Si les Antillais français partagent la langue du Québec, leur intégration reste semée d’obstacles. Arbre du Voyageur œuvre pour faciliter leur adaptation et faire reconnaître leur identité au sein de la société québécoise. Rencontre avec sa présidente.


Une initiative née d’un constat
L’idée de l’Arbre du voyageur germe dans l’esprit de Sabine Monpierre après son arrivée au Québec en 2008. Très vite, elle prend conscience d’un paradoxe : étant Français, les Antillais ne bénéficient d’aucun programme d’accompagnement spécifique. "Nous ne sommes pas des allophones, mais nous sommes tout de même confrontés à des défis d’intégration", explique-t-elle. Face à ce manque, elle décide de créer un espace de soutien dédié à sa communauté.
Des défis spécifiques à la communauté antillaise
Contrairement aux autres immigrants francophones, les Antillais arrivent avec des références culturelles qui, bien que parfois proches de celles du Québec, ne sont pas tout à fait les mêmes. "On suppose souvent que parce que nous parlons français, notre adaptation sera plus simple. Mais c’est oublier les différences d’habitudes, d’interactions sociales et d’attentes professionnelles", souligne Sabine Monpierre.
L’un des obstacles majeurs est l’accès à l’emploi. Malgré des compétences avérées, de nombreux Antillais peinent à faire reconnaître leurs qualifications et à décrocher un travail correspondant à leur niveau d’expérience. "On nous encourage à reprendre des études ou à accepter des postes en deçà de nos qualifications", explique la présidente de l’association. Par ailleurs, la méconnaissance des spécificités administratives québécoises – que ce soit en matière de logement, de fiscalité ou de santé – complique également l’installation des nouveaux arrivants.
Des Antilles françaises au Québec : une histoire de liens méconnus
Une identité souvent méconnue
Un autre défi majeur pour les Antillais est la reconnaissance de leur identité propre. "Nous sommes souvent assimilés aux Haïtiens, alors que nous sommes Français, avec un passeport français et une citoyenneté de plein droit", souligne Sabine Monpierre. Cette confusion entraîne parfois des malentendus administratifs et professionnels. "Il n'est pas rare que nous ayons à justifier notre statut de citoyens français auprès des institutions québécoises, ce qui est à la fois frustrant et injuste", explique-t-elle.
Cette invisibilisation de l’identité antillaise impacte également la perception de la communauté dans l’espace public. "Nos références culturelles, bien que francophones, sont différentes de celles de la France métropolitaine, tout ceci ajouté au quotidien du Québec… cela demande un effort de reconnaissance et d’adaptation mutuelle", ajoute-t-elle.
Une mission d’accompagnement et de reconnaissance
Depuis sa création, l'association s’est donné pour mission de guider les nouveaux arrivants antillais à travers les méandres administratifs, professionnels et culturels du Québec. L’Arbre du voyageur organise des ateliers sur les démarches d’immigration, l’emploi et la vie quotidienne. "L’objectif est d’éviter aux autres les erreurs que nous avons commises par méconnaissance", précise Sabine Monpierre.
Un combat pour la visibilité des Antillais
L’un des enjeux majeurs pour l'Arbre du voyageur est la reconnaissance des spécificités des Antillais au sein de la société québécoise. "Quand on parle de diversité, notre communauté est souvent oubliée", regrette Sabine Monpierre. Pour tenter de pallier ce manque, l’association met en avant les parcours d’Antillais qui ont réussi au Québec, tout en plaidant pour une meilleure représentation dans les instances publiques et les milieux professionnels.

Des actions concrètes pour une intégration réussie
L’Arbre du voyageur propose un large éventail de services : mentorat professionnel, soutien aux familles, rencontres culturelles et ateliers thématiques. "On crée du lien, on tisse une toile de solidarité qui permet à chacun de trouver sa place", résume Sabine Monpierre. Grâce à ces initiatives, de nombreux nouveaux arrivants ont pu surmonter les obstacles de l’intégration plus sereinement.
Un avenir plein de défis et d’ambitions
L’association ne compte pas s’arrêter là. Elle souhaite renforcer son réseau, élargir son offre de services et multiplier les partenariats institutionnels. "Il y a encore beaucoup à faire, mais nous avançons avec détermination", affirme sa fondatrice. Reste à voir si les autorités et les acteurs de l’intégration prendront pleinement en compte cette dynamique francophone venue des Outre-mer.
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