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Raphaël Arsenault : décroître pour mieux grandir

Militant infatigable de la démocratie directe et artisan convaincu de la décroissance choisie, Raphaël Arsenault défend une transformation profonde de nos sociétés. Après une première candidature indépendante comme conseiller municipal à la mairie de Rimouski, il poursuit aujourd'hui son engagement aux côtés de Noémi Bureau-Civil, dans une dynamique où leurs approches complémentaires renforcent un projet politique différent, ancré dans le réel.

Raphaël Arsenault candidat décroissance cohérenteRaphaël Arsenault candidat décroissance cohérente
Raphaël Arsenault candidat pour une décroissance cohérente - Photo courtoisie
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 22 avril 2025

Faire de la décroissance une évidence politique

Raphaël Arsenault revendique sans détour l'urgence de repenser notre modèle économique. « Aucun parti crédible ne peut continuer à promettre la croissance infinie sur une planète finie », affirme-t-il. Pour lui, la décroissance n'est pas une privation, mais une réorganisation volontaire et solidaire de nos priorités collectives.

Son approche est fondée sur des principes clairs : réduire les inégalités, sortir du gaspillage, recentrer l'économie sur la satisfaction des besoins essentiels. « Il ne s'agit pas de renoncer à la qualité de vie, mais de viser le contentement durable », explique-t-il. La décroissance, loin d’être un retour en arrière, propose de libérer les sociétés de l'injonction permanente à produire toujours plus.

 

 

Ce que Raphaël Arsenault entend par décroissance

Pour Raphaël Arsenault, la décroissance n'est pas un appauvrissement ni un sacrifice, mais une réponse pragmatique aux limites écologiques de notre planète. « On ne peut pas croire à une croissance infinie dans un monde fini », résume-t-il. Dans sa vision, décroître signifie réduire volontairement la taille de l'économie, non par contrainte, mais par choix éclairé.

Il s'agit de repenser les fondements mêmes de notre organisation économique : diminuer les secteurs inutiles ou nuisibles, comme la publicité de masse ou la surproduction, pour réorienter les ressources vers les besoins essentiels – logement, santé, éducation, alimentation. « La décroissance, c’est viser un équilibre durable entre nos activités et notre milieu de vie », insiste-t-il. C’est aussi, selon lui, s’attaquer aux inégalités et remettre l’humain et son environnement au centre des décisions collectives.

Mais au-delà des aspects économiques, la décroissance porte une exigence démocratique. « Il ne peut pas y avoir de décroissance sans reprise du pouvoir par les citoyens », souligne-t-il. Pour être viable et juste, cette transformation doit être choisie collectivement, à partir des territoires, et non imposée d’en haut.

 

 

Ancrer la politique dans le quotidien des citoyens

Dès 2014, Raphaël Arsenault fonde une assemblée citoyenne dans son quartier de Rimouski, avec l’idée de rendre le pouvoir aux habitants. Cette initiative participative débouche sur des résultats concrets : notamment une politique de protection des arbres urbains imposée à la municipalité. « Quand des décisions locales émergent d’une dynamique collective, on retrouve le vrai sens du politique », souligne-t-il.

Son expérience l'amène naturellement à se présenter ensuite comme conseiller municipal indépendant à la mairie de Rimouski. S’il n’est pas élu, il tire de cette campagne une leçon précieuse : la nécessité de s'affranchir des cadres traditionnels pour refonder une démocratie vivante.

Aujourd'hui, c’est dans un dialogue constant avec Noémi Bureau-Civil et le groupe de municipalisme convivial qu’il poursuit son engagement, croisant leurs expériences militantes pour amplifier un message commun : la décroissance doit être choisie, construite, et portée par les citoyens eux-mêmes.

 

 

Les trois candidats décroissance de Rimouski

Utiliser les campagnes électorales comme tribunes d’éveil

Raphaël Arsenault ne nourrit pas d'illusions sur la portée immédiate d'une candidature dans les institutions existantes. Lorsqu’il se présente comme indépendant aux élections fédérales, c’est d’abord pour porter un message et créer un espace de débat. « Il est illusoire d’attendre qu'un parti traditionnel prenne le pari de la décroissance ; les contraintes financières et culturelles sont trop fortes », analyse-t-il.

Avec Noémi Bureau-Civil et Tommy Lefebvre, il partage l'idée que l'enjeu n'est pas seulement d'élire des représentants, mais de réactiver une dynamique populaire capable de transformer profondément les pratiques politiques. « Il faut sortir du mythe selon lequel voter tous les quatre ans suffit à définir une démocratie vivante », insiste-t-il. L’essentiel reste d’ouvrir des brèches, de susciter l’envie d’agir autrement, partout où cela est possible.

 

 

Une autre voie est-elle possible ?

Raphaël Arsenault trace un sillon exigeant : reconstruire la démocratie à partir du terrain, tisser patiemment des réseaux de solidarité et d’autogouvernance. Avec Noémi et Tommy, il incarne cette volonté de relier action locale et horizon global. Mais cette stratégie locale suffira-t-elle à inverser la dynamique mondiale d'une économie de croissance effrénée ? Ou faudra-t-il, à terme, conjuguer ce travail souterrain avec une mobilisation plus large et plus rapide ? Le Québec, avec son histoire de contestation et son échelle humaine, pourrait bien être le terreau idéal pour cette expérimentation audacieuse.

 

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