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Albaro Holgado, consul honoraire au service des Français de Sherbrooke

Entre administration, sécurité informatique et bénévolat, Albaro Holgado s’est imposé comme une figure incontournable pour les Français de Sherbrooke. Retour sur le parcours et les missions de ce consul atypique.

Albaro HolgadoAlbaro Holgado
Albaro Holgado, Consul honoraire à Sherbrook - Photo LPJ
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 18 janvier 2025

 

 

« Mon rôle est de créer un pont humain entre la France et ses ressortissants, avec écoute et pragmatisme. »

 

Né en France de parents espagnols, Albaro Holgado a grandi dans un mélange culturel riche, entre la Castille profonde et la modernité française. « Je suis profondément reconnaissant envers la France, qui m'a offert des opportunités inestimables », confie-t-il avec émotion. Après des études et un début de carrière dans l’administration française, il décide de franchir l’Atlantique pour s’installer au Canada.

Arrivé à Sherbrooke en 2013, Albaro suit sa famille dans cette aventure. Tandis que son épouse commence un nouvel emploi à l’Université de Sherbrooke et que leurs deux filles s’adaptent à leur nouvel environnement, il jongle entre ses responsabilités en France et cette transition canadienne. Il les rejoint définitivement en 2014, après avoir achevé ses fonctions au ministère de l’Agriculture. Ce parcours, empreint de résilience et de détermination, témoigne d’un esprit d’ouverture et d’une grande curiosité.

 

 

Une vocation consulaire née du hasard

 

C’est lors d’une visite au consulat de Montréal pour renouveler un passeport que la vocation d’Albaro prend forme. En discutant avec un agent consulaire, il apprend que le poste de consul honoraire à Sherbrooke est vacant. Cette opportunité le séduit : « Je voyais là une chance de renouer avec l’administration française et d’aider mes compatriotes », explique-t-il.

Sa candidature est acceptée après un processus rigoureux, incluant plusieurs entretiens et une enquête de moralité. Nommé en janvier 2023, Albaro entame un rôle qui s’avère à la fois passionnant et exigeant. « Ce n’est pas un poste honorifique : c’est un véritable engagement bénévole qui demande du temps et de la rigueur », précise-t-il.

 

 

Un rôle multifacette et exigeant

 

Représentant de la France auprès des quelque 5 000 Français de Sherbrooke, Albaro est un point de contact essentiel pour des démarches variées. Il gère les légalisations de signatures, répond aux demandes de passeports et oriente ceux qui se retrouvent face à des situations administratives complexes. Il réalise également les copies conformes de diplômes et relevés de notes français, un service très demandé, y compris par des personnes étrangères ayant étudié en France. « J’ai eu à aider une famille dans une situation urgente : le père était dans le coma, la mère avec un handicap lourd, et ils avaient besoin de passeports pour assister à des obsèques. Ce genre de moments me marque profondément », partage-t-il.

À mesure que les démarches administratives évoluent, les besoins des expatriés deviennent plus spécifiques. Cela se reflète également dans les initiatives comme l’ETIAS, qui redéfinissent les conditions de voyage des binationaux. Face à ces évolutions, l’engagement bénévole d’Albaro Holgado prend tout son sens.

 

 

ETIAS : une réforme qui redéfinit les voyages en Europe

 

 

Les implications de ETIAS 

 

Avec l’introduction imminente du système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS), les règles pour les voyageurs en provenance de pays hors Union européenne, comme le Canada, vont changer. Albaro Holgado insiste sur un point crucial pour les binationaux français : « Ils devront impérativement présenter leur passeport français pour entrer en France et leur passeport canadien pour revenir au Canada. Toute autre configuration pourrait entraîner des refus d’entrée ou des complications administratives. »

L’ETIAS, qui entrera en vigueur en 2025, exigera une autorisation électronique préalable pour les voyageurs non européens. Pour les binationaux qui tenteraient de voyager uniquement avec leur passeport canadien, les conséquences pourraient être lourdes. « À terme, le système détectera automatiquement les nationalités multiples et refusera l’accès aux voyageurs qui n’ont pas respecté cette règle, même s’ils ont payé l’autorisation ETIAS », prévient-il.

Conscient des risques liés à ce manque d’information, Albaro prévoit de sensibiliser la communauté française locale. « Il est essentiel que les expatriés comprennent ces nouvelles obligations. Présenter le bon passeport au bon moment n’est pas seulement une formalité, c’est une condition indispensable pour voyager sereinement entre le Canada et l’Europe », conclut-il.


 

Un engagement désintéressé

 

Le bénévolat consulaire est pour Albaro une manière de redonner ce que la France lui a apporté. « Mon rôle n’a rien de lucratif, mais il est profondément gratifiant », souligne-t-il. En consacrant entre cinq et dix heures par semaine à ses missions, il s’investit avec empathie et pragmatisme pour répondre aux besoins de la communauté française.

Ce dévouement est particulièrement apprécié. Nombreux sont ceux qui soulignent la qualité de son écoute et sa capacité à résoudre des situations délicates. « Vous avez redoré l’image de la France pour moi », lui a confié un compatriote. Une reconnaissance qui, selon Albaro, justifie amplement son engagement.

 

Vers l’avenir : quelles améliorations ?

 

Cependant, les limites de son rôle posent parfois des défis. Par exemple, il ne peut pas émettre de passeports ou de cartes d’identité, une tâche centralisée à Montréal. Cette contrainte, source de frustration pour de nombreux expatriés, amène Albaro à réfléchir à des solutions comme le retour des tournées consulaires, qui, depuis la pandémie, ne s’arrêtent plus à Sherbrooke.

Dans cet esprit, il a même proposé de se former à l’utilisation de l’équipement nécessaire pour l’établissement des passeports. Cette initiative lui permettrait de gérer, à raison de deux ou trois sessions par an, des demandes directement depuis l’agence de Sherbrooke, simplifiant ainsi la vie de nombreux compatriotes.

 

Les tournées consulaires : un service en dehors du consulat
Pour répondre aux besoins des Français éloignés de Montréal, des tournées consulaires peuvent être organisées dans certaines régions, sous des conditions strictes. Lors de ces déplacements, une machine mobile dédiée est utilisée pour collecter les empreintes digitales. Cependant, ces opérations sont limitées par des contraintes logistiques et ne peuvent être planifiées qu’en fonction de la disponibilité des appareils et du personnel consulaire.

 

 

Un rôle qui s’adapte aux besoins de demain

 

À travers son parcours et son engagement, Albaro Holgado incarne l’essence du rôle de consul honoraire : proximité, dévouement et créativité face aux défis. Pourtant, à mesure que les besoins des expatriés évoluent, une réflexion s’impose : comment faire évoluer cette fonction pour répondre toujours mieux aux attentes d’une communauté en transformation ? Des personnalités comme Albaro rappellent qu’avec peu, on peut accomplir beaucoup. Mais avec davantage de moyens, quels nouveaux horizons pourraient être atteints ?

 

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