé par la Caisse des Français de l'étranger.


Qui va succéder à Chloé Vialard, lauréate du Trophée Humanitaire lors des Trophées des Français de l'étranger 2024 ? En attendant la réponse en mars prochain, retrouvez les profils des cinq finalistes de cette édition 2025.

Karinne Bonnifait, Présidente de l’association Ya Tchegbo (Bénin)
Karine Bonnifait retrace son parcours d'engagement à travers l'association Ya Tchegbo, qu'elle a fondée pour lutter contre les violences faites aux femmes au Bénin. En 2001, elle adhère à l'association française Globe Santé, qui opère au Burkina Faso, et déclare : "C’est ainsi que j’ai découvert ce pays en 2002." Après plusieurs missions jusqu'en 2008, Karine élargit son engagement en 2009 en effectuant des missions au Bénin, où elle travaille sur "l'accès à l'eau potable dans l’arrondissement de Kpanroun."
Son intérêt pour le Bénin croît grâce à ses rencontres avec la population locale. Parallèlement, elle devient assistante sociale en milieu hospitalier en France et se concentre sur les violences faites aux femmes. Elle explique : "En 2015, j’ai donc effectué une première mission exploratoire afin de rencontrer sur place les acteurs intervenant dans le domaine des Violences Basées sur le Genre." Face à des statistiques alarmantes, comme le fait que "69 % des béninoises déclaraient avoir été victimes au moins une fois de violences au cours de leur vie," Karine prend la décision de créer une association pour accompagner ces femmes.
La naissance officielle de l'association Ya Tchegbo, qui signifie "ma souffrance est terminée" en langue Fon, a eu lieu le 10 février 2016 à Poitiers. Elle évoque avec fierté : "Dès sa création, l’objectif affiché de l’association a été la lutte contre les Violences Basées sur le Genre." Avec une équipe pluridisciplinaire et le soutien de partenaires, Ya Tchegbo a été reconnue par le ministère intérieur béninois en mars 2017, renforçant ainsi son ancrage dans le pays.
Karine a décidé de s’installer à Cotonou en 2017 pour soutenir le développement de l'association, tout en travaillant comme accompagnante d’élèves en situation de handicap. Elle partage : "Aujourd’hui, mon temps au Bénin se partage entre l’École Française Montaigne et l’association Ya Tchegbo dont je suis la chargée de mission."
Depuis son ouverture, Ya Tchegbo a accueilli des femmes et leurs enfants, offrant des services tels que la mise à l’abri, l’alphabétisation, et des formations professionnelles. Karine souligne : "Ces centres ont permis de protéger des femmes au vécu souvent tragique tout en les impliquant dans leur projet de reconstruction tant personnel que professionnel." En 2023, grâce à des partenariats, l'association a ouvert un deuxième centre d'hébergement d'urgence à Cotonou, devenant une référence pour les autorités béninoises.
Elle exprime sa détermination à continuer son engagement, disant : "Je suis toujours aussi déterminée dans mon engagement et je continue à porter les valeurs qui animent ma démarche." Avec une équipe dédiée et un modèle en cours d’expansion, Karine Bonnifait œuvre pour un avenir où davantage de victimes pourront bénéficier de son soutien et dire : "Ya Tchegbo."

Cédric de Giraudy, Fondateur de Missão Robin Hood (Brésil)
Cédric de Giraudy raconte comment, en 1999, sa carrière de documentariste l'a conduit à découvrir "un village perdu et difficile d'accès dans la forêt du Maranhão, au Brésil." En réalisant un documentaire sur un Père missionnaire capucin, il a vu sa vision du monde transformée et a développé une amitié profonde avec le missionnaire et les villageois. "Tous les ans, je passais un mois pour aider la Mission et faire des images," explique-t-il. Cependant, après le décès du missionnaire en 2004, Cédric a décidé de changer de vie. Il déclare : "J'ai décidé d'ouvrir une école au village, l'Escolinha Robin Hood," et a déménagé avec sa compagne et leurs deux enfants pour vivre sur place.
Cédric a fondé une association en France, soutenue par des dons privés, permettant de venir en aide à des enfants éloignés de l'éducation à Barra do Corda, une ville située dans un des états les plus pauvres du Brésil. À travers la "Missão RobinHood" il a déclaré : "Nous aidons depuis plus de 20 ans une centaine d'enfants par an, en faisant un ‘resgate’ (sauvetage) éducationnel, social et émotionnel." Face aux défis politiques et au manque de volontariat dans le Maranhão, il a surmonté des prévisions pessimistes : "On m'avait prédit l'enfer et l'impossible, mais j'ai trouvé l'impossible-possible."
L'école, qui fonctionne en partenariat avec la plus grande école publique de la ville, accueille entre 80 et 100 enfants par an, souvent ceux qui ont pris trop de retard ou ont un taux d'absentéisme élevé. Cédric et son équipe, composée de 4 à 7 bénévoles en ONG brésilienne et d'environ 5 éducatrices rémunérées, appliquent une méthodologie spécifique axée sur "l'empathie, des petits déjeuners, des repas et des visites régulières dans leur famille." Il précise : "Notre budget est très modeste par rapport à nos résultats avec les enfants, environ 30.000 euros par an."
Cédric de Giraudy est fier de son action et continue à se battre pour la cause des enfants invisibles du Maranhão, affirmant : "Chaque fois qu'un enfant retrouve l'indispensable confiance et sa soif d'apprendre, c'est un petit peu de ‘paradis’." Son engagement en faveur de l’éducation démontre que même dans des conditions difficiles, il est possible de créer un impact significatif et positif.

