Dans le cadre du grand débat national lancé officiellement par le président Macron il y a quelques jours, Frédéric Petit, député Modem de la 7ème circonscription des Français établis à l’étranger (Allemagne, Europe centrale, Balkans), appelle ses concitoyens à participer aux échanges et l’exécutif à prendre en considération leurs revendications. Nous relayons ici et intégralement sa tribune.
« De janvier à mars, nos concitoyens sont invités à participer au Grand débat national initié par le président de la République. Les Français établis à l’étranger (Féé) ne doivent pas en être absents. Leur contribution pourraient même être déterminante.
La sociologie des Français établis à l’étranger (Féé) a beaucoup évolué ces dernières décennies. Une écrasante majorité d’entre nous est établie durablement dans un autre pays, engagée dans des initiatives concrètes locales. Nous sommes très souvent multilingues et multiculturels, amoureux de ce second pays dans lequel nous construisons aujourd’hui nos vies. Nous restons néanmoins cent pour cent Français. Cette évolution s’est ressentie ces dernières années, d’une part avec le changement de profil des députés des onze circonscriptions de l’étranger (depuis 2017, sept sont établis réellement dans leur circonscription, et tous sont liés personnellement à leur électorat), mais surtout avec les revendications et les réformes portées par leurs représentants au parlement (reconnaissance accrue du rôle des conseillers consulaires, réforme des institutions…) Je crois d’ailleurs profondément à la vertu des circonscriptions législatives pour les Féé, ce territoire d’un « 4ème type », après les territoires urbains, ruraux, et ultramarins. Député de la circonscription « Allemagne – Europe centrale et balkanique », je suis implanté depuis plusieurs décennies dans cette région et j’en connais parfaitement les enjeux et leur résonance au niveau européen. De ce fait, je me sens totalement légitime à représenter les Français de cette circonscription tout en étant à l’écoute des opinions différentes de tous mes concitoyens. Je ne me sentirais pas la même légitimité ni les mêmes dispositions si je devais représenter les Français établis en Amérique du Sud ou en Asie.
Les Français d’Allemagne, d’Europe centrale et des Balkans veulent prendre toute leur part dans ce grand débat national. Tout d’abord, ils se sentent extrêmement concernés par la crise actuelle que connaît notre pays. Ce sont des citoyens actifs, très attachés à la France - ils y ont leurs parents, des amis ; ils participent aux élections et portent des convictions, sont membres de partis, d’associations et de groupements nationaux, de toutes sensibilités sociales et politiques – mes réunions publiques sont parfois animées ! La grande majorité de leurs doléances ou de leurs propositions ont trait notamment au fonctionnement de la démocratie, de notre administration, à la défense et la réforme d’un modèle social dont nous sommes fiers.
Ensuite, ils peuvent apporter un « plus » dans le débat hexagonal. Une Française ou un Français établi à l’étranger, c’est quelqu’un qui débat chaque jour, parfois pour les gestes les plus quotidiens, et qui ne s’effraie pas des différences, des positions diamétralement opposées, des contradictions. Un Français établi à l’étranger, c’est quelqu’un qui sait se décentrer, quitter sa propre langue, ses propres émotions, pour aller découvrir celles de l’autre. Or, notre pays a aujourd’hui l’impérieuse nécessité de sortir des grandes simplifications (« les gentils c’est nous, les méchants c’est eux », voire « le méchant, c’est lui », c’est encore plus facile…). Les Français établis à l’étranger savent généralement, parfois instinctivement, souvent avec un peu d’humour, transformer des blocages en chemins de progrès inattendus…
Enfin, la 7ème circonscription des Français établis à l’étranger se situe au cœur de l’Europe, et l’année 2019 y sera décisive. Nous sommes interpellés par nos relations, nos amis, nos collègues de travail, nos clients, parfois un conjoint allemand, tchèque, polonais, hongrois ou roumain. Cela aiguise notre regard sur l’état de la démocratie en Europe. Que l’on soutienne ou non l’action de notre majorité, nous ne pouvons pas occulter l’imbrication profonde de cette crise avec les enjeux de l’élection européenne de mai prochain. Non seulement parce que la planète entière nous scrute en ce moment : vont-ils réussir à nous surprendre ? Mais surtout parce que l’Europe, plus qu’un espace géographique, culturel, économique, est, historiquement, une méthode de médiation. Elle s’est construite par la mise en commun des intérêts vitaux de ses Etats membres : l’acier et le charbon il y a soixante ans, notre environnement aujourd’hui, demain peut-être notre défense, notre santé, des valeurs. Surmonter la profonde crise de confiance que nous vivons en France aujourd’hui, c’est un enjeu ni plus ni moins qu’Européen.»
Le député entame une série de visites dans sa circonscription. Berlin, Francfort, Cologne, Munich, Vienne, Budapest, Bucarest, Varsovie, Tirana et Skopje. Les dates seront très prochainement disponibles sur son site.