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Santé physique, mentale et relationnelle...Et si on se reconnectait en douceur ?

En séance, il arrive fréquemment d'entendre : "Je n’ai plus de désir. Je ne me reconnais plus. Je me sens loin de moi, loin de nous" . Et derrière ces mots, ce n’est pas uniquement la libido qui semble en berne. C’est souvent tout un équilibre intérieur qui vacille, tout un système de besoins essentiels qui ne sont plus écoutés. Car notre désir — sexuel, mais aussi relationnel, vital, joyeux — ne se décrète pas. Il ne s’impose pas. Il se cultive.

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Écrit par Cyrielle Augier
Publié le 16 avril 2025, mis à jour le 25 avril 2025

Cyrielle Augier, Sexothérapeute & thérapeute de couple. Instagram : Atelier sexo : @atelier_sexo  ou cyrielle : @cyrielle nyc


 

 

Notre désir - sexuel, mais aussi relationnel, vital, joyeux - ne se décrète pas. Il ne s’impose pas. Il se cultive. La libido est un indicateur. Elle parle de notre état intérieur, de notre niveau de connexion à nous-même, à notre corps, à nos émotions, et à notre lien avec l’autre. Elle est profondément influencée par notre santé mentale, physique et relationnelle.

 

 

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Repenser la santé globale : et si on parlait enfin d’hygiène mentale ?

On nous parle depuis toujours d’hygiène physique. Mais qui nous apprend à prendre soin de notre hygiène mentale ? Le stress chronique, la charge mentale, les attentes multiples et parfois contradictoires auxquelles nous faisons face, viennent encombrer notre espace intérieur. Et un mental saturé ne laisse pas de place au désir.
Le désir a besoin de disponibilité. D’un espace où il peut circuler. D’un terrain apaisé pour s’exprimer. Prendre soin de son hygiène mentale, c’est apprendre à identifier ses limites, à mettre en place des temps de pause, à dire non. C’est faire de la place au silence, à la lenteur, à la respiration. C’est sortir du mode « faire » pour retrouver l’espace du « être ».

C’est aussi reconnaître que notre esprit a besoin de repos tout autant que notre corps. Et que ce repos n’est pas improductif : il est régénérateur. Il permet au désir de revenir non pas comme une injonction, mais comme une évidence.

 

Et si, au lieu de se demander « pourquoi je n’ai plus envie ? », on se demandait « qu’est-ce qui, en moi, est trop plein, trop tendu, trop seul ? »

 

Comprendre la libido avec la dynamique des 3 pôles

Pour accompagner au mieux les femmes et les couples reçus par Cyrielle Augier, cette dernière aime proposer une lecture en trois dimensions de la libido, la dynamique des 3 pôles :

  1. Le Mental  : notre niveau de charge mentale, de disponibilité, de clarté intérieure.
  2. Le Cœur  : notre monde émotionnel, la qualité du lien, le sentiment de sécurité et de connexion affective.
  3. Le Désir  : l’élan sexuel, la pulsion, l’envie de contact, de plaisir.

Ces trois pôles interagissent en permanence. Lorsque l’un d’eux est trop sollicité ou délaissé, c’est tout le système qui se dérègle.

  • Le mental saturé bloque l’accès au corps.
  • Le cœur blessé ou déconnecté n’ouvre plus la porte à l’intimité.
  • Le désir n’a plus d’espace pour émerger : il se met en veille.

Cette dynamique nous invite à regarder la libido comme un équilibre vivant, sensible, évolutif. Elle nous rappelle que le désir ne disparaît pas : il attend, il se replie, parfois il se protège. Et nourrir chacun de ces pôles peut devenir un chemin doux de réconciliation avec soi : alléger son mental, cultiver des liens affectifs sincères, et s' autoriser au plaisir, dans toutes ses formes.

 

 

Se reconnecter à soi, c’est aussi oser demander : « De quoi ai-je besoin, là, maintenant ? » Un besoin simple, accessible

 

 

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Se reconnecter à soi : la première étape

Dans une société où la charge mentale repose encore massivement sur les femmes, il devient vital et non plus accessoire de prendre du temps pour soi, sans culpabilité. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Être constamment tournée vers les autres finit par nous éloigner de nous-mêmes. Et comment pourrions-nous désirer si nous ne sommes même plus en contact avec ce que nous ressentons ?

