Suite à la mort du souverain pontife et en attendant le conclave qui désignera son successeur, qui sont les cardinaux favoris pour accéder à la position de nouveau Pape ?


Suite à l’annonce de la mort du Pape François, survenue ce lundi 21 avril 2025, un conclave sera organisé dans les prochaines semaines, afin d’élire le nouveau souverain pontife, conformément à la rigoureuse tradition millénaire. Pour l’occasion, la chapelle Sixtine verra les 135 cardinaux éligibles se rassembler pour une élection à huis-clos. Parmi les “papabili”, c’est-à-dire les cardinaux de moins de quatre-vingt ans autorisés à prendre part au vote du conclave et à prétendre à la position de nouveau Pape, certains retiennent l’attention, bien que l’issue des conclaves demeure toujours très incertaine.
Répartition des 135 cardinaux du conclave par région du monde :
→ 59 cardinaux d’Europe
→ 16 cardinaux d’Amérique du Nord
→ 17 cardinaux d’Amérique du Sud
→ 4 cardinaux d’Amérique Centrale
→ 20 cardinaux d’Asie
→ 16 cardinaux d’Afrique
→ 3 cardinaux d’Océanie
Les spéculations sur l’origine du futur pontife vont bon train. L’élection de Bergoglio avait marqué les esprits, ce dernier étant devenu le premier Pape originaire du continent américain, tranchant avec la représentation majoritaire de l’Italie dans l’Eglise catholique. Sur les 266 Papes élus au cours de l’histoire, une écrasante majorité élevée à 217 était originaire de la Botte, tandis que les continents africain et asiatique ne comptent, à ce jour, aucun pontife originaire de l’un de leurs pays.
Autre source d'incertitudes : le contexte politique actuel rend les spéculations difficiles. Tandis que le Pape François avait imposé un certain progressisme à l’Eglise catholique, d’aucuns présagent le retour d’un conservatisme plus affirmé. D’autres penchent pour l’hypothèse d’un futur pontife ayant une sensibilité similaire à Bergoglio, ce dernier ayant nommé lui-même 80% des cardinaux qui se rendront au conclave.
Parmi les 135 “papabili”, les cardinaux suivants sont particulièrement pressentis pour accéder à la position :
Pietro Parolin
Italien de 70 ans, le cardinal Pietro Parolin est le secrétaire d’Etat du Vatican depuis 2013. Grand connaisseur de la diplomatie et diplômé en droit canonique, il se distingue par son travail en faveur des relations vaticanes avec la Chine, le Moyen-Orient et l’Amérique Latine. Décrit comme un homme calme, capable de créer du consensus, il n’affiche pas de positionnement strict entre progressisme et conservatisme, ce qui pourra jouer en sa faveur.
Matteo Maria Zuppi
Président de la Conférence épiscopale italienne et archevêque de Bologne, l’Italien de 69 ans Matteo Maria Zuppi est connu pour son progressisme. Il s’inscrit dans le prolongement de Bergoglio de par ses engagements en faveur des migrants et des plus défavorisés ; c’est d’ailleurs lui que le défunt pontife avait envoyé en mission pour la paix lors de la guerre en Ukraine. Très proche de sa communauté, il s’est également engagé en faveur de l’homosexualité.
Pierbattista Pizzaballa
Troisième Italien pressenti comme successeur, l’élection de Pierbattista Pizzaballa pourrait être écartée en raison de son jeune âge. A 60 ans, il s’impose comme fin connaisseur des relations internationales de par sa position de patriarche latin de Jérusalem. S’il a récemment pris position en faveur du peuple palestinien de Gaza, il n’en entretient pas moins de bonnes relations avec les autorités israéliennes, faisant de lui une figure majeure à la croisée des trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme et islam).
Jean-Marc Aveline
Archevêque du diocèse de Marseille, Jean-Marc Aveline avait été fait cardinal par le Pape François en août 2022, avant de convaincre ce dernier de venir en visite dans la cité phocéenne. Considéré comme une personne ouverte et riche de la confiance de Bergoglio, ce Français de 66 ans, né en Algérie, affiche un engagement en faveur du dialogue interreligieux et de la protection des migrants.
