Édition internationale

Yan Chantrel, Sénateur des Français établis hors de France, en visite en Inde

Yan Chantrel, Sénateur représentant les Français établis hors de France, a profité de la pause parlementaire pour aller à la rencontre de ses concitoyens vivant en Inde. Son déplacement l’a conduit à Mumbai puis à Pondichéry, deux pôles importants de la présence française dans le pays. Nous avons eu l’occasion de le rencontrer lors d’une réunion publique, conviviale et dynamique organisée à Mumbai, où de nombreux échanges ont eu lieu autour des enjeux qui touchent les Français de l’étranger. Extrait.

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Yan Chantrel (2nd à droite) en visite en Inde
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 22 avril 2025, mis à jour le 23 avril 2025

L’importance de partir à la rencontre des Français de l’étranger

J’ai choisi de visiter l’Inde car c’est un pays en plein développement depuis plusieurs années, avec une forte présence économique de la France sur le territoire et de réelles perspectives d’avenir. Il y a également une importante communauté française sur place.

 

Je pensais que c’était un signal fort de venir à la rencontre de celles et ceux qui participent activement au développement de l’Inde, notamment les Français installés ici depuis plusieurs années.

 

Que ce soit dans l’éducation, la recherche scientifique, la coopération bilatérale ou encore le commerce, il est essentiel d’aller à la rencontre de ceux qui font vivre au quotidien les relations entre la France et l’Inde.

 

Sur les écoles françaises internationales : 

Je suis actuellement vice-président de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, et président du groupe d’étude sur la francophonie au Sénat. Il va donc de soi que les établissements français à l’étranger participent pleinement au rayonnement de notre pays. Les écoles françaises ne sont pas seulement ouvertes aux francophones, mais aussi aux résidents locaux. J’ai toujours à cœur de me déplacer pour valoriser et soutenir ce réseau.

Au Parlement, je défends l’idée de développer ce réseau tout en gardant notre spécificité : la France a toujours permis à ses ressortissants d’accéder à l’éducation quels que soient leurs moyens financiers. Or, à l’étranger et particulièrement en Inde, les établissements français internationaux sont très coûteux et donc inaccessibles pour une grande partie de nos compatriotes. Beaucoup de Français vivant ici n’ont pas de revenus élevés, et les effets de seuil trop bas ou des critères désuets – comme la prise en compte du patrimoine mobilier – les excluent du système de bourses. La classe moyenne se retrouve ainsi hors du système alors qu’elle pourrait représenter une force pour ces établissements, tant en termes de fréquentation que de développement.

Le LFIM, par exemple, fait face à des enjeux de développement, notamment dans les classes supérieures où ses effectifs sont très faibles. Il pourrait croître si l’école était plus abordable pour les francophones. Il serait également intéressant de développer des partenariats avec d’autres pays membres de l’OIF.

 

 

 

Quel est l’enjeu pour les étudiants indiens souhaitant étudier en France ?

Il y a aussi un enjeu important pour que les Indiens puissent venir étudier en France. En tant que législateurs, nous devons travailler à simplifier les démarches et à faciliter leur venue et leur maintien sur notre territoire. La France doit se montrer accueillante et attractive, non seulement pour attirer ces étudiants, mais aussi pour favoriser leur intégration.

 

Que souhaitez-vous dire aux francophones qui n’ont pas accès aux écoles françaises en Inde, notamment dans des villes comme Bangalore ou Pune ?

Nous ne pouvons instaurer des écoles dans chaque ville avec une présence d’expatriés français donc en plus des écoles existantes, je propose d’étendre des dispositifs comme le programme FLAM. Il est nécessaire de les rendre accessibles partout dans le monde, non seulement aux ressortissants français, mais aussi aux francophones des pays membres de l’OIF. Certains de ces pays ont les capacités financières de porter ce type de projet.

