Première mondiale, les associations FLAM - Français LAngue Maternelle - se sont rencontrées pendant trois jours en octobre 2024 pour mettre à plat leurs priorités mais aussi leurs difficultés et leur avenir commun. Que s’est il passé depuis ? Lepetitjournal.com vous raconte…
"Les associations se dédient tout feu, tout flamme à l’accomplissement de leurs missions (...)." Le décor est planté par Anne Henry-Werner, Présidente de la fédération FLAM Monde devant une centaine de représentants d’associations FLAM, Vendredi 11 octobre 2024. “Le réseau est uni mais aussi très différencié. Certaines associations vivent une formidable expansion, quand d’autres stagnent ou démarrent." poursuit-elle "Et d’autres encore voient leur existence menacée en raison d'influences extérieures. Unissons nos forces pour grandir ensemble !” Claudia Scherer-Effosse, directrice générale de l’AEFE prend le relais : “Depuis 2020, 3,8 millions sont venus doter le programme des FLAM, principalement sous forme d’aides au démarrage d’associations. (...) L’Agence est à vos côtés depuis plus de 15 ans.”
Découvrez la rencontre mondiale FLAM au micro de la Radio des Français dans le monde :
Comment le réseau FLAM ravive culture et langue françaises dans le monde ?
321 millions de francophones vivent sur la planète mais ce sont 120 à 130 millions de bébés qui parlent le français à la naissance. Les autres l’acquièrent au cours de leur vie.
“C’est quoi être FLAM aujourd’hui ?” Bonne question...
La rencontre des FLAM n’a pas été planifiée par hasard. Elle a lieu quelques jours après le 19ème Sommet de la Francophonie en France, celui là même qui rappelait les enjeux de la langue française en 2024. 321 millions de francophones vivent sur la planète mais “ce sont 120 à 130 millions de bébés qui parlent le français à la naissance, les autres l’acquièrent au cours de leur vie” rappelle Clarisse Gerardin, sous-directrice Langue Française Éducation au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Et lorsqu’il n’y a ni l’enseignement français, ni la pratique de la langue en milieu familial, que reste-t-il à l’étranger ? La salle comble de l’espace Hamelin à Paris a bien sûr la réponse : il y a le réseau FLAM, essentiel pour les familles francophones expatriées et ce, depuis les années 80.
Pourquoi les associations FLAM existent ? Au milieu des années 1980, des parents français et francophones à l’étranger se lancent dans l’enseignement et l’organisation d’activités autour de la pratique de la langue française en tant que langue maternelle. Leur objectif, entretenir le langage dans un contexte où ni l’enseignement, ni la pratique ne sont possibles ou, du moins, encouragés. Le mouvement prend de l’ampleur et le terme FLAM naît, acronyme de Français LAngue Maternelle. En 2001, le dispositif reçoit le soutien financier du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et en 2009, l’AEFE en prend le pilotage.
Avec FLAM, nous participons à la paix sur terre. Nos actions ont des conséquences sur notre ambassade, nos consulats et nos pays d’accueil.
Exercice intéressant pendant la rencontre mondiale FLAM, Gauthier Seys, fondateur de la Radio des Français dans le monde et animateur de l’évènement pose la question “C’est quoi être FLAM aujourd’hui ?” Certains parlent d’un relais essentiel de la langue française, d’autres racontent leur engagement avec conviction, d’autres encore répondent qu’il s’agit d’une passion, presque d’une dévotion. “Avec FLAM, nous participons à la paix sur terre” avancent conjointement Sophie Gavrois-Karnavos, présidente du Parapluie FLAM au Royaume-Uni et Aurélie Delahalle-Jackson, présidente de la fédération FLAM USA : “nos actions ont des conséquences sur notre ambassade, nos consulats et nos pays d’accueil. Si la langue est appréciée, elle sera utile dans les échanges et il sera facile d’établir des partenariats à l'international.”
