Le SNES-FSU, organisation syndicale majoritaire à l’AEFE, dénonce dans un communiqué la gestion du budget de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et le soutien apporté aux établissements privés au détriment de ses propres établissements.
Dans un communiqué intitulé « Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) : quand un opérateur public distribue l'argent de l’Etat au privé, au détriment de ses établissements ! », le SNES-FSU, organisation syndicale majoritaire à l’AEFE comme à l’Education nationale, « dénonce un choix politique et budgétaire scandaleux qui vise à soutenir le développement d’établissements privés coûte que coûte, au détriment des missions de service public d’éducation à l’étranger ». Patrick Soldat, Secrétaire national SNES-FSU, responsable des questions hors de France nous explique cette déclaration.
Pourquoi pensez-vous que l’AEFE privilégie ses partenaires privés par rapport aux établissements en gestion directe ou conventionnés ?
Comme nous l’indiquons dans ce communiqué, ce sont des choix avant tout politiques, tous liés à la commande présidentielle du Président Macron de doubler, à l'horizon 2030, le nombre d'élèves dans le réseau de l'enseignement français à l'étranger. Aujourd'hui, à l’AEFE - opérateur public dont on se sert pour mettre en place cette explosion d'établissements totalement privés sans lesquels la commande n'est pas possible-, on fait le choix d'utiliser des supports budgétaires pour des établissements que l'on va conventionner temporairement, plutôt que de remettre ces mêmes postes dans les établissements en gestion directe ou déjà conventionnés, qui en ont pour certains grand besoin.
Vous mettez en avant de nombreuses suppressions de postes, ne sont-elles pas justifiées ?
Non elles ne le sont pas. Pour rappel, suite à l'annulation de crédits de l'été 2017 (-33M) sur le budget de l'Etat alloué à l'opérateur public AEFE, 10% des postes de détachés (titulaires de l’Education nationale en poste dans ces établissements en gestion directe ou conventionné avec l'AEFE) ont été supprimés, pour nulle autre raison que budgétaire.
Bien sûr, on peut prendre en compte les ratios de titulaires/non titulaires, c'est ce que fait l'Agence, mais en tout état de cause, dans plusieurs zones où ces ratios sont les plus bas (Amérique latine par exemple), des postes fermés d'un côté n'y ont pas été transférés, car l'annulation de crédits empêchait ce redéploiement. Elle imposait de fermer ces postes, alors que la demande allait toujours croissant, le nombre d'élèves ne baissant pas.
Pourquoi écrivez-vous que l’AEFE agit « au détriment des missions de service public d’éducation qui lui sont confiées et sont quant à elles en voie d’abandon » ?
La toute priorité de l'opérateur public aujourd'hui est de mettre en oeuvre la commande présidentielle. Les missions de service public passent au second plan. La diplomatie d'influence (le soft power) va s'en trouver affaibli et les parents "historiques" qui fréquentent ces établissements pour ce qu'ils représentent, risquent de les déserter à terme, d'autant plus qu'aujourd'hui tout est fait pour présenter ces établissements (Gestion directe, Conventionnés, partenaires) comme équivalents, ce qu'ils ne sont absolument pas.
Qu’attendez-vous de l’AEFE ?
Qu'elle revienne à ses fondamentaux et à sa lettre de mission première (Loi de création de 1990) et renonce à faire primer la privatisation du réseau d'enseignement à l'étranger. On peut accepter cette dernière, mais dans certaines limites. Ces limites sont aujourd'hui allègrement franchies par l'opérateur public qui "scie la branche sur laquelle est est assise" depuis maintenant 30 ans.
La réponse de l'AEFE : Les aides ont "permis de soutenir et d’assurer la pérennité d’établissements fragilisés par la crise"
Contactée par notre rédaction l'Agence pour l’enseignement français à l’étranger a souhaité apporter cette réponse:
"Créée en 1990, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) est l’opérateur public en charge de l'animation du réseau des écoles, collèges et lycées français homologués, à l’étranger. Elle est garante de l’unité et de la qualité de ce réseau. Elle remplit une mission de service public et de diplomatie d’influence.
Dans ce cadre, il est de la responsabilité de l’AEFE d’aider les établissements traversant une période difficile. Cela peut se faire par l’intermédiaire d’un conventionnement temporaire acté en conseil d’administration de l’Agence.
Depuis 2020, le budget de l’Agence a été augmenté de 25 millions d’euros entièrement dédiés à l’appui et au développement du réseau.
Enfin, depuis le début de la crise sanitaire, l’Etat a été particulièrement mobilisé au côté de l’AEFE, avec 100 millions d’euros de crédits supplémentaires et 25 millions d’euros d’avance sur trésorerie. Cela a permis de soutenir et d’assurer la pérennité d’établissements fragilisés par la crise".