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Art et ESG: un écosystème d’entreprise durable

Welfare et Durabilité : Comment l'Art et la culture, soutiennent-ils les pratiques responsables en entreprise ? Des fringe benefits aux flexible benefits, plusieurs exemples en Italie.

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Écrit par Lablaw
Publié le 27 janvier 2025

Aujourd’hui, les entreprises doivent relever le défi d’intégrer performance économique, durabilité environnementale et impact social dans leur modèle.
Dans ce contexte, l’art et par extension la culture, s’imposent comme des vecteurs essentiels de transformation.
En élargissant le cadre des stratégies ESG (Environnement, Social et Gouvernance) vers une dimension ESG-C, où le "C" incarne les arts et la culture, les organisations renforcent leur engagement envers un écosystème d’entreprise durable.

Cette dynamique trouve son ancrage dans les cadres juridiques européens - tels que la Directive 2014/95/UE (relative à la publication d’informations non financières et à l’information sur la diversité), la Directive 2022/2464/UE sur la publication d’informations de durabilité (CSRD), et la Directive 2021/2101/UE (CSDD) - qui visent à renforcer la transparence des entreprises en matière de durabilité et de responsabilité sociale.
Dans ce cadre, ces directives offrent des opportunités uniques pour intégrer les dimensions artistiques et culturelles dans les stratégies d’entreprise, permettant aux organisations de démontrer leur engagement envers un développement durable plus inclusif et responsable.

La loi de finances italienne de 2025 et ses dispositions en matière de welfare

La loi de finances italienne pour 2025 introduit des dispositions majeures en matière de welfare d’entreprise, renforçant le cadre législatif existant, notamment à travers les articles 51 et 100 du TUIR.
Ces mesures incluent une révision importante des seuils d’exonération fiscale pour les fringe benefits, permettant aux entreprises d’offrir jusqu’à 1 000 euros par an pour les employés sans enfants à charge et jusqu’à 2 000 euros pour ceux ayant des enfants à charge.

Ces montants peuvent être utilisés pour des biens ou services spécifiques, tels que des bons d’achat, le remboursement des frais de transport ou des factures d’eau, de gaz et d’électricité, sans que cela ne génère de coûts supplémentaires pour l’entreprise, ni de contributions sociales. En outre, l’article 100 du TUIR permet la déductibilité fiscale des primes de résultat si celles-ci sont converties en welfare d’entreprise, offrant ainsi une incitation à utiliser ces montants pour des bénéfices sociaux au lieu d’une rémunération directe.
Cela permet aux entreprises de réaliser des économies significatives, en bénéficiant d’une exonération fiscale sur les montants alloués sous forme de welfare.

Bien que les initiatives culturelles et artistiques ne soient pas explicitement incluses dans les mesures actuelles de welfare d’entreprise, le cadre juridique en place, notamment les normes européennes et italiennes mentionnés ci-dessus, pourrait offrir une base pour leur intégration future dans les rapports ESG des entreprises.
L’ajout explicite d’initiatives artistiques, culturelles et durables dans le cadre du welfare d’entreprise constituerait une évolution naturelle et renforcerait les tendances actuelles en matière de bien-être au travail et de responsabilité sociale des entreprises.

Les avantages sociaux flexibles comme outil de bien-être et de promotion de l’art dans le cadre du droit du travail

Un exemple éloquent de welfare d'entreprise est représenté par les flexible benefits, qui constituent un outil stratégique destiné à améliorer le bien-être des salariés tout en répondant aux exigences contemporaines de gestion des ressources humaines.

Ces avantages, encadrés par les principes du droit du travail, permettent aux employés de sélectionner parmi une gamme de services personnalisés en fonction de leurs besoins individuels, et visent à promouvoir l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, notamment à travers des prestations touchant divers secteurs comme la santé, la mobilité, ainsi que les activités culturelles et artistiques.
En vertu de leur structure juridique, ces avantages ne sont pas intégrés dans le revenu brut du salarié, ce qui les rend exonérés de charges fiscales et sociales, à condition qu'ils respectent les critères établis par la législation. En d’autres termes, contrairement aux fringe benefits (par exemple, véhicules de fonction ou logements de fonction), qui sont considérés comme des revenus imposables, les flexible benefits sont des prestations distinctes de la rémunération directe.