Péter Erdő
Parmi les favoris de l’aile conservatrice pro-européenne, le Hongrois de 72 ans Péter Erdő s’impose par ses positionnements contre l’avortement, le mariage homosexuel ou le célibat facultatif des prêtres. Ancien président du conseil des conférences épiscopales d’Europe, il défend une Europe chrétienne tout en affichant son soutien au gouvernement de Viktor Orban.
Luis Antonio Gokim Tagle
Philippin de 67 ans et né d’une mère chinoise, Luis Antonio Gokim Tagle incarne l’espoir de l'Église catholique de voir fructifier ses relations avec l’Asie. Parlant couramment l’italien et l’anglais, il affiche une proximité avec sa communauté sur les réseaux sociaux. Si d’aucuns le jugent progressiste en raison de ses critiques de l’Eglise en particulier pour les manquements de celle-ci dans les affaires de pédocriminalité, il est néanmoins opposé à l’euthanasie et au mariage pour tous.
Fridolin Ambongo Besungu
Archevêque de Kinshasa, à 65 ans, Fridolin Ambongo Besungu se démarque comme seul Africain à siéger au Conseil des cardinaux. Né en République Démocratique du Congo, il avait notamment déclaré que “l’Afrique est l’avenir de l’Eglise catholique”. Il s’illustre, par ailleurs, par des positions conservatrices, notamment sur la question homosexuelle.
Anders Arborelius
Premier cardinal suédois, l’évêque de Stockholm de 75 ans s’inscrit dans le prolongement du Pape François par ses prises de position en faveur de l’accueil des migrants en Europe. Converti au catholicisme dans un pays majoritairement protestant, Anders Arborelius s’oppose, en revanche, à la bénédiction des couples de même sexes et à l’ouverture de certaines positions ecclésiastiques aux femmes.
Charles Maung Bo
Archevêque de Yangon au Myanmar, Charles Maung Bo a été nommé cardinal par le Pape François, avec lequel il partage des positions progressistes en faveur des droits de l’homme. A 76 ans, il s’est notamment illustré en dénonçant les trafics humains et persécutions de la minorité ethnique des Rohingyas, dont il est lui-même issu.
Timothy Dolan
Archevêque de New York, l’Américain de 75 ans, Timothy Dolan était déjà pressenti lors du conclave précédent comme potentiel futur souverain pontife. S’il affiche des positions résolument conservatrices, notamment dans son opposition à l’avortement, il se présente aussi comme une figure médiatique et joviale, capable d’autodérision. Parmi ses autres engagements, notons son rôle dans la lutte contre la pédocriminalité dans le diocèse de Milwaukee de 2002 à 2009 et sa récente opposition aux politiques anti-immigration de Donald Trump.
Robert Sarah
Ancien archevêque de Conakry, le guinéen de 79 ans s'affiche parmi les figures favorites des conservateurs. Affichant un ultra-conservatisme revendiqué, ses prises de position contre le Pape François font légion. Retraité depuis 2021, il sera néanmoins éligible à la papauté au moment du conclave, celui-ci devant se dérouler juste avant que Robert Sarah n’atteigne les 80 ans.
Jean-Claude Hollerich
Jésuite comme le défunt pontife dont il a été le proche conseiller, Jean-Claude Hollerich s’impose comme potentiel successeur, à même d’approfondir les réformes de l’Eglise dans une veine progressiste. Archevêque luxembourgeois de 66 ans, il se démarque comme une figure à la croisée des cultures et des religions, ayant notamment vécu plusieurs années au Japon.
Peter Turkson
A 77 ans, le cardinal Peter Turkson s’impose comme favori pour être le premier Pape noir de l’histoire. Originaire du Ghana, il doit sa célébrité à ses engagements progressistes. Par ailleurs, il se démarque par sa maîtrise de la justice et des questions liées au développement, qui avaient déjà contribué à faire de lui l’un des favoris du conclave précédent.
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