Le Choeur de Sylphes de Camille Saint-Saëns ne résonnera pas dans l’auditorium de Radio France mais sur toute la planète. Covid oblige, l’Orchestre des lycées français du monde (OLFM) a dû, encore cette année, jouer ensemble mais à distance.
Cela fait sept ans que l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’AEFE organise de concert l’Orchestre des lycées français du monde (OLFM). Un partenariat légèrement compliqué ces deux dernières années par la pandémie. Mais rien n’arrête la musique !
L’Orchestre des lycées français du monde en 100% distanciel
Des répétitions 100% numériques ont eu leu ces dernières semaines entre Adriana Tanus, cheffe d’orchestre et enseignante au Lycée français de Madrid à l’origine du projet, les tuteurs de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et les talentueux élèves des Lycées français du monde. Au programme : le Choeur de Sylphes de Camille Saint-Saëns. Les 57 musiciens issus de 35 pays différents seront accompagnés par les choeurs des classes CHAM (classe à horaire aménagé musique) du collège Pierre-Mendès-France de Marcoussis dans l’Essonne, et des collégiens du Lycée international de Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines. Le résultat de leur travail acharné sera retranscrit en vidéo et disponible le 21 juin sur le site de l’AEFE.
Nous refusons de nous résigner en attendant la joie de nous retrouver !
Emmanuel André, violoniste de l'Orchestre Philharmonique de Radio France
Emmanuel André, violoniste, est l’un des six musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France à avoir accompagné les élèves. Il nous a partagé son témoignage sur cette VIIe édition.
« L’organisation est formidable, grâce à l'équipe technique et la coordination entre les différents organisateurs. Nous avons échangé avec Adriana sur le contenu, les objectifs et la méthode pour parvenir à mener les partielles à distance, par groupes de 6, et les élèves se sont adaptés avec beaucoup de souplesse, ce qui a compensé la réelle frustration de ne pas pouvoir répéter ensemble.
Les cours à distance ne sauraient remplacer l'efficacité d'un travail collectif, basé sur l'écoute mutuelle et l'interprétation, mais on a pu tirer partie de ces contraintes qui demandent une attention particulière sur la rigueur rythmique (la pulsation étant donnée par un "clic"), et la concentration individuelle pour enregistrer cette pièce d'un bout à l'autre sans se tromper.
Bien sûr, la musique s'emporte et s'écoute individuellement, mais tous les musiciens savent que le but ultime, notre raison de travailler ensemble et d'exister, c'est le partage avec le public.
Un magnifique projet comme celui là montre à quel point nous refusons de nous résigner en attendant la joie de nous retrouver ! »
Je suis sûre que tout notre travail va aboutir à un concert splendide
Olivia Coustance, élève à Ho Chi Minh-Ville
Olivia Coustance, violoniste, a pu bénéficier du tutorat d’Emmanuel André. L'élève de seconde au Lycée français international Marguerite Duras à Ho Chi Minh-Ville nous a partagé son sentiment :
Comment se sont déroulées les répétitions à distance ?
Nous nous sommes réunis en Janvier et en Mars pour des séances de zoom avec notre tuteur, chacune durant une heure et demie. Pendant ces sessions, nous avons pratiqué de courts passages (d'environ 10-15 mesures) dans Le Chœur de Sylphes.
Chaque session de zoom regroupant cinq ou six musiciens, nous avons pu jouer le même passage chacun(e) à notre tour, et recevoir des commentaires et conseils personnalisés de la part de notre tuteur. Nous avons par la suite noté les remarques sur nos partitions, afin de nous guider lorsqu'on s'entraîne chacun(e) pour soi.
Comment avez-vous préparé ce concert du 21 juin ?
Le concert de cette année étant 100% numérique, nous avons dû nous filmer et nous enregistrer en jouant.
Nous nous sommes enregistrés en train de jouer notre partie du Chœur de Sylphes. Afin d'assurer que nous jouons tous à la mesure, nous nous sommes synchronisés avec des enregistrements préexistants de nos parties, qui sont tous joués à la même vitesse. C'est-à-dire qu'en enregistrant, j'ai dû simultanément écouter d'une oreille l'enregistrement de ma partie qui sortait de mon écouteur, et de l'autre oreille, écouter mon propre son en jouant.