Ces prestations, qui incluent l'accès à des activités artistiques et culturelles, permettent aux employés de bénéficier d’options adaptées à leurs aspirations personnelles tout en respectant la législation.
Par exemple, des abonnements à des salles de concert, des billets pour des spectacles de théâtre, ou des formations artistiques peuvent être intégrés aux plans des avantages flexibles.
En plus, ces prestations offrent aux salariés une autonomie accrue dans leurs choix, tout en favorisant un engagement accru envers l'entreprise grâce à des opportunités de développement personnel, notamment dans le domaine artistique, qui contribuent à la fois à leur épanouissement individuel et à une atmosphère de travail harmonieuse.
Dans ce cadre, l’art et la culture jouent un rôle essentiel, offrant des opportunités uniques aux salariés de cultiver leur bien-être personnel. Les entreprises peuvent, par exemple, proposer des abonnements à des musées, des billets pour des expositions ou des spectacles, ou encore des cours de photographie, de peinture ou de sculpture.
Ces activités, en encourageant l'expression créative et la curiosité culturelle, contribuent directement à l’épanouissement individuel des employés, tout en renforçant leur satisfaction au travail et leur productivité.

La Corporate Collection: un outil de traduction des valeurs et de la vision d’entreprise

Les collections d’art d’entreprise, ou "Corporate Collections", jouent un rôle bien plus vaste que celui de la simple esthétique. Elles renforcent l’identité et la mission d’une organisation, en traduisant - à travers l’art -ses valeurs fondamentales et sa vision. Elles reflètent ainsi l'engagement envers des principes tels que l’innovation, la créativité et la durabilité, tout en créant un dialogue culturel enrichissant. Donc, en alignant l’art avec les objectifs stratégiques de l’entreprise, ces collections renforcent également son impact sociétal et organisationnel.

Par exemple, en prévoyant des ateliers (animés par des artistes notamment), cela offre aux employés l’opportunité de s’exprimer et de trouver leur voix au sein de l’entreprise, favorisant une meilleure compréhension des rôles et des dynamiques de leadership. Ces activités contribuent à instaurer une vision plus consciente de la justice organisationnelle et réinterprètent les relations de pouvoir à travers le prisme de l’inclusion et de la diversité, en renforçant la cohésion des équipes et sensibilisant les collaborateurs aux enjeux culturels et sociétaux.

L'impact de ces démarches sur les performances économiques et sociales est notable: elles augmentent la motivation des collaborateurs, attirent de nouveaux talents et développent une image de marque en phase avec les attentes sociétales contemporaines.
Des exemples comme la « Fondation Louis Vuitton » et la « Fondazione Prada » illustrent comment des marques à vocation commerciale peuvent intégrer l’art dans leur stratégie pour aller au-delà de leur activité principale. La Fondation Louis Vuitton, initiée par le groupe LVMH, se distingue par l'organisation d'expositions d'art contemporain et moderne d'envergure internationale, tout en soutenant des artistes émergents et en favorisant les échanges culturels. De son côté, la Fondazione Prada, émanation de la maison de mode Prada, se concentre sur la production et la promotion de projets culturels innovants, mêlant arts visuels, cinéma, philosophie et architecture, et offrant des espaces de réflexion sur des thèmes sociaux complexes.
Ces initiatives montrent comment l’art peut enrichir le dialogue culturel tout en renforçant l’image des marques et en contribuant à une meilleure compréhension des enjeux sociétaux.

Conclusions
En s’alignant sur les objectifs européens en matière de durabilité et de responsabilité sociale, cette perspective pourrait transformer le welfare d’entreprise en un outil non seulement de bien-être économique, mais aussi de développement humain, culturel et social.
Les initiatives qui intègrent l’art dans cette démarche, tout en répondant aux exigences de durabilité et de responsabilité sociale, peuvent être qualifiées de « Green Chip » – un concept inspiré des « Blue Chip Artists » -  dont les œuvres sont perçues comme des investissements prestigieux et stables, générant une valeur durable.
De la même manière, ces pratiques sont envisagées comme des investissements sûrs, contribuant à la fois au bien-être des salariés, à la durabilité et à la solidité économique et sociale de l’entreprise.

 

 

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