Revenir à soi, ce n’est pas se couper du monde, c’est reprendre sa juste place dans son propre système de vie. C’est se regarder avec tendresse, s’offrir de la douceur, s’écouter vraiment. Ce n’est pas égoïste, c’est profondément réparateur. Se reconnecter à soi, c’est aussi oser demander : « De quoi ai-je besoin, là, maintenant ? » Un besoin simple, accessible. Quelques minutes de respiration. Une pause sans écran. Une marche seule. Un moment sans obligation. C’est retrouver le goût de sa propre compagnie. C’est ce retour à soi qui prépare le terrain du désir. Il en est la terre nourricière. Un espace de calme où l’on peut réentendre son corps, percevoir ses émotions, et accueillir à nouveau ses envies.

 

 

Se poser la question régulièrement : « Où est-ce que je mets mon énergie en ce moment ? Et où ai-je besoin d’en mettre un peu plus ? » peut être un outil précieux

 

 

Rééquilibrer les temps : soi – le couple – la famille

Beaucoup de femmes accompagnées partagent ce déséquilibre : elles se donnent à 100 % pour la famille, parfois pour leur travail, souvent pour leur couple… mais ne s’accordent plus rien à elles-mêmes. Petit à petit, tout devient mécanique. Et le désir s’efface. Non pas parce qu’il n’est plus là, mais parce qu’il n’a plus d’espace pour respirer.

Répartir autrement les temps, c’est aussi nourrir les bons pôles :

  • Le temps pour soi nourrit le mental et le corps. Il offre de la régénération.
  • Le temps pour le couple renforce le cœur et ouvre au désir. Il restaure la complicité.
  • Le temps pour la famille, vécu avec plus de clarté, redevient une source d’élan, non une charge constante.

Ce n’est pas une équation parfaite, mais un ajustement continu. Comme une danse à trois temps où l’on apprend à ne pas toujours sacrifier un pôle au profit des autres. Se poser la question régulièrement : « Où est-ce que je mets mon énergie en ce moment ? Et où ai-je besoin d’en mettre un peu plus ? » peut être un outil précieux pour réaligner sa vie, ses choix, ses priorités.

 

 

Le désir ne revient pas toujours en fanfare. Parfois, il chuchote, hésite ou attend qu’on lui prête attention. Mais il ne disparaît jamais tout à fait. Il patiente, il sommeille

 

 

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Retrouver son désir, c’est retrouver sa vitalité

Parler de libido, ce n’est pas seulement parler de sexualité. C’est parler de connexion à soi et à l’autre, de présence au moment, de liberté d’être et de respect de ses limites. La libido n’est pas une performance à atteindre, ni un bouton à activer à volonté. C’est un langage subtil, une énergie vivante qui a besoin d’espace, de sécurité et d’écoute pour s’exprimer. Se demander « Comment je vais, moi ? » dans toutes les dimensions de son être corps, tête, cœur, lien c’est déjà ouvrir une porte. Et sur ce chemin, chaque soupir, chaque frisson, chaque envie naissante est une victoire. Le désir ne revient pas toujours en fanfare. Parfois, il chuchote, hésite ou attend qu’on lui prête attention. Mais il ne disparaît jamais tout à fait. Il patiente, il sommeille. Et il renaît dès qu’on lui laisse une place, libre de toute pression, nourri de douceur et de vérité.

 

 

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En conclusion, surtout en expatration... 

Et si le manque de désir n’était pas une panne à réparer, mais un appel à se retrouver ? Un signal, parfois discret, parfois criant, qui nous invite à ralentir, à écouter ce qui en nous a besoin d’attention, de tendresse, de reconnaissance. Le désir ne disparaît pas par hasard. Il s’éloigne souvent quand nous nous éloignons de nous-mêmes.

Alors plutôt que de vous juger ou de vous comparer, si vous vous donniez la permission d’exister pour vous-même, de remettre du soin, du souffle, de la chaleur dans votre quotidien ? Parce que vous méritez mieux que de simplement tenir. Vous méritez de vous sentir vivante. Dans votre tête, dans votre corps, dans vos liens.

Et ce chemin de retour vers vous, il n’a pas besoin d’être radical. Il peut commencer par un pas minuscule. Une respiration. Une attention. Une envie de prendre soin de vous, sans pression. Juste avec l’intention d’être plus proche de vous.
C’est là que le désir renaît. C’est là que la vie recommence à circuler.