Actuellement, ces dispositifs reposent souvent sur des bénévoles, ce qui est tout à leur honneur. Mais il faudrait pouvoir les soutenir financièrement, embaucher plus facilement, pour que cela ne repose pas uniquement sur du bénévolat. Ces dispositifs pourraient s’intégrer dans un programme plus large porté par les pays membres de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie).

 

 

Protection sociale des Français de l’étranger

 

Je souhaite garantir une CFE (Caisse des Français de l’Étranger) accessible.

J’ai déposé un amendement – malheureusement rejeté – pour que la CFE puisse pleinement assurer sa mission de service public auprès de nos compatriotes en difficulté. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. L’État a mis en place un dispositif d'aide à l'accès à la CFE pour des personnes à faibles ressources,  la "catégorie aidée", mais il ne prend que faiblement en charge ce dispositif, faisant portée quasi exclusivement cette aide à la CFE sur ses fonds propres, ce qui la fragilise financièrement.

 

Yan Chantrel

 

Les Français de l’étranger contribuent via la CSG-CRDS, la COTAM pour les retraités et, pour certains,via l’impôt sur le revenu en France. Il serait donc légitime qu’une partie de ces fonds finance un service public de protection sociale à destination de nos compatriotes à l’étranger, notamment pour les personnels des ambassades et des écoles, souvent en contrat local, et qui terminent leur carrière avec une retraite très faible.

La France doit donner l’exemple. Une réforme de la CFE sera indispensable pour garantir sa mission de service public. Nos compatriotes auront l’occasion de faire part de leurs besoins dans le cadre des Assises de la protection sociale, prévues jusqu’en octobre. J’espère qu’elle débouchera sur des propositions concrètes : bourses, couverture sociale, mobilité… Aujourd’hui, de plus en plus de Français se déplacent d’un pays à l’autre sans repasser par la France. Il faut développer des accords multipartites pour accompagner cette mobilité, sans affaiblir leur protection sociale ou leur carrière.

Je vois également des difficultés pour certains descendants de Français à faire reconnaître leur nationalité. C’est parfois très compliqué depuis l’étranger, alors même qu’ils contribuent au rayonnement de la France. Il serait nécessaire d’assouplir avec une vision plus inclusive nos critères d’accès à la nationalité.

 

Commerce et PME : comment aider les petites entreprises françaises à l’étranger ?

C’est un vrai sujet. On voit que les grandes entreprises n’ont pas besoin de nos services aux entreprises pour l’export : elles ont leurs propres services en interne dédiés à l’export. Les aides à l’implantation pourraient donc être redistribuées vers les petites entreprises, qui s’approvisionnent en France ou exportent des concepts français.

Ces petites entreprises reçoivent peu d’aide car les services existants ne sont pas adaptés à leurs besoins. Nos chambres de commerce privilégient souvent les grands volumes plutôt que le sur-mesure. Or, c’est le sur-mesure qui fait grandir les petites structures et permet de faire émerger les entrepreneurs de demain.

Au parlement, nous travaillons à créer un statut pour les entreprises françaises à l’étranger, même si elles sont de droit local. Pendant la pandémie, nous avons vu apparaître de nombreuses structures portées par des Français, qui étaient jusqu’alors invisibles. Nous avons sous-estimé leur poids économique. Aujourd’hui, un travail est en cours pour mieux les identifier et les accompagner.

 

De l’importance d’avoir accès aux conseillers des Français de l’étranger 

En tant que Sénateur représentant les Français de l’étranger, je suis élu au suffrage indirect, principalement par les conseillers des Français de l’étranger. Mandat de proximité que j’ai exercé pendant 7 ans. Ces visites sur le terrain et les échanges réguliers avec ces conseillers sont essentiels pour que je puisse accomplir pleinement ma mission. Je tiens à encourager tous les Français installés en Inde – comme ailleurs dans le monde – à prendre contact avec leurs conseillers, à les connaître, à les solliciter. Ils sont là pour vous accompagner, vous représenter et vous aider dans vos démarches.

N’hésitez pas à faire appel à eux.

Nous remercions Yan Chantrel pour sa visite et le temps qu'il nous a consacré.

 



 

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