Face à l’éloignement, l’intelligence artificielle devient une alliée des expatriés pour préserver la mémoire des aînés. Avec un outil simple et accessible, une startup française permet de transformer les souvenirs en un patrimoine digital, renforçant les liens familiaux dans un monde connecté.
La mémoire des grands-parents est essentielle pour maintenir un lien avec les jeunes générations.
Dans un monde où les familles sont souvent dispersées, la transmission des récits familiaux devient un défi. Thierry Moncorger, Julie (sa soeur) et Guillaume Besson ont trouvé une solution : une application qui utilise l’intelligence artificielle pour capturer et organiser les souvenirs de nos aînés. L’objectif est de préserver ces récits avant qu’ils ne se perdent, tout en les rendant accessibles aux générations futures.
Un outil accessible pour tous
L’un des avantages majeurs de cette technologie est son accessibilité. Conçue pour être intuitive, Elefantia guide les utilisateurs dans la narration de leurs souvenirs. « Nous avons développé une interface simple, où même les utilisateurs peu à l'aise avec la technologie peuvent s’exprimer librement », explique Thierry. La digitalisation des récits de vie permet ainsi de contourner les obstacles liés à la distance ou aux capacités physiques des personnes âgées.
Le rôle des expatriés dans la transmission de la mémoire
Cette initiative résonne tout particulièrement auprès des expatriés, éloignés de leurs familles et de leurs racines. Pour eux, préserver les souvenirs des aînés devient d’autant plus crucial que la distance géographique limite les rencontres. « Pour les expatriés, nos grands-parents restent souvent au pays, et transmettre leurs souvenirs est une façon précieuse de maintenir un lien avec nos origines », confie Thierry.
La découverte de ces récits familiaux est bien souvent une redécouverte de la vie d’un aîné, connu parfois seulement dans le rôle de grand-parent. Contrairement aux générations actuelles, dont la vie est documentée sur les réseaux sociaux, les aînés ont traversé des décennies sans laisser de traces numériques. Transmettre leur histoire permet ainsi de pallier l’absence de cette « mémoire d’Internet » et de préserver un héritage familial irremplaçable.
Une technologie au service de l’émotion
Si l’intelligence artificielle est au cœur du projet, elle ne remplace pas pour autant l’émotion humaine. « L’IA ne fait qu’accompagner, elle ne prend pas le contrôle du processus. C’est un outil qui guide l’utilisateur, tout en laissant place à la spontanéité des récits », précise Thierry. L’idée est de respecter les pauses, les hésitations et les moments de réflexion qui font la richesse de l’oralité. Ainsi, les histoires prennent vie de manière authentique, tout en bénéficiant de la précision de la technologie.
La mémoire digitale, un nouvel héritage ?
Loin d'être une simple réponse défensive, Elefantia pourrait devenir un catalyseur, renforçant la francophonie numérique. En collaborant avec d'autres acteurs, la francophonie a l'occasion de transformer un défi en opportunité. En exploitant l’IA pour célébrer la diversité linguistique plutôt que l’uniformisation. En multipliant les efforts similaires, la francophonie pourrait non seulement préserver sa place dans l’écosystème numérique mondial, mais aussi jouer un rôle de premier plan dans la promotion de la pluralité culturelle.
Préserver la mémoire des communautés
Avec une telle approche, la francophonie ne se contente plus de résister à l’anglais dominant, mais propose un modèle innovant qui pourrait, à terme, influencer d’autres communautés linguistiques à travers le monde. Peut-on imaginer un avenir où le numérique devient un terrain de coopération internationale pour la promotion des langues et des cultures, où l’IA devient le vecteur d’une expression culturelle enrichie, célébrant la diversité mondiale ?