Par la suite, nous nous sommes tous filmés à plusieurs reprises. Premièrement, nous nous sommes filmés en train de jouer la dernière minute du Chœur de Sylphes. Toutes nos vidéos vont être rassemblées sur un plan, ce qui visuellement nous donnera l'impression que nous jouons tous ensemble. Deuxièmement, nous avons chacun(e) filmé une petite vidéo dans laquelle devant notre lycée, on prend notre instrument, on joue une note et on le tend vers la droite. Les vidéos vont être défilées l'une après l'autre, nous donnant l'impression que chaque musicien(ne) passe son instrument à un autre membre de l'orchestre.
Je suis sûre que tout notre travail va aboutir à un concert splendide, et j'attends avec impatience de l'écouter de le visionner!
Est-ce que cette édition a une saveur particulière ?
Même si cela fait la deuxième année que je fais partie de l'OLFM, je n'ai jamais eu l'occasion de participer à une saison en présentiel en raison du Covid-19, donc je ne saurais pas comparer cette saison particulière à une autre.
Toutefois, je n'imagine pas que l'atmosphère de cette édition soit très différente de celle d'une édition en présentiel. A travers les quelques webinaires rassemblant l'orchestre auxquels j'ai pu assister, j'ai vraiment senti une atmosphère chaleureuse, pleine d'amour et de passion pour la musique, d'élan, et de convivialité. On me l'a décrit, et je suis certaine que l'OLFM réuni en présentiel est tout aussi plein de cet élan et de cette énergie.
La joie sera encore plus grande l'année prochaine
Yves Scheuring, élève à Fribourg
Yves Scheuring, violoncelliste et élève de terminale au Lycée franco-allemand de Fribourg, a également répondu à nos questions :
Comment se sont déroulées les répétitions à distance ?
En janvier, l’équipe de l’orchestre nous a annoncé le morceau de cette saison numérique, qui est „Le Chœur de Sylphes“ du compositeur français Camille Saint-Saëns. Nous avons reçu les partitions et chacun.e a commencé à travailler afin de bien préparer les répétitions numériques avec les tuteur.e.s de l’Orchestre philharmonique de Radio France. Une première session de 90 minutes a eu lieu sur zoom dans les deux dernières semaines du mois de janvier ; les musicien.ne.s ont travaillé en petits groupes avec leur tuteur.e. La session a été enregistrée et mise sur l’espace collaboratif de l’OLFM pour que ceux et celles qui n’ont pas pu assister aux premières répétitions puissent néanmoins suivre les conseils des tuteur.e.s.
Il y a eu une deuxième répétition en mars ; celle-ci avait pour but de travailler sur les petits détails importants.
Après cette deuxième répétition en ligne, tout l’orchestre s’est réuni sur zoom afin de se voir, de parler et d’organiser le montage de la vidéo finale qui sera publiée en juin.
Comment avez-vos préparé ce concert du 21 juin ?
Toute la préparation pour ce concert s’est tenue en ligne. Après les deux répétitions et la grande visioconférence, chaque musicien.ne s’est enregistré.e à la maison avec un clicktrack dans l’oreille. Ensuite, chacun.e a envoyé les enregistrements à la direction de l'orchestre pour que les spécialistes puissent commencer le montage. Nous avons également filmé de petites vidéos, par ex. dans nos établissements scolaires, qui seront aussi utilisées dans la vidéo finale.
Est-ce que cette édition a une saveur particulière ?
Oui, sans aucun doute. Malheureusement, c’est la deuxième fois que nous ne pouvons pas nous réunir en réalité… Nous avions prévu un concert en janvier à Madrid et un deuxième en mars à Paris dans l’auditorium de Radio France, mais étant donné que les musicien.ne.s de l’orchestre viennent de partout dans le monde, il était impossible d’organiser cela. L’annulation des concerts a été un vrai crève-cœur pour tout le monde.
Nous avons réussi à organiser un concert numérique, mais bien sûr, cela ne remplace pas un "vrai" concert dans une grande salle de concert.
Je suis sûr que le montage vidéo sera tout aussi beau, mais il laisse néanmoins un goût amer et nous rappelle une fois de plus, que nous n'avons pas pu nous rencontrer. Par conséquent, la joie sera encore plus grande l'année prochaine comme nous espérons toutes et tous nous revoir après cette longue période.