Romain Lagache, Fondateur de 2400 sourires (Madagascar)
Romain Lagache, ancien élève du lycée français d’Antananarivo, y a effectué sa scolarité de la classe de 5ème jusqu'à l'obtention du baccalauréat en 2007. Après son retour en France, il aspire à devenir rugbyman professionnel, mais il déclare : "Au fur et à mesure du temps, j'ai pris la décision de m’investir dans mes études allant jusqu'en faculté de médecine." Cette formation l’oriente vers la gestion de projets de santé, mais ses racines humanitaires, nourries par son enfance, restent présentes sans direction précise.
Romain commence à travailler en France au sein d'une fondation dédiée à l'humain, où il gagne en expérience dans la construction de réseaux et la gestion de projets. Tout bascule lors d'un voyage familial à Madagascar, où une rencontre bouleversante avec des enfants des rues les transforme, lui et son épouse : "Nous ne tentons pas de les aider... rien ne changera." Ce moment les pousse à ne pas oublier ces enfants et à travailler à une solution durable.
Trente-six mois plus tard, Romain et sa famille partent à Madagascar avec un projet élaboré, le "village des sourires" destiné à briser le cycle de pauvreté. 2400 sourires est né. En 2025, l’association ouvrira les portes d'un village sur un terrain de plus de 9 hectares, pouvant accueillir 250 enfants. "La misère ne peut se vaincre que par l'obtention d'un métier," explique-t-il, mettant l'accent sur l'importance de l'éducation et de la formation professionnelle.
Le village des sourires comprendra différents pôles, notamment un pôle agricole, un pôle scolaire et sportif, des maisons d’accueil, et un pôle logistique. De plus, Romain se déclare fier d'initier la première école en ligne pour les enfants sourds de Madagascar, avec une vision d'ouvrir une école physique d'ici deux ans. "C'est en famille que nous avons pris le défi de relever cette aventure hors des sentiers conventionnels," dit-il, conscient des questionnements de son entourage face à un tel choix.
Son projet se réalise grâce à l'implication de centaines de bénévoles en France et à Madagascar. Le village des sourires, placé sous la tutelle des juges d'enfants, permettra aux bénéficiaires de suivre une scolarité de qualité et une formation professionnelle. Romain souligne l'engagement collectif : "Générateur d'avenir dans la dignité, le village des sourires est un outil permettant d’accueillir et suivre les enfants des rues de Madagascar."
Dans un souci d'inclusion, Romain et son équipe ont récemment travaillé à la construction de la première école digitale pour sourds, mettant ainsi un point d'honneur à lutter contre l'isolement des enfants sourds et à assurer leur intégration. Il conclut en regardant vers l'avenir : "Ce projet devrait déboucher sur l'ouverture d'une école pour sourds au sein du village d'ici 2027."

Jean-Baptiste Wiroth, Fondateur de Bicycle Mechanic Institute (Afrique du Sud)
Jean-Baptiste Wiroth s'est installé au Cap, en Afrique du Sud, en 2018, avec sa famille pour permettre à leurs deux filles d'apprendre l'anglais et de profiter des nombreuses opportunités offertes par le pays. Il partage : "Depuis, nous avons notamment fait de nombreux voyages à vélo en Afrique du Sud, au Lesotho, ou encore au Rwanda." En 2020, il prend la présidence du Cap Sportif, une association sportive francophone, et, avec sa femme Emmanuelle, ils créent WTS The Coaching Company PTY Ltd ainsi que l’association Sport Africa Women Empowerment NPC.
Cette association vise à former des jeunes femmes issues de quartiers défavorisés à la mécanique vélo au sein de l'Institut de Mécanique Vélo. Jean-Baptiste confie : "Avoir réussi à lancer la Bicycle Mechanic Institute en 2024 est une grande fierté !" En seulement six mois, ils ont réussi à former 50 jeunes femmes dans les quartiers de Khayelitsha et Grabouw, au Cap. Il évoque également le succès de l'une de leurs premières étudiantes, Sinesipho Dubo, qui a été embauchée comme mécanicienne chez Chris Willemse Cycles après un stage de 10 jours, soulignant : "Avoir la capacité de permettre la montée en compétence, et de créer des emplois, est une immense fierté."
Le Cap sportif remporte le prix du développement durable 2023 !
La Bicycle Mechanic Institute a pour objectif de promouvoir le vélo, qu'il considère comme un "outil de déplacement résilient par excellence," avec une importance croissante en Afrique. Jean-Baptiste décrit son projet comme "extra-ordinaire" car il combine mobilité verte, développement durable, promotion du sport-santé et inclusion des femmes. Il ajoute une touche personnelle en évoquant son lien ancestral avec son aïeul Charles Wiroth, qui avait un magasin de cycles à Metz dans les années 1930-1940, concluant : "Le vélo est dans mes gènes !"
L'Institut propose une formation structurée en trois niveaux, avec des objectifs à long terme de former 600 femmes et de professionnaliser 10% d'entre elles dans l'industrie du cycle d'ici 2-3 ans. Jean-Baptiste projette également d'étendre ses actions à Johannesburg en 2025, puis à Durban en 2026. Le projet a reçu des financements initiaux de 10 000 euros grâce au prix du développement durable des Français de l'étranger et au soutien de la fondation suisse Almayuda. Actuellement, il reste à finaliser le financement de leur seconde année d'activité.
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