L’association FLAM, “un défi quotidien à tous les niveaux…”
Dès le premier jour de la rencontre mondiale, des voix se lèvent, rappelant qu’être FLAM en 2024 est “un défi quotidien à tous les niveaux”. Une enquête auprès de 33% des associations - qui réunissent 3.600 élèves dans le monde - est présentée à l’assemblée. Si le réseau FLAM est porté par un engagement communautaire, une identité forte et des liens solides avec l’AEFE, il souffre indéniablement d’une concurrence avec les Alliances françaises, de l’augmentation des coûts, de la lourdeur administrative et de l’épuisement des “cadres associatifs” : “Nous parlons ici d’une crise du bénévolat, de l’épuisement de nos volontaires qui vivent d’un manque de reconnaissance et de lourdeurs administratives” souligne plusieurs fois Stéphanie Adélaïde, responsable du Développement & accompagnement du réseau FLAM. Un thème largement abordé lors de la deuxième journée de rencontres, samedi 12 octobre 2024 : oui, le bénévolat est une ressource précieuse mais fragile, il est primordial de trouver un équilibre “entre bénévolat et salariés permanents pour garantir la stabilité et la pérennité des structures.” Des solutions sont proposées comme la création de moments de “convivialité et de reconnaissance” pour fidéliser les bénévoles, mais aussi le renforcement des partenariats avec les Alliances Françaises, Instituts français ou lycées français.
“Il y a un dialogue à ouvrir sur ces difficultés que nous entendons ” répondent les représentants du Quai d’Orsay.
D’autres défis sont vivement mis sur les tables rondes, comme les incompréhensions et des barrières liées à la Marque déposée FLAM qui “protège les associations en Europe mais pas ailleurs” mais aussi des difficultés pour obtenir des subventions - notamment en provenance du STAFE - , et des contraintes liées à la situation politique comme en Turquie. “Il y a un dialogue à ouvrir sur ces difficultés que nous entendons ” répondent les représentants du Quai d’Orsay.
La solitude, une réalité difficile pour les bénévoles FLAM
La rencontre FLAM a permis d’approfondir la réflexion sur l’avenir du réseau. Un futur qui doit prendre en compte les difficultés rencontrées par les associations FLAM, la “solitude” ressentie par les bénévoles en premier lieu. “j'ai personnellement ressenti un choc émotionnel violent en voyant apparaître en premier le mot solitude. L'associatif, c'est la création de liens sociaux. Alors, j'espère que l'un des effets de cette rencontre mondiale aura été justement moins de solitude” a d’ailleurs souligné Anne Henry-Werner dimanche 13 octobre, le dernier jour de la rencontre, revendiquant le regroupement régional : “je voudrais en citer un qui fonctionne remarquablement bien depuis 5 ans : celui de la zone ibérique, en Espagne et au Portugal. J'ai pu le constater sur place, car j'ai été invitée au dernier regroupement fin août 2024” .
La solitude du terrain a été, pour un moment, oubliée samedi 12 octobre avec une soirée festive et musicale où les représentants des FLAM ont interprété à l’unisson le nouvel hymne des associations FLAM, intitulé Ravive ta FLAM, symbole de la solidarité et de l’unité du réseau à travers le monde. La chanson a été imaginée par Sandès de l’association FLAM Les petits Caméléon (Cambridge, Royaume-uni), réinterprétée par les musiciens et la chanteuse de l'association Batteurs pour la paix.
Trois jours intenses, “l’avenir des FLAM à l’horizon 2030” en toile de fond
Quel est le bilan des trois jours de la rencontre ? Des tables rondes parfois très animées, des retours d’expériences et des ateliers thématiques autour - entre autres - de l’autonomie financière, des formes d’organisations des FLAM, des méthodes d’apprentissage, de la formation et du recrutement des futurs enseignants. Rendez-vous ici courant octobre pour en découvrir les compte-rendus en détail.
Et parce que l’avenir FLAM se dessine évidemment avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ainsi que l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger. Un atelier a été d’ailleurs organisé samedi 12 octobre où des représentants AEFE, ont permis de “mieux comprendre le fonctionnement des subventions et clarifier toute interrogation sur les processus administratifs” selon le communiqué de presse.
Thomas Desodt, au Royaume-Uni : “Je rentre avec plein d'idées, de points de réflexion, et d'envies nouvelles, tout ça grâce à vous. Merci !"
Au bout de trois jours, les associations FLAM sont rentrées chez elles des réponses à leurs questions, des bonnes pratiques et des priorités pédagogiques plein la tête, à l’instar d’Adeline Leguiller, professeur de français et nouvelle responsable FLAM à Hyderabad en Inde ou de Thomas Desodt, au Royaume-Uni : “Je rentre avec plein d'idées, de points de réflexion, et d'envies nouvelles, tout ça grâce à vous. Merci !" Pour les aider cette année, Fanny Piat et Raquel Gémis, deux nouvelles chargées de mission, sous la responsabilité de Florence Nigron-Dautovic, vice-présidente de la fédération FLAM Monde, proposeront un accompagnement individuel, tout en restant en veille des outils pédagogiques et des tendances en matière d’enseignement. Une bonne arme contre la solitude justement. Alors, à quand la prochaine rencontre mondiale ?